3.1.3 Charline

9 minutes de lecture

Maeve est câline avec Charline et Horace. Elle se montre espiègle avec les deux, Alice, Sarah, Jamie et Rodrigue. Mon petit canard est méfiante avec tous les autres et muette avec moi. Parfois, je suis furieux contre elle. D'autres fois, j'ai envie de la serrer dans mes bras et de la remercier.

Je suis certain d'une seule chose, c'est que Maeve me manque, je ne supporte plus d'être invisible à ses yeux. Un matin de fin octobre, peu de temps avant les vacances, je décide de faire de nouveau le premier pas. Nous sommes dans la bibliothèque. Je vais à sa table et lui prends la main pour qu'elle me regarde.

- Salut, dis d'un ton mal assuré.

- Salut, me réponds d'un ton neutre aux yeux violets curieux.

- Je.... Voulais te dire merci pour m'avoir protégé contre Carrow et pour m'avoir botté les fesses en m'envoyant la vision de l'amour de ma mère, débitais je à toute vitesse.

Je n'arrive pas à en dire plus et pars dans la direction opposé. J'ai envie de me frapper pour ma stupidité. J'avais pourtant préparé mon discours plusieurs fois dans ma tête avant d'aller la voir et j'ai perdu mes mots en croisant son regard qui pourtant n'était pas furieux ce matin. C'est incroyable ce don qu'elle a de me faire perdre la parole sans rien faire de spécial. Je suis si énervé contre moi que je cours presque.

- MAJESTE !

Maeve m'a couru après et m'appelle. Je m'arrête, mais ne parviens pas à me retourner. Elle se blottit contre mon dos et m'enlace par-derrière, les mains autour de ma taille. Je la sens reprendre son souffle et poser son front contre mon dos en me serrant doucement.

- De rien, votre majesté, murmure-t-elle.

- Tu sais ce que c'est ? Notre lien qui fait que tu parviens à me parler. À m'envoyer des visions. À savoir quand je suis en danger, je lui demande hésitant.

- Oui. Je crois. C'est un lien magique. Enfin selon ma conception de la magie. Je sais ce que c'est. Du moins de quelle nature de lien, il s'agit. Mais tu n'es pas prêt à l'accepter. Je l'ai avec trois autres personnes aussi. Je te le dirais le dernier jour de la dernière année de cours. Si on est encore vivants, me répond Maeve d'un ton doux et presque chuchotant.

- Petit canard ?

- Oui ?

- Tu me manques.

J'entends Maeve rire doucement. Elle se détache de moi, ce qui me donne froid et me fait une bise sur la joue puis retourne à la bibliothèque en riant.

- Vous aussi Votre Majesté. Mais j'ai des choses à faire toute seule et surtout une réputation à tenir : je me dois de vous faire dégonfler des chevilles.

Maeve lance un sort qui me trempe des pieds à la tête d'eau froide. C'est reparti pour le combat. Maintenant, nous communiquons par sort et mauvaises farces. Une sorte de guerre froide sans méchanceté. À chaque vacance, il y a une trêve. Un pacte de non-agression en raison de la présence de Charline seule.

Nous nous ignorons superbement le reste du temps, je n'arrive toujours pas à lui reparler, ni à la croiser seule. Toutefois, ses petites blagues puériles m'aident à savoir qu'elle ne me déteste pas et la situation m'est plus supportable.

Charline est si douce et enfantine. Elle squatte les genoux ou les bras d'Horace pour son plus grand plaisir. Adorable et folle d'amour pour son nouveau grand frère et pour sa sœur, la petite rouquine donne envie à pas mal de gars de la protéger.

Elle se fait une belle place au sein de l'école, son statut de cracmol est accepté facilement. De nombreux élèves deviennent amis avec elle, au sein de toutes les maisons et de toutes les années présentes. Charline devient une sorte de mascotte de Poudlard, même les fantômes veillent sur elle.

Je vais passer l'année scolaire enfermé à Poudlard. Charline et Maeve sont les seules personnes présentes durant les vacances. Je découvre par hasard qu'elles font des tâches ménagères pour payer leur scolarité. C'est la directrice qui me le dit au détour d'une discussion durant les vacances de Noël.

Personne n'est au courant, les filles le cachent à Horace et aux autres. Je trouve injuste qu'elles doivent récurer les marches, laver les draps et les rideaux, désherber la serre et d'autres tâches difficiles justes parce qu'elles sont orphelines et n'ont pas d'argent pour payer les frais de scolarité. Quand j'aborde le sujet avec Charline, celle-ci me supplie de ne pas en parler. Révolté, je lui promets tout de même.

Maeve accomplit le plus gros du boulot grâce à des sorts. Sa capacité magique est impressionnante. Je me retrouve souvent seul avec Charline tandis que Maeve effectue les corvées du jour. J'ai proposé de les aider. Maeve m'a rembarré gentiment en me disant que mes blanches mains de Majesté ne sauraient pas accomplir de si basses besognes.

Je profite donc des congés pour connaître Charline et passer des moments privilégiés avec elle. Nous nous entendons super bien, presque aussi bien qu'avec Horace. Nous parlons de tout, de sujets futiles comme les sucreries comme de sujets plus grave. Son admiration pour le monde des sorciers me réchauffe le cœur. Malgré les horreurs qu'elle entends, elle continue de croire en la beauté de la magie et veux m'aider pour le protéger malgré son absence de pouvoir.

Quand je lui montre un sort, Charline tape dans les mains, comme l'enfant qu'elle est, émerveillée et enthousiaste. Pour la faire rire, nous reproduisons les spectacles moldus, moi dans le rôle du pseudo-magicien, elle de la jolie assistante. Le coup du lapin dans le chapeau lui arrache toujours un sourire de gamine.

En discutant avec la gentille rouquine, j'entends tout l'amour qu'il y a entre les deux filles. Combien elles sont liées et dépendantes l'une de l'autre, un peu comme Jamie et Sarah en fait. Charline me parle avec tant d'admiration des manifestations de magie de sa sœur. Elle est impressionnée et persuadée que Maeve n'a aucune limite si ce ne sont celles de son cœur.

Maeve a toujours protégé Charline. Lorsqu'elle se met en colère, c'est quasi toujours pour protéger quelqu'un. En fait, il n'y a qu'avec moi et mon cousin que Maeve s'énerve sans volonté de protéger. Depuis que Charline est sous forme vivante, Maeve contrôle de mieux en mieux ses accès de colère et sa magie. Charline me dit que malgré nos disputes, Maeve tient à moi. C'est pour ça qu'elle me protège. C'est pour ça qu'elle me secoue quand je déprime.

Charline me confie que Maeve et moi, nous nous ressemblons beaucoup. Fiers, puissants, protecteurs, et avec un caractère de merde. Elle me taquine sur mes défauts qu'elle retrouve chez sa sœur, tout comme mes qualités.

Je ne sais pas comment le prendre quand Horace confirme ses propos, avouant que Maeve et moi fonctionnons de la même manière. Charline, elle, ressemble à Horace au niveau caractère. Patiente, bienveillante et calme, sa compagnie est des plus agréable. Charline est cependant plus naïve et enfantine que mon meilleur pote.

Ma petite rouquine m'a raconté l'agression et la peur qu'elle a depuis. Cette peur de la mort qui la terrorise. Elle en fait des cauchemars la nuit, tout comme Maeve. Charline revoit sans cesse le visage de cet homme qui la frappe, le visage de mon oncle, à qui Benoît ressemble si fortement. Elle revoit aussi le visage de la femme. Un visage de folle furieuse, démoniaque, avec un rire effrayant.

Les cauchemars de Charline se calment depuis qu'elle est à Poudlard et surtout depuis qu'Horace l'a adopté. Mon pote rassure la petite rouquine. Charline m'avoue que ceux de Maeve semblent empirer, sa sœur ne lui raconte plus ses nuits. Ce que j'ai vu n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des terreurs nocturnes de Maeve.

Ne pouvant pas parler avec Maeve, j'interroge Charline pour essayer de trouver mes réponses. Charline n'a pas pu assister au procès. Maeve rentrait tous les soirs en pleurant et en se traitant de monstre indigne de vivre. Maeve s'en veut énormément d'avoir pris une vie humaine.

La vie d'un époux et d'un père, encore plus depuis qu'elle sait qu'il est mon oncle. Maeve est torturée, elle se pense mauvaise et Charline pense que c'est cela qui l'empêche de venir vers moi et les autres.

Ce lien télépathique bizarre me rend perplexe. Mes recherches ne me fournissent aucune information sur sa nature. J'interroge donc Charline sur ce lien lorsque Maeve n'est pas présente. La rouquine ricane avec douceur.

- Je sais avec qui elle a ce lien. Je sais de quelle nature est ce lien. C'est bien magique selon la magie de Maeve et la mienne. Mais tu n'en sauras pas plus, Maeve m'a interdit de t'en dire plus. C'est à toi de le découvrir quand tu seras prêt, c'est important.

Bien qu'elle ne me réponde pas, je n'arrive pas à en vouloir à Charline. Je l'aime beaucoup. C'est une enfant si douce. Je décide de la taquiner sur son coté pot de colle envers Horace. Je fais mine d'être jaloux de ses préférences. On ne sait jamais, peut être qu'Horace se trompe et qu'il y a une fille qui ne le voit pas comme un frère ou un ami.

- Ton pote a un cœur en or. Il est d'une douceur et d'une tendresse incroyable. Je n'aurais jamais pu rêver de meilleur grand frère que lui. C'est un amour dont le calme me rassure. Toi, tu es trop agité, tu t'agites sans cesse. Charline éclate de rire en se moquant de moi.

Je ne peux que confirmer ses paroles. Mon meilleur pote est génial. Nous discutons de lui pendant plusieurs heures. Il va être désespéré quand il saura qu'il est dans la friend-zone de toutes les filles de l'école. En revanche, Jamie et moi commençons à avoir notre petit succès. Ce constat me fait bien marrer, je me contrefiche de mon succès féminin.

Papoter ainsi avec Charline m'aide à mieux comprendre Maeve. Cela n'empêche pas les disputes avec mon petit canard, mais je la respecte davantage. Je saisis mieux les tourments qui la rongent et les raisons qui la rendent si solitaire.

Nos disputes aident Maeve à se sentir plus normale, une autre personne ayant le même sale caractère, exploser un bon coup face à moi fait redescendre la pression. Après nos disputes, Maeve est plus douce pendant quelques jours. Parfois, elle me demande pardon à sa manière, je trouve des bonbons sur mon oreiller.

Charline devient ma meilleure amie, comme Horace est mon meilleur ami. Je la protège comme un grand frère, d'une manière différente de mon pote Horace. Je botte les fesses des indésirables. Charline m'adore, cependant, pour les câlins et les bisous, elle continue à avoir une préférence pour Horace.

Ayant fini ses corvées du jour, Maeve nous rejoint sans un mot. Elle prend Charline dans ses bras et embrasse ses cheveux. Maeve parle peu et approuve en souriant toutes les paroles de sa sœur qui lui répète notre discussion du jour. Maeve continue de sourire même quand Charline la traite de sale bourrique acariâtre et asociale.

Nous finissons par être fatigués. Nous nous dirigeons vers notre dortoir. Les filles dorment à deux dans le lit d'Horace comme à chaque fois que nous sommes trois durant les vacances. Parfois, quand un cauchemar est trop violent, et même si on ne se parle plus, Maeve vient dormir avec moi dans la nuit. Je prends soin d'elles comme si elles étaient vraiment les petites sœurs de mon meilleur pote. Je lui en ai fait la promesse.

Au matin de Noël, alors que Charline dort encore, Maeve vient me voir, allumant son téléphone et s'apprêtant à lancer une vidéo. Je la stoppe avant qu'elle n'envoie l'image, en apercevant ma mère. Je regarde surpris, ne comprenant pas d'où lui vient cette image. Maeve pose sa main sur la mienne pour reprendre ce qu'elle faisait.

- Ne cherche pas à comprendre. Ne pose pas de questions. Personne ne te répondra. Tout ce que je dirais, c'est que Benoît protège tes parents et qu'il vient de m'envoyer une vidéo pour toi. Il a demandé mon numéro à Louise, je pense. Regarde. C'est tout.

L'image débute. C'est un interrogatoire. Maman boit du Véritasérum sous contrainte de l'Impéro. Après des questions sur différentes informations familiales intéressantes pour les mangemorts, j'entends mon cousin poser une question à Maman.

- Qu'est-ce qui est le plus important pour toi, plus important que ta propre vie ?

- Mon fils Oliver que j'aime infiniment.

La vidéo s'arrête. Une autre suit. C'est l'interrogatoire de Papa. Le même genre de questions et des réponses équivalentes. De nouveau la voix de mon cousin posant exactement la même question. Papa utilise les mêmes mots que Maman. Je pleure en les entendant et en les voyant en vie et en bonne santé. Je ne comprends pas pourquoi mon cousin a envoyé ça jusqu'à ce que Maeve me fait lire le message.

- Salut Maléfique. Montre les deux vidéos à Oliver s'il te plaît et dit lui "Joyeux Noël Cousin" de ma part.

Maeve a raison. Benoît protège comme il le peut mes parents. Je suis de plus en plus troublé par cette situation étrange et je ne sais vraiment plus à qui faire confiance.

Annotations

Vous aimez lire danslalune123 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0