INTERLUDE - La vie d'un démon
Les caresses qu’elle rendit à Alouqua, le besoin de reconnaissance et de chaleur dont elle fit preuve ne trompèrent pas la maîtresse des succubes.
Alouqua laissa sa main glisser dans les boucles rougeoyantes de sa servante.
« Cela n’a pas marché, n’est-ce-pas petite Lilli ?
- Un ange de combat ! Je ne suis pas un démon de feu. »
Un fin rire, les doigts se crispèrent dans les boucles et tirèrent dessus, à la limite de la douleur.
« Je te l’ai dit, orgueilleuse petite Lilli. Un ange est un ange ! Ils ne vivent que pour nous détruire.
- Je pourrais apprendre…, proposa la démone.
- Apprendre quoi ?
- Le combat.
- Nabérus me doit des faveurs, ronronna Alouqua. Mais tu vas devoir le rencontrer ma chérie. Te montrer soumise et obéissante.
- Ne le suis-je pas Maîtresse ? »
Un sourire, un rire, une caresse…
Et Alouqua accepta d’épauler sa protégée.
Devant une table de bois d’ébène, couverte de documents et de dossiers, se tenait Nabérus, le maréchal de camp et inspecteur général des armées infernales. Au pied de son maître reposait sa monture, Caassimolar, un chien doté d’ailes de griffons et possédant le don de clairvoyance. Nabérus commandait trente-six légions de l’Enfer. Des gardes observaient silencieusement le maréchal de camp et ses visiteuses.
Les succubes étaient des démons inférieurs dans le jeu de l’Enfer. Mais chacun connaissait Alouqua, la maîtresse des succubes, et personne ne voulait provoquer son ire.
Les succubes n’étaient pas importantes dans la hiérarchie démoniaque mais leur influence était réelle dans les alliances.
« Que me veux-tu Alouqua ?, émit la voix doucereuse du maréchal de camp.
- Un peu de ton temps, Ô puissant Nabérus. »
Un rire, charmeur.
Nabérus regarda la succube et admira ses courbes, ses hanches, ses yeux brillants. Il avait déjà goûté aux fruits d’Alouqua. C’était plaisant.
Il était prêt à réitérer.
« Va droit au but Alouqua. Je dois rendre compte à Abalam des légions du Sud. Notre prince veut provoquer un nouveau conflit en Syrie.
- Une petite faveur ô puissant maréchal. »
Un nouveau rire.
Nabérus abandonna ses dossiers pour s’approcher d’Alouqua. Il posa enfin ses yeux sur Ardat-Lilli.
Il ne connaissait pas Ardat-Lilli, une succube parmi les succubes. Une démone si inférieure à lui, à peine digne de lécher ses griffes. Mais jolie. Il se devait de l’admettre.
« Quelle faveur ?, » reprit Nabérus.
Ardat-Lilli frissonna sous le regard pesant du maréchal d’armée. Évaluateur, dominateur, conquérant. La succube leva le menton avec défi.
Cela fit sourire le démon supérieur.
« Ma préférée parmi mes filles, présenta Alouqua. Ma meilleure chasseresse d’âmes.
- Une succube, cracha dédaigneusement Nabérus. Qu’ai-je à faire de ceci ?
- Une guerrière, » expliqua Alouqua.
Cette fois, le démon était abasourdi et son rire n’avait plus rien de charmeur.
« Une guerrière ? Apprends-lui à baiser les hommes et à ramener des âmes. Je n’ai que faire de tes filles.
- Nabérus, claqua la voix doucereuse d’Alouqua. Tu enseignes les arts et commandes les armées. Fais de ma fille une guerrière et je t’en serais reconnaissante. »
Nabérus s’était détourné des succubes pour revenir à ses dossiers.
Il haussa les épaules :
« La reconnaissance d’une succube ! La belle affaire !
- Mahlat a des vues sur Abalam… Il va y avoir du changement dans les airs infernaux, » annonça sentencieusement la maîtresse succube.
Nabérus se raidit et son chien-griffon cracha une flamme d’où sortit une parole métallique :
« Si Abalam n’est pas satisfait de toi Nabérus, Morax sera trop contente de prendre ta place.
- Cette chienne !, grogna Nabérus en claquant du poing sur la table.
- Veux-tu l’avenir Nabérus ?, reprit Cassimolar, le chien infernal prédisant l’avenir en fonction des erreurs du passé. C’est à toi de l’écrire.
- LA PAIX !, » hurla le démon supérieur.
Puis Nabérus se tourna vers les deux succubes, restées muettes devant cet échange.
« Que vas-tu faire pour me plaire Alouqua si j’enseigne à ton animal de compagnie à se battre ?
- Chanter tes louanges auprès de Malhat, ô merveilleux maréchal des armées. Tu es indispensable dans la guerre qui se prépare. Malhat le saura.
- Bon, bon. Tu m’as convaincu. Viens petite… Comment s’appelle-t-elle ? »
La question s’adressait à Alouqua mais Ardat-Lilli s’inclina en répondant doucement :
« Ardat-Lilli, démone de Babylone.
- Comme beaucoup d’entre nous. Viens vers moi fille de Babylone et montre-moi si les leçons d’Alouqua ont porté ses fruits. »
Alouqua s’assit sur un des sièges bien confortablement et observa sa servante.
Oui, elle l’avait bien enseignée.
Il n’y avait qu’à la voir se déhancher, glisser lentement vers le maréchal puis s’agenouiller devant lui. Elle ouvrit la tunique du démon et en sortit un sexe turgescent, assez impressionnant.
Aucun humain n’était doté d’organe sexuel aussi imposant. Le démon souriait, moqueur, en posant ses mains griffues sur la tête de la succube. Il attendait un mouvement de recul mais Lilli se pencha et hardiment elle le prit en bouche.
Il ne fallut pas longtemps pour l’entendre soupirer de plaisir tandis que la petite succube se chargeait de lui avec soin.
Les gémissements de plaisir du démon firent écho avec ceux de la maîtresse des succubes.
Oui, Ardat-Lilli méritait qu’on se charge de son enseignement.
Et ce fut ce qui arriva.
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