Leçon numéro 3 - L'ORGUEIL

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Alouqua, maîtresse des succubes, vit revenir vers elle une Ardat-Lilli, plus puissante qu’au temps de Babylone.

« Nergal a été un bon maître ?, jeta la voix acide d’Alouqua.

- Il m’a enseigné la guerre. »

Alouqua haïssait le Maître-espion et Nergal le lui rendait bien.

« Espérons qu’il s’est montré à la hauteur !

- Essaye-moi ! »

Alouqua décida d’essayer sa succube. Elle l’envoya sur le terrain, aussitôt. Et la testa.

Un peu cruelle, elle ne la plaça pas face à Elendriel, mais lui fit rencontrer un autre ange destiné à sauver les hommes.

Nidael, l’ange au flocon de neige. Elle était froide comme la glace mais pure comme le diamant. Elle sauvait les âmes perdues avec habileté et grâce. Et sûreté.

Sa rencontre avec Ardat-Lilli fut mémorable.

Car Nidael dut se battre contre une simple succube et, contre toute attente, elle perdit le combat.

Une simple succube !

Le nom d’Ardat-Lilli commença à résonner dans les confins du Ciel.

Il arriva aux oreilles d’Elendriel. Mais il fallut le rapport de Nidael pour faire le rapprochement avec sa propre succube.

Une succube ayant vaincu un ange de feu.

Elendriel dut se mordre la langue pour ne pas faire de commentaires sarcastiques.

Nidael, l’ange au flocon de neige. Un ange pur mais un ange aussi fragile qu’un cristal de glace.

L’orgueil était un péché et il fallait peu pour y succomber.

La quatrième rencontre fut longuement organisée, prévue de longue date et Ardat-Lilli l’attendait de pied ferme.

Une âme de pêcheur à sauver.

Un homme au bord du précipice.

Pour Elendriel, il fallait l’empêcher de commettre l’irréparable et en même le forcer à faire le bon choix pour le bien de son âme.

Pour Ardat-Lilli, il fallait pousser cette âme faible à succomber à la tentation. Et Lilli était bonne à cela.

Ce ne fut pas Alouqha qui se chargea de la mission, ce fut Nergal qui vint la chercher, au-milieu des palais des succubes.

Le sourire méprisant et le regard amusé, il tendit sa main à Ardat-Lilli et annonça :

“ Elendriel est en mission. Veux-tu la voir ?”

Ardat-Lilli se redressa et, les yeux brûlants de colère, elle sourit à son tour :

“ Oui.”

Une rencontre organisée, prévue, planifiée.

Le maître-espion avait bien œuvré.

Il envoya sa succube dans la demeure d’un évêque et la prévint.

Un voleur, un assassin en puissance !

Il avait déjà entamé son voyage vers la damnation !

Il suffisait de convaincre pour noircir le monde.

Oui mais Elendriel était là !

L’ange de Lumière, de force et de vertu, elle dansait doucement autour de l’homme. Assis sur son lit, il priait pour ne pas succomber à la tentation.

Voler, tuer… Des images de bonheur et de vengeance flottaient dans son esprit.

“ Il y aura des jours, il y aura du bon, il y aura un avenir, il y aura le pardon…”

Elendriel dansait et chantait, le beau chant d’espérance !

Et la voix dure et froide de la démone retentit à son tour :

“ Il y aura du pain, il y aura des femmes, il y aura de la chaleur, il y aura la vengeance…

- QUOI ?”

L’ange se redressa pour voir l’être infernal apparaître et leva les yeux au ciel. Agacé.

“ Tu n’es pas de taille, démone ! Fuis avant de perdre.”

Elendriel proposait cela par bienveillance, cela fit mal à la succube.

L’ange était bouffi d’orgueil !

Méprisante, Ardat-Lilli cracha :

“ Bats-toi l’ange et nous verrons bien qui est le plus fort !”

Elendriel était surprise, elle regarda la démone se placer en position de combat et sortir son épée d’ombre.

Soit…

Ce fut une bataille mémorable.

Les anges combattent avec grâce et suivant des règles de combat bien établies. Les démons étaient plus libres et vicieux, ils frappaient là où cela faisait mal.

Elendriel n’était plus si immaculée et ses si beaux cheveux dorés volaient dans tous les sens.

Ardat-Lilli avait appris à se battre.

D’un coup de son épée d’ombre, la succube fit voler l’épée de lumière. Stupide; Elendriel regarda son arme étincelante tomber sur le sol.

Elle avait perdu.

L’épée d’ombre se glissa sous son menton et l’ange releva ses yeux pour regarder son vainqueur.

Une succube, souriante, les yeux aux couleurs de forêt espiègles, lui souffla :

“ Et maintenant, bel ange ?”

Elendriel fut prudente.

Elle préféra disparaître dans un nuage de vapeur.

L’homme se damna ce jour-là en dérobant l’argenterie d’un évêque avant de s’enfuir par la fenêtre.

Le seul échec d’Ardat-Lilli fut de ne pas avoir réussi à pousser cette âme déjà sombre à prendre la vie de l’évêque.

Dommage...ce serait pour la prochaine fois.

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