Le Gouffre

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Au fond d'un jardin, un escalier en colimaçon remontait jusqu'à la surface. À l'abri derrière les bambous, des roches compétentes gravées de signes robustes et anciens en délimitaient son pourtour.

Un ballon tomba dans les escaliers, il glissa et rebondit successivementle long des marches de pierre jusqu'à s'arrêter dans quelque renfoncement en contrebas.

Un petit garçon s'élança. Il dévala les marches, le sourire aux lèvres. La lumière caressait ses cheveux. Son regard brillant vers sa cible rouge, sa marche rapide le conduisit bientôt à la balle. Les murs exsudaient de la sueur.

Une fois la balle ramassée, le temps de reprendre son souffle, le petit garçon leva doucement la tête. La lueur du dehors, désormais, ne filtrait plus que par quelques faibles rayons d'un minuscule point de la taille d'un timbre poste. À ses pieds un précipice sans fond que nul regard vivant ne pouvait percer.

Il entama sa marche. Mais il n'aurait su l'expliquer, la remontée lui apparut plus pénible que la descente. Il sentit un courant d'air chaud s'échappant des profondeurs, une sorte de souffle le ralentissant, le retenant dans son ascension, comme si quelque chose au fond du puits l'avait saisi et l'attirait vers lui. Les marches, plus humides encore qu'à son allée, le faisait glisser, l'empêchant de courir. Les murs semblaient excréter de ses anfractuosités une mousse à l'odeur acre et acide.

Il sentait à chacun de ses pas, ses jambes s'alourdir et s'endolorir à mesure qu'il cherchait à s'extirper de ce gouffre. Le halo de lumière lui apparaissait toujours aussi faible, aussi distant, aussi insignifiant. Derrière lui, il percevait des murmures, des chuchotements, des rires, il ne se retourna pas, car s’il s'arrêtait, ils pourraient bien le rattraper. L'obscurité semblait le suivre, de plus en plus proche, haletant à la mesure de ses pas tandis que les murs se resserraient comme pour sceller sa sépulture. L'air lui devenait irrespirable alors que les derniers rayons qui lui parvenait encore faiblissaient avant de s'éteindre définitivement.

Dans l'obscurité totale, effrayé et exténué, les moiteurs exhalées glissant le long de sa gorge imprégnaient ses tissus et l'empêchaient de crier. Les murmures à ses oreilles devenaient plus insistants. Il sentit quelque chose de solide, humide, chaud, luisant, écailleux, agripper ses jambes, tirer sur ses vêtements, arracher sa peau, déchirer ses yeux. Il s'affaissa en silence. Les ombres recouvrirent entièrement son corps inanimé.

Puis elles se retirèrent, le corps disparu, emporté par le flot, tandis qu'un autre petit garçon commençait le sourire aux lèvres, la lumière caressant ses cheveux, sa descente pour aller chercher le ballon.

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