Orage

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Ça fait déjà dix minutes que j’attends et toujours aucun signe de Zach. Qu’est-ce qu’il fout ? Le vent s’est à présent levé. Dans quelques minutes, la pluie sera là. J’aperçois à travers le pare-brise les fenêtres du deuxième étage. Plusieurs sont allumées. Derrière laquelle Zach se trouve-t-il ? Ce n'est pas la première fois qu’il achète de l’herbe. Il est habitué et moi aussi, surtout à attendre sagement. Je ne devrais pas m’inquiéter, mais j’ai un sale pressentiment. Je tente de me rassurer en me disant que c’est lié à l’orage qui me met dans un état de tension inhabituelle.

Quinze minutes de passées. Si je lui envoie un texto, il va se foutre de ma gueule. Un frisson me parcourt le dos. Non pas qu’il fasse froid, mais le vent vient de s’engouffrer dans l’habitacle, ce qui fait courant d’air. Nouvelle déflagration dans le ciel, suivie d’un puissant éclair. Tout à coup, une pluie s'abat dans la rue et fait un tonnerre du diable sur le toit de la voiture. Je vérifie si les vitres sont bien fermées. En quelques secondes, je ne vois absolument plus rien, tellement il pleut. Je peste. Allez, magne-toi, qu’on se tire d’ici, Zach !

Soudain, on cogne à la vitre, ce qui m’arrache un petit cri peu viril. J'aperçois un mec au visage rougi et boursouflé, bien en colère. Il se protège d’un parapluie, ce qui n’empêche en rien ses épaules d’être trempées. Il me montre méchamment de son doigt boudiné la porte du garage.

— Sortez d’ici et plus vite que ça, sinon, j’appelle les flics ! me crie-t-il, hors de lui.

— Tout de suite, toute suite, monsieur, excusez-moi, je m’en vais.

Je me précipite en prenant la place du conducteur, en me cognant maladroitement le genou contre le boîtier de vitesse. J’efface tant bien que mal la buée pour espérer voir quelque chose, avant de démarrer. Le moteur se met en route, mais s’arrête aussitôt. Je viens de caler comme un débutant. Le mec dehors tambourine sur la tôle de la voiture.

— Oui, oui, ça va, je m’en vais ! crie-je.

Je redémarre la voiture, espérant cette fois-ci ne pas la noyer. Le bruit normal du moteur me satisfait. Rassuré, j’enclenche fébrilement la première et commence à braquer le volant. Le mec impatient, a néanmoins la gentillesse de m’indiquer que je peux y aller sans problème. J’arrive à sortir du premier coup. Personne, hormis cet homme, n'est témoin de ce que je considère comme une véritable prouesse. Sa voiture est devant, ce qui me laisse le champ libre pour reculer. Ma marche arrière est quant à elle laborieuse et je ne préfère pas regarder le mec qui doit halluciner des zig-zag que je fais pour sortir de l’impasse. Je fais demi-tour et fini par trouver de la place pour stationner dans une rue adjacente. J’arrête enfin le moteur, content de moi. Si mon père voyait ça, il me traiterait d’incapable. Aucun risque qu’il m’autorise à conduire sa grosse BMW, une fois le permis en poche. Il veut absolument que je le passe à la fin du mois de juillet, moi, je ne me sens pas prêt. Il me fout trop la pression. Encore une raison de m’engueuler avec lui. Pour l’heure, je souffle de satisfaction.

Il fait pratiquement noir à présent. Seule la faible lumière des réverbères éclaire l’endroit. Il n’y a pas âme qui vive. C’est la tempête. L’écran de mon téléphone s’allume. Nouveau texto. C’est un message d'Olivier. Un gif de deux mecs se roulant une pelle avec un arc-en-ciel au-dessus de leur tête. Je souris, pourtant, je n’ai plus envie de rire. Cela fait déjà 25 minutes que j’ai laissé Zach devant la résidence, et toujours aucun signe de lui. Je décide de lui envoyer un message, peu importe ce qu’il dira. Au bout de cinq longues minutes, toujours rien. Mon deuxième texto reste sans réponse. Commence pas à flipper Manu, il a sûrement une bonne raison.

L’heure tourne et je commence sérieusement à désespérer. Je décide cette fois-ci de lui laisser un vocal. “Zach, c’est pas que je m’ennuie, mais ça commence à faire long. En plus, j’ai dû bouger ta bagnole. Fais-moi signe dès que tu sors”. Mon message s’enregistre. Envoyé.

Rien, que dalle, nada. Quarante minutes que je poirote. Je suis à la fois énervé et inquiet. Il me reste une seule chose à faire : aller le chercher. Je regarde dehors. La pluie continue de tomber affreusement. Tant pis, je n’en peux plus de rester comme ça, à ne rien faire.

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