Chapitre 2
EMILY
Je suis avec Lydia dans mon appartement. Nous sommes installées dans au comptoir de ma cuisine, des verres de vin et une bouteille à moitié entamée devant nous. C’est notre soirée fille ce soir, nous sommes vendredi et nous nous retrouvons pour nous raconter notre semaine. Comme toujours, elle a plus de choses à dire que moi, comme elle travaille dans le tourisme, elle rencontre beaucoup de gens. Tout ce que je peux lui raconter moi, c’est comment mes élèves de sept ans se comportent en classe, et les potins qui se disent dans la salle des profs. Rien d’intéressant quoi.
Lydia est ma meilleure amie depuis toute petite, d’aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours été ensemble. Nos mères sont amies depuis notre naissance, elles nous ont mise dans la même école primaire et le même lycée. Jamais séparées et je ne m’en plains pas. Lydia est la meilleure amie qu’on puisse avoir.
Nous sommes interrompues dans notre discussion par une sonnerie de téléphone. Mon amie se dirige vers son sac pour aller chercher son portable. Elle fronce les sourcils en voyant le nom de son correspondant.
-C’est qui ? lui demandé-je intriguée.
-C’est Jay.
Et elle décroche.
-Allô ? demande-t-elle les sourcils toujours froncés.
C’est bizarre qu’il l’appel, je sais qu’ils s’entendent bien, mais le fait qu’il lui téléphone c’est que quelque chose cloche vraiment.
-Elle est à côté de moi, qu’est-ce qu’il y a ?
Elle me regarde furtivement, et écoute ce que Jay lui répond.
-Beh, je ne sais pas… Attends, elle retire le téléphone de son oreille et met sa main sur le micro. Tu sais si Riley est toujours dans son appartement ?
Je l’interroge du regard. Qu’est-ce qu’elle veut que j’en sache, je ne surveille pas sa vie.
-Je n’en sais rien… Pourquoi ?
-Parce qu’il devait rejoindre Jay à la soirée d’Adam il y a plus de deux heures, et il n’est toujours pas là.
-Il a sûrement dû croiser une fille sur son chemin et est allé se la taper dans une chambre.
Elle me fixe quelques secondes avant de remettre le téléphone à son oreille. Beh quoi ? Je n’ai rien dis de mal, juste une chose qu’il serait bien capable de faire. Ce mec est un tel connard.
-Elle ne sait pas…
-…
-Je suis sûr que ce n’est rien… On va quand-même aller voir s’il est chez lui.
-…
-Ouais, je te tiens au courant.
Elle raccroche, et baisse la tête, ses sourcils sont toujours froncés. Signe qu’elle s’inquiète. Elle relève la tête, et m’interroge du regard. Pourquoi elle me regarde comme ça ?
-Quoi ? finis-je par demander.
-Tu es sûre de ne pas avoir entendu de bruits dans le couloir dans les environs de 20 heures ?
Je la regarde, elle commence à m’énerver là. Comme si je passais ma vie à essayer de savoir si Riley est chez lui ou pas. Qu’est-ce que ça peut bien me faire ? Je le déteste, je n’ai pas besoin de connaître sa vie.
-Non, je n’ai rien entendu. Tu sais, je ne passe pas mes journées avec l’oreille collée à la porte… dis-je excédée.
-Je n’ai pas dit ça… Mais, ce n’est pas vraiment son genre de laisser ses potes en plan, elle pose son téléphone sur le comptoir. Il faut qu’on aille voir s’il est chez lui, dit-elle.
Je me lève du tabouret et me dirige vers la porte d’entrée. Voyant que nous quittons l’appartement, Bell se lève.
-On revient Bell, dis-je.
C’est vrai que c’est bizarre que Riley ait planté ses potes, ce n’est pas son genre comme dit Lydia. Surtout qu’il ne raterait pas une occasion d’aller à une fête, rencontrer une nouvelle conquête qu’il ramènerait pour le week-end et que je verrais partir au petit matin lundi quand je quitterais mon appartement pour aller travailler. Ce mec me dégoûte vraiment, tous les week-ends une nouvelle copine, que je suis sûr il ne connaît même pas. Son seul intérêt, c’est baiser.
Nous sortons de l’appartement et nous dirigeons vers la porte de Riley.
-Toc toi, dis-je. Si c’est moi qui parle, il ne répondra pas.
Lydia tape doucement à la porte. Pas de réponse.
Elle recommence un peu plus fort. Peut-être qu’il dort ?
-Riley, t’es là ?
Pas de réponse.
-Je crois qu’il n’est pas là…, dit Lydia.
-A moins qu’il soit vraiment devenu sourd, c’est ce que je pense aussi.
Nous retournons chez moi, et Lydia se dirige rapidement vers son téléphone, sans doute pour prévenir Jay que Riley n’est pas chez lui. Quelques secondes plus tard, son portable sonne à nouveau. Peut-être a-t-il fini par arriver ? Je l’espère vraiment, parce que ça devient inquiétant. C’est vrai que je ne l’aime pas beaucoup, mais ce n’est pas une raison pour lui vouloir du mal. Il n’est pas chez lui, et je suis sûre qu’il aurait prévenu ses amis s’il avait eu un empêchement. Et ce qui est certain, c’est qu’il n’aurait jamais raté l’occasion d’aller à une fête. Peut-être que ce n’est rien, et qu’il a, comme je l’ai dit tout à l’heure, rencontrer une fille qu’il est allé baiser pas loin. Oui, ce serait bien son genre, ce n’est pas pour rien que je le dis.
Cela ne fait qu’un an qu’on s’est rencontré, mais j’ai appris à le connaître, en traînant de temps en temps avec lui et quelques-uns de ses amis. Mais, nos amis ont bien compris qu’entre lui et moi ce n’est pas le grand amour… C’est le moins qu’on puisse dire. Donc, nous avons arrêté ces « soirées entre voisins » très rapidement. Je pense que c’était le mieux à faire, sinon l’un de nous aurait étranglé l’autre.
Je suis tirée de mes pensées par ma meilleure amie qui hausse un peu le ton.
-Jay ! Je te dis que je suis sûre, il n’est pas là. Il aurait ouvert sinon… Dit-elle au bord de l’énervement.
Elle commence à perdre patience, les phalanges de sa main droite deviennent blanches tellement elle sert le téléphone, et ses mâchoires sont serrées. Elle roule des yeux en entendant ce que Jay lui raconte. Du calme Lydia.
-Ouais, on t’attend.
Et elle raccroche, en soufflant exagérément. Elle pose l’appareil sur le comptoir à côté et me regarde.
-Qu’est-ce qu’il a dit ? demandé-je.
-Il va venir…
Elle se dirige vers le canapé, et je la suis. Pourquoi il va venir ? Nous nous asseyons toutes les deux dans le grand fauteuil face à la télévision. Bell se lève et vient s’installer près de nous, réclament un peu d’attention. Je lui caresse la tête avant de m’adresser à ma meilleure amie.
-Pourquoi ?
-Il n’a pas vraiment donné de raisons… Il doit sûrement penser qu’il n’a pas ouvert justement parce que c’était nous.
-Si c’est ça, Riley est encore plus con que je le pensais… dis-je en secouant légèrement la tête.
-Ouais… Moi, je suis sûre qu’il n’est pas là, c’est Jay qui exagère toujours.
Nous nous enfonçons toutes les deux dans le fauteuil en laissant échapper un grand soupir.
-Peut-être qu’on dev…
Lydia est interrompue une nouvelle fois par la sonnerie de son portable.
-C’est sûrement Jay… Encore, dit-elle en se levant.
Elle va à la cuisine et revient avec son téléphone à l’oreille. Ses yeux sont écarquillés, elle a la bouche légèrement ouverte et ses sourcils sont levés. Elle a l’air sous le choc. Sa tête est baissée, et elle écoute son interlocuteur avec attention. Qu’est-ce qu’il y a ? Elle relève la tête rapidement et me regarde. Je l’interroge du regard, ne comprenant pas pourquoi elle fait cette tête. Elle raccroche après quelques minutes, et laisse tomber son bras le long de son corps.
-Qu’est-ce qu’il y a ?
Je demande, impatiente de connaître la raison pour laquelle est tire une tronche pareille.
-C’est Riley… Il a eu un accident…, dit-elle d’une voix tellement basse que je peux à peine l’entendre.
J’écarquille les yeux, je dois sûrement avec la même tête qu’elle à présent. Je ne m’attendais pas à cette nouvelle… Vraiment pas !
-Oh…
C’est tout ce que je peux dire, ne sachant pas comment réagir. C’est bizarre, mais je ressens un petit pincement au cœur, comme si j’étais… Triste ?
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