Chapitre 4
EMILY
Je n’ai pas bougé d’un centimètre depuis que mon regard s’est posé sur lui. Il est totalement méconnaissable, des hématomes recouvrent une partie de son visage et il a un énorme œil au beurre noir au côté gauche. Son bras droit est soutenu par une attelle pour tenir son épaule en place et sa jambe droite est plâtrée et légèrement surélevée. Il a un énorme tube qui lui sort de la gorge pour l’aider à respirer et il est perfusé au bras gauche.
Il est vraiment dans un sale état, c’est horrible.
Je m’approche de lui d’un pas lent et m’installe sur le siège juste à côté du lit. J’hésite à lui prendre la main. je la prends?… Je ne la prends pas? Non, je ne la prends pas, pourquoi je le ferai. Je suis venue, c’est déjà bien. Non? C’est déjà assez bizarre pour moi d’être ici, près du lit de l’homme que suis censée détester. Il est allongé là, dans ce lit d’hôpital et il ne saura même pas que je suis venue quand il se réveillera. Notre petite vie reprendra son court, il se rétablira et on continuera à nous engueuler, comme à notre habitude. Je me pose toujours la question de savoir pourquoi je suis venue jusqu’ici, alors que je ne vais même pas dire un mot. Pour quoi faire? Il ne m’entend probablement pas, et puis, qu’est-ce que je pourrais bien dire?
Je le regarde, détaillant chaque traits de son visage tuméfié. Il a un énorme bandage qui lui entoure le crâne, je n’ose même pas imaginer sa réaction quand il verra sa tête à son réveil. Je souris rien qu’en l’imaginant, lui qui est toujours bien coiffé et si sûr de lui, la tête qu’il fera quand il se verra aussi défiguré. Wouah… Le beau gosse perdra un peu de son charme pendant quelques semaines, j’en ai bien peur. Je ne me moque pas, loin de là, je m’imagine simplement sa réaction qui sera certainement plus que risible.
Je suis sûrement dans cette chambre à le regarder sans rien dire depuis presque dix minutes maintenant. J’ai l’air un peu idiote à rester là, sans rien dire, sans rien faire d’autre que le regarder endormi dans son lit d’hôpital. Finalement, je prends une longue inspiration.
– Salut Riley, c’est Emily. Tu ne m’entends peut-être pas, mais ce n’est pas grave… Je n’ai pas grand-chose à dire, en fait je ne sais même pas ce que je pourrais te dire. Mais, je promets de ne pas t’insulter aujourd’hui, je souris un peu. Je sais ce que tu dois te dire, «Mais, qu’est-ce que tu fous ici aspirine?». Eh bien, je ne le sais pas moi-même, je soupire. Malgré le grand connard que tu es, tu ne mérites d’être dans cet état, et j’ai beau te détester et avoir envie de te taper à chaque fois que je te regarde… Je n’aurais pas pu ne pas venir au moins une fois te rendre visite. Bon, j’avoue que si tu avais été conscient et sur la bonne voie pour la guérison, je ne me serais pas pointée. Mais là, ce n’est pas le cas… Au moins, pour une fois tu me laisses parler.
Je tente un petit sourire en me levant. Je m’apprête à quitter la chambre, mais je fais marche arrière et retourne vers le lit.
– T’as intérêt à te réveiller. À bientôt Riley.
Et je tourne les talons, me dirigeant vers la porte. En quittant la chambre, je me retrouve face à un homme et une femme qui n'étaient pas là tout à l'heure. La femme me regarde d'un œil critique, elle me détaille des pieds à la tête. Elle a l'air d'avoir une quarantaines d'années, ses cheveux sont bruns et ses yeux verts émeraudes. Rien qu'en remarquant ces deux détails, je sais tout de suite que cette femme est la mère de Riley. Elle est grande et mince, elle est habillée à quatre épingles, avec son tailleur pantalon et ses escarpins. Ses cheveux bruns sont remontés en un chignon parfait, d'où aucunes mèches ne s'échappent.
-Puis-je savoir qui vous êtes mademoiselle? me demande t-elle toujours en me regardant.
-Je suis Emily.
Je ne sais pas si je dois lui préciser que je suis la voisine de son fils. Je pense que c'est un détail que je devrais énoncer, mais je préfère m'abstenir. Si ça se trouve, elle sait déjà qui je suis.
-Et qui êtes-vous pour mon fils? Il ne me semble pas l'avoir déjà entendu parler de vous...
Son regard insistant sur moi est particulièrement énervant et désagréable. Rien que le ton de sa voix me dit que cette femme n’est pas ce qu’il y a de plus aimable, je sens que je pourrais la détester encore plus que son fils.
-Je suis la voisine de Riley.
Son regard se fait plus dur, apparemment elle commence à comprendre qui je suis.
-Ah je vois… Je ne sais pas ce que vous êtes venue faire ici, mais mon fils ne vous apprécie pas beaucoup d’après ce que j’ai compris. Vous devriez partir maintenant, dit-elle en entrant dans la chambre suivie de près par l’homme qui se tenait à ses côtés.
Ouais, c’est officiel, je déteste cette femme plus que Riley, si j’avais pensé ça possible un jour… Heureusement, aujourd’hui est la première et dernière fois que je la vois, puisqu’elle ne prend jamais la peine de venir voir son fils à son appartement. En tout cas, je ne l’ai jamais croisée en an.
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