5.1.1 Veiller sur les autres
À la rentrée, je suis presque serein pour cette nouvelle année. Bien sûr, je m'inquiète pour mon père et pour la présence de mangemorts. Toutefois, malgré nos différents, je suis rassuré par la présence de Benoît et de Maeve au manoir Lestrange, auprès de Papa. Mes sentiments envers eux sont très complexes. Je tiens à eux et j'ai confiance en eux et pourtant, je suis méfiant sur d'autres points et en colère. J'alterne les humeurs sans me décider, bien que mes colères ne soient plus aussi fortes et tenaces que lorsque j'avais la bestiole.
Je suis en train de courir autour du lac comme quasiment tous les soirs. En approchant de la fin, c'est-à-dire aux abords de la forêt interdite, j'entends mentalement une berceuse. Ne voyant rien aux alentours, je m'approche doucement des arbres et me guidant avec mon instinct, je découvre Maeve endormie dans un bosquet.
Elle est entourée d'un halo de protection, cependant, la barrière magique m'est franchissable. Maeve ne doit pas me considérer comme une menace. Elle est paisible. Observant son visage, je vois quelques cernes sous ses yeux. Je prends délicatement sa main et mesure son pouls qui me confirme qu'elle est profondément endormie.
Je ne veux pas la réveiller et en même temps, je ne peux pas la laisser là, il va bientôt faire froid et tout le monde n'est pas aussi bine intentionné que moi. En plus, les créatures de cette forêt ne sont pas des plus recommandables.
Je pose ma veste sur les épaules de la belle au bois dormant et invoquant un sort de lévitation, je la soulève dans les airs pour la ramener au château. J'ai la chance de croiser Horace sur le chemin retour. Il enveloppe Maeve dans sa cape et nous la conduisons dans sa chambrée.
La pièce est vide, les filles sont encore en promenade ou bien en train de manger. Horace m'aide à retirer les chaussures de mon petit canard et à l'installer confortablement sur son lit. Quand je remonte la couverture sur elle, Horace et moi ne pouvons nous empêcher de sourire. La scène est mignonne en soit.
Le lendemain matin, mon pote et moi trouvons des bonbons sur nos oreillers en se réveillant. Nous savons tous les deux de qui cela vient. Surtout que mon pote en a quasiment le double par rapport à moi. Je la cherche au petit-déjeuner pour m'assurer qu'elle va bien. Je dois patienter jusqu'au premier cours matinal pour l'apercevoir. Ses yeux sont toujours cernés et cela m'inquiète.
Le professeur Bordial couve toute ma bande. Il ne cesse de me convoquer dans son bureau pour savoir comment je vais. Il fait de même avec Horace et Charline. Je le trouve pot de colle. Une fois, son thé était drogué au Véritasérum. J'ai étrangement su mentir tout en détectant le poison. Une sorte d'instinct. En fait, je ne mentais pas. Je ne disais pas toute la vérité ou émettais des propos à double sens. Ses questions portaient surtout sur ce que je ressentais pour Charline. C'était vraiment très étrange.
Cela m'a inquiété. Maman nous a dit de nous méfier de lui. Je suis assez d'accord avec elle. Il n'est pas très clair comme gars. Il est trop.....« Curieux ». J'ai l'impression qu'il cache quelque chose. Il veut trop se rapprocher de ma bande pour être honnête. Maman s'est rappelé un fait troublant. Le professeur Bordial est arrivé près de ma famille quasiment au moment de ma naissance. Il s'est toujours fortement intéressé à moi.
Maman n'a plus confiance en grand monde en ce moment. Elle doute même de membres de sa famille et de plusieurs Aurors du ministère. Les seuls adultes en qui elle a une confiance totale sont les parents d'Horace. Elle passe de plus en plus de temps avec eux. Il l'ont même autorisé à emménager dans la petite dépendance de leur maison. Ainsi, ils restent indépendants tout en étant proches en cas de souci.
Je place le Professeur Bordial sur la liste des personnes à surveiller de près. Je deviens méfiant comme Maman. Mis à part mes potes, je reste sur mes gardes, y compris face à des élèves. Maman a eu vent lorsqu'elle était au manoir, que les mangemorts m'espionnaient via des sorts de légilimancie sur des élèves pour s'approprier leurs souvenirs.
Par sécurité, je m'assure que mes amis sont bien protégés. Horace et Jamie, pas de soucis, ils sont entraînés depuis un bout de temps. Charline et Sarah ne sont jamais seules et si jamais quelqu'un entrait dans leur tête, nous le saurions de suite. À demi-mot, les défiant pour rire, je me suis assuré qu'Alice et Rodrigue maîtrisait l'occlumancie.
Je me suis d'ailleurs bien amusé à leur lancer le sort avec leur consentement et à tenter de percer leurs défenses. Alice est clairement la plus douée. Je n'ai strictement rien vu. Rodrigue a quelques faiblesses, toutefois, il ne se laissera pas faire par le premier sorcier venu.
Tandis que je me chamaillais avec mes potes, je vois au loin Maeve qui se dirige vers la forêt interdite. J'abandonne mes potes sous un prétexte bidon et la suis. Elle me repère vite, cependant, Maeve continue et regagne son bosquet. Elle s'assoit et me regarde. Je m'avance doucement et me pose à ses côtés, en silence.
En fait, je ne sais pas quoi dire. J'ai mille trucs en tête et une langue de plomb. Alors je souris nerveusement. Cela doit plus ressembler à une grimace, toutefois Maeve ne s'en offusque pas. Elle me rend mon sourire, le sien est lumineux et espiègle, puis elle m'adresse la parole d'une voix douce et calme.
- Ne t'inquiète pas pour tes amis. Je les surveille et aucun mage noir n'accédera à leur esprit sans avoir affaire à moi d'abord.
- Je... Me tracasses aussi pour toi. Tu as l'air fatiguée. Tout va bien ?
- Oui et non. C'est juste mes cauchemars qui continuent. Je manque de sommeil alors je fais des siestes dès que je peux à l'abri des regards.
- Tu devrais les faire dans ta chambre. Tu serais plus en sécurité qu'ici.
- C'est plus calme dans la forêt et les créatures veillent sur moi. En plus, mon dôme de protection ne me rend visible qu'à ceux que je veux bien. Je suis parfaitement en sécurité, c'est gentil de te faire du souci pour moi.
- De rien. Je.. Enfin, au fait ... Désolé pour ce que je t'ai dit quand j'avais cette bestiole dans le crâne et merci de me l'avoir enlevé.
- Je ne t'en veux pas. La Morticia était là pour te faire du mal et pour que tu nous haïsses moi et benoît, tu as montré une grande force de caractère et le fait qu'elle n'ai pas réussi à ses fins est une preuve de l'affection que tu as pour Benoît et moi et aussi de ta profonde bonté. Tu n'as pas à t'excuser. Tu n'étais pas toi-même. Si je trouve qui te l'a implanté, je l'atomise.
- Tu en es bien capable dis je éclatant de rire.
Je me détends un peu devant la douceur de Maeve. C'est la première fois que je lui reparle depuis cette histoire. Elle a raison. Malgré tous les doutes que je peux avoir, j'ai de l'affection pour elle et pour Benoît. Je ne peux réfréner l'élan de tendresse que j'éprouve à cet instant et sans réfléchir, je saisis sa main et lui embrasse dans un bisou tendre.
- Oliver ? Sarah te cherche. Elle a besoin que tu l'aides pour son devoir de potions et ne veut pas demander à Rodrigue.
- Comment tu sais cela ?
- Je te l'ai dit. Je veille sur toi et tes potes. Du coup, je ressens en quelque sorte vos émotions. Et puis surtout, je parle aux piafs et celui que tu vois devant toi vient de cafter.
Maeve me fait un grand sourire et me désigne un petit moineau qui piaille à quelques mètres. Je ne sais pas trop quoi penser de ce qu'elle vient de me dire. Est ce vrai ou me dit t'elle cela pour me faire partir ? Je l'ignore. Je me décide à me lever et avant de partir, je préviens Maeve que je reviendrais la chercher tout à l'heure pour la faire léviter jusqu'à son lit. Elle me dit bye d'un signe de la main, s'allonge au sol et active son bouclier.
Deux heures plus tard, je mets ma menace à exécution, entourant mon petit canard endormi dans ma cape, comme un sushi. Horace m'accompagne. La barrière le laisse entrer. Pour être plus discret, Horace fait semblant de la porter dans ses bras. Au moment où il la pose sur le matelas, je jurerais avoir entendu un bisou. Horace se pince les lèvres et rigole. Je pense que j'ai bien entendu. Il dépose un baiser sur le front de Maeve et nous quittons la chambre des filles. Le lendemain matin, nouveaux bonbons sur l'oreiller. Horace en a toujours plus que moi.
Un week-end, alors que je rentre d'une sortie avec mes potes, je trouve mon cousin et sa bande qui squatte notre chambrée. Ils sont tous sur leurs lits respectifs, avec leurs copines. Louise est avec Benoît et je découvre mon petit canard dissimulé sous une couverture qui dort paisiblement sur mon édredon. Mon cousin fait mine de se lever et je l'arrête d'un geste de la main. J'ai assez de place pour m'avachir à coté d'elle pour bouquiner. Maeve ne me dérange pas.
Je parcours mon roman des yeux tandis que Benoît et sa bande discutent. Horace et Jamie font, je ne sais pas quoi sur le lit de Jamie. Je crois qu'ils essayent de déverrouiller par magie le cadenas que Maeve a offert il y a quelque temps à Jamie. Je me marre bien. Au bout d'un certain nombre d'échecs, le cadenas se venge soit par un petit jet d'eau, soit par une espèce de prout nauséabond, ou bien encore en chantant un truc bien énervant. Du coup, mes potes s'éclatent à tenter de le déverrouiller alors que Jamie a le code.
Au bout d'une vingtaine de minutes, je sens Maeve bouger. Ma jambe est le long de son dos. Mon petit canard se retourne et pose sa tête sur le bas de mon ventre. Elle enlace ma taille, toujours profondément endormie. Je suis tétanisé, de peur de la réveiller. Personne ne s'est aperçu de cette position délicate fort heureusement. Centimètre par centimètre, je glisse pour me descendre, de manière à ce que la tête de Maeve soit plus haut vers mon torse.
Quand je parviens à être suffisamment bas pour que ce ne soit plus gênant, je me rends compte que je n'ai nulle part où poser mon bras sauf sur elle. N'ayant pas d'autre possibilité, je continue donc ma lecture comme avant, mon bras gauche sur ses épaules, tenant du mieux possible mon livre.
Évidemment, là, que je ne peux pas bouger, mon petit canard fait une longue sieste de près de trois heures et quand elle se réveille enfin, je me précipite aux toilettes pour aller pisser avant que ma vessie n'explose. Lorsque je reviens, elle bredouille des excuses un peu confuses, Maeve est encore un peu dans les nuages. Je lui réponds qu'elle peut squatter mon édredon quand elle veut, puisqu'elle fait bien attention d'enlever ses chaussures. Je préfère la voir ici que dans son fichu bosquet.
Je flâne beaucoup dans les couloirs en méditant. Ce qui me donne l'occasion de voir des choses rigolotes, comme les couples qui se dissimulent, les petits secrets de professeurs qui volent des feuilles dans les serres ou qui espionnent les cours des autres enseignants.
À force de tomber sur des discussions qui ne me regardent pas et que j'espionne bien sûr, je me rends compte d'un souci. Le Professeur Bordial et les autres enseignants ont peur de Maeve. Je les ai surpris plusieurs fois à discuter sur comment enlever les pouvoirs de Maeve. Ils élaborent des stratagèmes compliqués. Ils soupçonnent Maeve d'être le prochain mage noir. Sur ordre du Ministère, ils tentent de retirer ses pouvoirs à Maeve ou bien de l'empoisonner.
Malgré nos différents, je ne peux croire Maeve aussi noire. Ni elle ni mon cousin en fait. Je lui ai envoyé un mot pour la prévenir à chaque fois que j'apprenais quelque chose. Les professeurs sont terrorisés. Leurs tentatives échouent à chaque fois. Maeve me remercia en m'envoyant des photos de Père. Des photos récentes pour me dire qu'il va bien. Et un mot où elle me promit que bientôt, il reviendrait vers moi. Que bientôt, il serait libéré de l'Impero.
Les vacances de Noël arrivent sans que je m'en rende compte.
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