Shadow se mit en position défensive, montra les crocs et grogna quand l’homme s’approcha de plus en plus de May. La jeune femme ne sut quoi en penser ni comment interpréter cette phrase et la réaction du loup. Elle aperçut la même lueur dans les yeux de Shad, que dans ceux de Chase dans le NGC 1921 - L 23 un peu plus tôt.

May ne voulait pas s’avouer que Chase l’échangeait réellement contre de l’argent. Même son ami - son frère ne faisait, visiblement, pas confiance à cet homme. Il était grand, musclé et c’est à peine s’il portait quelque chose sur le dos. Juste une veste en jean rouge foncé, ouverte et sans manches. Il avait des mitaines dont le tissu avait bien vécu et des bottes en cuir noir épaisses. Le plus troublant et impressionnant était l’énorme balafre qui devait lui avoir crevé l’œil droit, qu’il couvrait avec un cache-œil en cuir brun.

La jeune femme, consciente que le mercenaire qui l’avait amenée ici ne reviendrai pas sur sa décision, tenta de calmer l’animal qui voulait la protéger. Elle s’approcha de lui et lui caressa la tête. Elle lui fit un dernier sourire avant de laisser couler une larme sur sa joue et de se relever. Elle toisa Chase une ultime fois avant de faire volte-face. Rancunière et blessée, elle voulait lui montrer sa déception.

- Combien ? bafouilla-t-elle la tête baissée.

- Comment ? fit l’homme borgne.

May releva la tête, le regard rougeoyant de veines et humide, les poings serrés et réitéra :

- Combien ? Combien lui donnez-vous pour m’avoir amenée ici ?

L’homme leva les sourcils et s’esclaffa. Son rire résonna dans toute l’immense pièce. Il s’en tenait les côtes. Puis, se redressa et regarda Chase dans les yeux qui resta impassible. La larmichette à l’œil due à son éclat de rire, l’homme souriait de toute ses dents.

- Je crois qu'elle n'aime pas le fait que tu l'échange contre de l'argent. Je l'aime bien cette petite ! déclara-t-il.

Mais en un instant, son regard se ternit et devînt colérique. Il gifla violemment la jeune femme qui en tomba à terre. Shadow se mit alors à grandir de plus en plus, jusqu’à atteindre plus d’un mètre cinquante au garrot, en montrant ses crocs et en grognant. May avait la joue en feu, et ne pu voir que le sol à quelques centimètres de sa tête qui se couvrait de ses pleurs silencieux de douleur. Elle ne perçut que l’ombre du loup grandir, au point de devenir énorme. Elle se tourna vers lui et vit le gabarit imposant de l’animal.

- C’est moi qui donne la permission de parler, dit le borgne d’une voix grave. Chase, je te conseille de calmer ta bête.

À la grande surprise de May, Chase partageait la même colère que Shad. Il avait les poings serrés, les bras tendus et crispés, et semblait se retenir de frapper l’homme violent. Il le regardait dans le blanc des yeux et ne le lâchait pas du regard.

Des bruits de pas se rapprochèrent de plus en plus des portes. Les gardes avaient appelé du renfort.

- Chase, reprit l’homme d’âge mûr. Tu as amené la fille, tu as eu ton argent, maintenant ce n’est plus tes oignons. Je te prierai de partir, fit-il en haussant le ton et en désignant la porte restée grande ouverte.

Le jeune homme blond regarda, enfin, May dans les yeux. Il y avait comme des remords et de l’inquiétude dans son regard. Était-ce vraiment cela ? La jeune femme ne savait plus quoi penser. Elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’elle était pour lui. Ni ce qu’il se passait actuellement.

Des soldats vinrent la ramasser. Ils lui tenaient les bras derrière le dos pour ne pas qu’elle puisse s’échapper. Shadow n’attendait qu’un seul mot, qu’un seul signe de Chase pour attaquer. May regarda le jeune homme qui fixait une partie de son visage. Elle suivi son regard et compris aussitôt qu’il y avait une marque rouge où elle avait été frappée. Cette marque, qui lui brûlait toujours autant la peau comme la chaleur d’un feu un peu trop près. Elle vit ensuite une haine dans ses yeux quand il porta de nouveau le regard sur la brute qui lui avait fait ça. Il ferma le poing, décidé à lui asséner un coup dont il allait se souvenir, mais il n’en eu pas l’occasion.

Un homme vêtu d’une armure simple arriva dans la hâte. Ses pas rapides résonnaient dans la grande salle. On entendait que lui et le claquement de ses pièces d’amures qui s’entrechoquèrent à chaque foulée.

- Monsieur Kreg, certains mercenaires ont vu la fille et le pendentif. Ils la réclament. Certains ont même appelé leur clan pour livrer bataille si nécessaire, annonça-t-il.

- Comment osent-ils ? s’énerva le balafré. Fermez la porte !

- Bien monsieur ! s’exclamèrent les soldats, dont les deux gardes qui s’empressèrent d’obéir.

- Et bien il semblerait que malgré les mesures que j’ai prises, votre arrivée ne fut pas assez discrète ma chère, fit-il en s’adressant à la jeune femme.

Chase semblait être plus étonné que ce monsieur Kreg. Il semblait réfléchir à un plan ou quelque chose dans ce genre-là. May ne comprenait déjà rien à la base, mais là ça allait de mal en pis. Le “pendentif”, la “fille”, qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Pourquoi autant de gens serait prêt à se battre et à dépenser de l’argent pour elle et son collier ? Tant de questions sans réponses. Elle posa le regard sur Shadow qui n’avait pas bougé d’un poil. Toujours en train de montrer ses crocs.

- Emmenez-la dans l’arrière salle ! ordonna le bandit en se tournant vers le fond.

Les gardes qui tenaient encore la jeune femme en clé de bras la dirigèrent vers une porte du fond. Jusqu’à ce que l’inespéré survienne.

- Arrêtez ! s’écria Chase.

L’homme se tourna de nouveau vers lui.

- Je crois que je n’ai pas bien entendu. Tu pourrais répéter ? quémanda le balafré.

- J’ai dit : Arrêtez ! répéta-t-il, le sang chaud.

- Voyez-vous ça. Tu prends l’argent et tu voudrais en plus la récupérer ? énonça l’homme. Pourquoi pas prendre mon poste et mon vaisseau pendant que tu y es ? s’exclama-t-il en ouvrant les bras comme pour signifier qu’il pouvait se servir.

- Ça s’en est une idée. Mais je me contenterai de la fille, répondit-il en souriant.

L’ambiance devenait pesante et emplit de violence, les deux hommes semblaient vouloir se battre quand un objet apparu de nulle part. Un téléporteur. Un individu portant une capuche en sorti juste à côté de May. Il mit les deux gardes à terre avec une rapidité fulgurante. À peine elle eu le temps de sentir que la pression sur ses poignets s’était relâchée qu’elle se retrouva dans les bras de l’individu. Elle remarqua instantanément que ce n’était pas un homme, mais n’eut pas le temps d’analyser plus en profondeur. La seconde d’après, la personne se tourna à nouveau vers le téléporteur. May croisa une dernière fois le regard de Chase. Cet instant se passait au ralentit dans sa tête. Elle avait le temps d’observer chaque détail de son regard jusqu’au moment où elle sentit les courants de températures opposées du téléporteur s’emparer d’elle. Le tout s’était passée en trente secondes.