Depuis que Morgane lui ait apparu en cours de troisième année, Maeve continue d'évaluer ses capacités magiques. Aux vacances d'hiver, elle me fait transplaner en Ukraine pour voir des dragons. Elle s'approche doucement des bêtes sauvages. Elle leur parle et les calme. Je comprends ses paroles pour une fois. Les dragons parlent le fourchelangue, avec une sorte d'accent un peu snob. Je suis stupéfait.

Me voilà en train de causer avec les immenses reptiles. Je touche des dragons avec leur accord. Ils traitent Maeve comme une personne de sang royal et lui sont soumis. Lorsqu'elle leur demande de faire quelque chose, comme d'ouvrir la gueule ou de prélever un peu de leur sang, ils s'exécutent sans se poser de questions. Ils l'appellent Princesse Maeve. Nous blaguons avec les immenses créatures pourvues d'un grand savoir quasiment toute la journée.

Jamais je n'aurais imaginé apercevoir et m'approcher autant de ces incroyables animaux. Tout mes a priori disparaissent en fumée. Je les pensais agressifs et dangereux. Je découvre des êtres sociables, farceurs et incroyablement cultivés. La transmission de savoir entre les jeunes et les anciens se fait de manière naturelle et très ludique. Les dragonneaux respectent leurs ainés et les dragons adultes sont heureux de faire profiter de leurs savoirs les petits dragons.

Très tolérants et ouverts d'esprit, les immenses reptiles répondent à toutes mes questions, y compris celles stupides sur leurs mœurs. Maeve se renseigne sur leurs connaissances à propos de Morgane et de sa magie. Nous apprenons que son statut de "princesse" vient du fait que la descendante de Morgane, la reine actuelle d'Avalon, a choisi ma sœur comme remplaçante le jour de sa naissance.

Je ne parviens pas à saisir davantage de la discussion, Maeve s'éloignant et décidant de parler Fourchelangue version ukrainien pour m'empêcher de l'espionner. Mon amie n'aime pas discuter de Morgane et dissimule des informations à tout le monde y compris à moi.

Je sais que Maeve continue de faire des cauchemars, envoyés par Morgane. Elle ne hurle plus au milieu de la nuit, comme c'était le cas les deux premières années, toutefois, elle continue à s'agiter et peu dormir. Souvent, au beau milieu de la période de repos, elle se lève et lit ou marche dehors. Maeve est insomniaque, et quand elle parvient à dormir, c'est pour se réveiller en sueur, le cœur battant d'un horrible songe dont elle ne veut jamais parler.

Je ne sais pas comment elle tient, entre tout le sport qu'elle fait, l'utilisation de sa magie à outrance et son peu de sommeil. Maeve fait des siestes dès qu'elle peut, dans des endroits insolites, parfois en cours. Des micro-siestes pour tenter de récupérer un peu. Comme là, dans mes bras pendant que nous transplanons pour rentrer à l'école.

Durant le reste des vacances, je teste une hypothèse avec elle. Si je comprends les serpents et maintenant les dragons, peut être que cela fonctionne pour tous les reptiles. Nous allons donc dans un zoo proche et attendons un moment où il n'y a personne dans le vivarium. Comble de joie, je sais parler aussi aux lézards, geckos, tortues et crocodiles. Le Fourchelangue est donc en fait la langue des reptiles, pas que des serpents.

Je me découvre ainsi un nouveau pouvoir. Plus précisément, je découvre l'étendue de mon pouvoir de langage Fourchelangue. Tous les reptiles auxquels on s'adresse font preuve de respect envers Maeve. Elle teste ses métamorphoses possibles. Les reptiles, c'est bon. Maeve est capable de prendre l'apparence de chacun d'entre eux.

Mon amie ne s'arrête pas en si bon chemin. Sa créature morganesque a des écailles, mais aussi des plumes. Deux jours plus tard, Maeve tente donc de parler aux oiseaux et de se transformer en volatile. C'est un succès cette fois encore. Tous les moineaux et les hiboux des alentours rappliquent pour papoter avec mon amie. La cour extérieure est envahie d'oiseaux en tout genre. Les voir m'observer me fait légèrement flipper. Maeve a eu la gentillesse de me faire visionner un film angoissant la veille pour me mettre dans l'ambiance.

Mon amie devient une jolie colombe puis un aigle et vole autour de moi pour ensuite se poser sur mon épaule. Un moineau trop chou atterrit sur le sommet de mon crâne et s'amuse à m'arracher quelques cheveux en me piaillant dans l'oreille. Un joli vautour s'envole dans les cieux et lorsqu'il se rapproche du sol, c'est un oiseau tonnerre. J'admire le magnifique volatile durant plusieurs minutes. Maeve tente une dernière transformation en autruche et redevient elle-même.

Un par un, mon amie veut explorer tout le règne animal qu'il soit moldu ou sorcier. Si le langage lui donne quelques migraines, les transformations l'épuisent et lui demande énormément de magie. Cependant, à chaque succès, Maeve a l'impression de débloquer une sorte de verrou en elle. Un nouveau pouvoir aux multiples possibilités. Plus elle utilise sa magie, plus elle semble en avoir.

C'est un étrange phénomène. Mon amie a du mal à me l'expliquer. Elle m'évoque des sortes de verrous mentaux qui une fois la bonne clé trouvée, sont une nouvelle source de magie, la rendant plus forte à chaque déverrouillage. Son image de nouveaux robinets qui coulent me fait sourire et illustre assez bien ce qu'elle ressent.

Après les reptiles et les oiseaux, Maeve en veut encore plus. En fin de semaine, c'est aux poissons et êtres de l'eau qu'elle s'attaque. Nous nous rendons en plein milieu de l'océan Pacifique. Gagné. Un joli poisson clown orange frétille devant mon masque. Grossissant de plus en plus, j'ai un poisson papillon blanc aux rayures jaunes puis un énorme napoléon, ce poisson impressionnant avec une bosse sur la tête.

Maeve se concentre encore un peu et grandit davantage. Une sorte d'espadon à crêtes tourbillonne autour de moi. Mentalement, elle m'informe qu'il s'agit d'un poisson voilier. Elle tente le dernier poisson possible pour me faire peur, un requin blanc puis un requin baleine nage à mes côtés. Je suis épuisé de nager autant alors je grimpe sur un rocher perdu en plein milieu de l'Océan. Un bout de barrière de corail est mon abri.

Soudain, mon amie a une idée. Elle veut tester les êtres de l'eau et ne transforme que la moitié de son corps en poisson. J'ai devant moi une sirène magnifique qui s'éclate avec ses potes aquatiques. Une gamine qui saute en l'air dans les vagues comme les dauphins. Un sale gosse qui m'éclabousse avec sa queue, s'amusant de mon absence d'abri sur ce frêle rocher paumé entouré d'eau. Elle ressemble tellement à Charline quand elle fait l'enfant comme cela.

Maeve en profite pour me faire travailler ma gestion de l'eau. Elle se positionne sur un autre rocher un peu éloigné et m'attaque avec des giclées d'eau qui me trempe. Craintif au début, puisque je n'ai réussi pour l'instant qu'à faire des petites gouttelettes, je prends vite confiance. Le pouvoir que l'étrange Ondine as débloqué est celui des liquides. Je suis capable de soulever et de diriger de grands volumes. Je me sens plus fort au contact de l'Océan et c'est bien pour cela que Maeve m'a amené ici. Pour se battre avec moi en jouant.

Au départ, nous nous lançons de l'eau au visage tel une bataille de boules-de-neige liquide. Les quantités augmentant à chaque attaque. Maeve s'amuse à donner des formes rigolotes que j'imite. D'un ballon de baudruche, nous passons à une montgolfière avec le stade tigre et éléphant. Maeve gèle son ballon puis m'envoie sa neige glaciale en pleine face. Je réplique aussitôt et lui envoie une stalactite géante.

Cette chipie la fait s'évaporer. J'en profite pour me sécher, je suis trempé jusqu'aux os. Je me crée un écran de vapeur qui me réchauffe un peu. Surpris de ne pas être de nouveau arrosé par mon amie, je scrute les alentours. Maeve a disparu. Je tourne et examine l'eau qui m'entoure. J'entends soudain un grand cri de gamine. Maeve s'est fabriqué une planche de surf en glace et glisse sur l'eau.

Je décide de l'imiter et nous voilà, surfant à toute vitesse sur les vagues que nous créons nous-mêmes, pour nous attaquer de plus belle, comme deux gamins turbulents. Maeve me fait m'exercer à contrôler l'eau sous toutes ses formes. Chaque échec de ma part se soldant par une inondation de ma personne. Maeve essaye de me faire boire la tasse.

Bien que je n'ai jamais surfé de ma vie, je fais des cabrioles et des figures acrobatiques fermement attaché à ma planche de glace que Maeve essaye de faire bouillir. Je finis avec des patins à glace, technique que je maîtrise davantage et entame une course de vitesse pour rattraper cette chipie et l'ensevelir sous le mur d'eau qui me suit. Nous provoquons des mini tsunamis que nous arrêtons au fur et à mesure.

Jusqu'à ce que de vrais êtres de l'eau nous passent un savon pour notre bordel. Nous perturbons le fond de l'Océan avec les masses d'eau que nous déplaçons et nous risquons de nous faire repérer par les satellites météos des non-mages à force de faire les andouilles. Nous n'avions pas pensé à cela, trop absorbés par notre jeu puéril. Maeve s'excuse auprès des êtres de l'eau et nous nous calmons.

Elle reprend sa forme de sirène pour me faire m'exercer sur une nouvelle idée qui a germé dans son esprit prolifique. Je dois me concentrer sur l'air ambiant et en extraire l'eau pour l'assécher. Je remplis un verre puis au bout d'une demi-heure, je produis des camions-citernes. Ensuite, mon amie me fait faire l'exercice inverse. Je sature l'air et produit nuages et vapeurs épaisses avec plus de facilité encore.

Maeve complexifie mon exercice. Elle me demande d'extraire l'air ou du moins l'oxygène présent dans l'eau. Je plonge alors et me concentre. Je bois la tasse plusieurs fois avant de parvenir à me créer une bulle d'air pour respirer au milieu de l'Océan. Cela n'est pas suffisant pour mon petit tyran d'amour. Je poursuis l'exercice jusqu'à respirer de l'eau, je suis comme pourvu de branchies invisible. Je peux enfin la suivre sous l'eau et la voir nager sous sa forme sirène. Mon exercice est fini. Place à l'amusement.

Je nage du mieux que je peux sans jamais parvenir à aller aussi vite qu'elle. Nous valsons entre les rochers et les bancs de poissons en parcourant des distances phénoménales. J'ai l'impression de transplaner sous l'eau, l'envie de vomir en moins. Maeve me prend la main et ralentit. Nous avançons ensemble, à la même vitesse et nous ralentissons progressivement pour observer le paysage.

Maeve est si belle. Elle cache encore ses formes adolescentes aux autres, cependant avec moi, elle n'est pas gênée. Mes deux sœurs de cœur sont magnifiques. Je ne suis peut-être pas objectif en raison de l'amour que je leur porte, toutefois, Maeve et Louise sont deux beautés qui n'ont pas encore conscience de leurs potentiel séduction.

Me voyant méditer, Maeve pousse une sorte de petit cri aigu puis un autre plus grave. Les phoques et poissons alentours rappliquent juste pour mon plaisir des yeux. Les baleines et des requins arrivent peu après. Je vois passer en quelques heures toute la faune océanique du Pacifique. Des dauphins viennent jouer avec nous. Je regrette de ne pas avoir pris d'appareil photo.

Nouvelle idée de ma chipie. Les mammifères. Comme elle commence à fatiguer, elle ne teste que les marins. Phoque puis dauphin, Maeve est fantastique. La métamorphose en baleine utilise la réserve de magie de mon amie. Elle fait appel au peu de force et de magie restant en elle pour demander l'aide à un dragon de mer pour rentrer à Poudlard.

Je ne suis guère plus vaillant et me tiens avec difficulté. J'ai mal partout. Chacun de mes muscles me brûle et mes poumons sont en sang. Pourtant, je suis un jeune homme heureux. J'ai l'une des plus belles filles au monde dans mes bras, je vole à dos de dragon et j'ai des immenses pouvoirs. Mais surtout, ma petite sœur d'amour s'est endormie contre moi et je peux sentir son cœur battre contre ma poitrine. Je la porte au lit et la borde puis regagne mon dortoir. Je suis vidé et je m'écroule dans mon lit en oubliant la douche pour retirer le sel, un immense sourire aux lèvres.