Chapitre 14
Le martèlement des hélices de l’hélicoptère provoquait un bourdonnement constant dans les oreilles de Fukume, tandis que la forte odeur d’essence emplissait ses poumons. Elle était assise sur un siège en cuir inconfortable, mais ça n’avais pas d’importance. Son attention était happée par le paysage qu’elle apercevait par la fenêtre aux vitres teintés. C’était une immense forêt qui semblait s’étendre à perte de vue.
La jeune fille pouvais facilement deviner qu’il s’agissait de l’Amazonie. Avec ces feuillages verts, ces oiseaux colorés qui volaient de part et d’autre de l’appareil.
C’était la première fois qu’elle voyait l’extérieur. Elle était dans cet hélicoptère depuis à présent plusieurs dizaines d’heures, mais elle n’avait été autorisé à enlever l’écran noir qui couvrait la fenêtre que depuis quelques minutes. Il était trop dangereux qu’une âme noire connaisse l’emplacement de la maison.
La vue colorée qui s’offrait à elle n’avait rien à voir avec les murs gris entre lesquels elle avait grandis. Tout était verdoyant, et même si le parfum de nature qui se dégageait de l’épaisse végétation n’arrivait pas jusqu’à ses narines, elle ne pouvait s’empêcher de l’imaginer.
Plus que quelques minutes et elle serait une âme noire. Comme tout le monde au même poste, sa mission serait simple. La journée, vivre dans un endroit reculé – l’Amazonie dans son cas - et trouver elle même sa nourriture et tout ce qui était essentiel à sa survie. La nuit, se rendre en ville et tuer tout ceux qui croisent son passage jusqu’au lever du soleil. Pourquoi ? Elle s’en fichait.
Cela faisait un ans qu’on la préparait pour ce poste dans la forêt tropicale. On lui avais transmis toutes les connaissances nécessaires à sa survie, telles que la chasse, la faune et le flore locale et autres informations logistiques. Du haut de ses douze ans, elle était prête à devenir une âme noire. Puis elle serait nommée traqueuse. Elle ne savait pas ce qu’il y avait au dessus de traqueuse mais elle le deviendrait pour sûr.
Dans sa main, elle serrait un vieil MP3 aux boutons abîmés par le temps. Elle avait oublié les écouteurs, mais de toute façon elle ne comptait pas écouter quoi que se soit. La musique était le genre de chose qui la poussait à baisser sa garde.
Chaque mélodie lui faisait l’effet d’une émotion différente, et ça n’était pas bon. Les émotions sont une faiblesse. Si on laisse notre adversaire ou qui que se soit comprendre ce que l’on ressent, on lui ouvre une porte pour nous détruire.
Elle avait ouvertes trop de portes à Akim, et même si se montrer faible lui avait fait du bien, c’était une erreur. Ca c’était peut être bien finit pour elle, mais les évènements auraient pu tourner autrement.
Elle inspira longuement l’odeur désagréable du carburant et effleura sa marque du bout des doigts. La peau était rugueuse et irrégulière là où le métal chauffé à blanc l’avait brûlée. Elle avait trois ans à l’époque, et aucune douleur ne l’avait traversée. Cela n’avais rien de surprenant, la douleur était une faiblesse humaine qui lui avait été enlevée.
Le conducteur de l’hélicoptère, un homme à la barbe mal rasée dans la force de l’âge, se tourna vers elle.
- Prépare toi à descendre, fit il avec un sourire.
Elle se leva et se positionna à l’arrière de l’appareil. Devant elle se trouvait une trappe qui donnait sur l’extérieur. Juste à côté, enroulée sur son support se trouvait une longue échelle en corde de plusieurs mètres qui lui permettrait de descendre sans que le conducteur n'ait à poser l’hélicoptère.
- C’est bon, ouvre la trappe ! Lança celui-ci par dessus le vacarme des hélices.
La jeune fille acquiesça d’un mouvement de tête. Sans un mot, elle ferma les yeux et tira sur la poignée, inspirant pour la première fois l’air extérieur.
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