La voleuse de couleurs
Elle déambulait dans les rues, emplie de ce charisme qui attachait sur elle les regards. Des regards émerveillés curieux ou suspicieux devant cette personne inconnue, cette parcelle d'infinité, ce bout d'éternité.
Le monde même la regardait, s'arrêtant un instant de tourner pour la voir marcher dans cette rue rouge rubis.
Elle posa sa main précisément sur les murs, et aggripa le pan orangé qu'elle effleura de sa main. Celui-ci se déchira, et la voleuse de couleurs remit prestement son butin, si précieux, dans sa cape.
Puis ses mains grises et fragiles, deux pierres qui s'effritent, trouvèrent le chemin du sol. Le liquide fut récolté puis caché dans les plis de son immense manteau.
Sur son passage, les couleurs s'effritaient et disparaissaient. D'abord l'orange des murs, le rouge du sol, le noir, le marron, le violet, puis bientôt toutes les couleurs du spectre suivirent le nouveau fantôme qui les ramassait.
La voleuse de couleurs les cueillait tendrement, peut-être même avec amour.
Elle resserra les coins de son manteau élimé, et continua sa route à travers le monde.
Annotations