Chapitre 2 : Le Début De La Fin (Partie 2)
La capitale était plongée dans un chaos inimaginable. La paix et le calme instaurés par la reine avaient disparus en l’espace de quelques heures. Une grande partie de la ville était en feu et les soldats ne pouvaient protéger la population puisqu’elle était elle-même le danger. Et le château, connu pour être imprenable, avait maintenant ses portes au sol laissant l’entrer libre de passage.
Le jeune Yūki avait tenu parole et se tenait en première ligne pour protéger les hommes qui l’accompagnait. Ayant réussi à atteindre la salle du trône Yūki reste sur ses gardes car il n’y avait aucun signe de la reine ou de ses cavaliers depuis le début de la révolution.
En ouvrant les portes de la salle, il trouve une jeune femme à la chevelure bleue, seule, au milieu de la pièce. Il s’approche laissant ses camarades à l’écart du danger que représentait la reine. Il finit par s’arrêter à quelques mètres de celle-ci. Elle continue à observer la lune à travers la fenêtre ignorant la menace qui se tenait à ses côté.
- « Reine Bleue, arrêtez tout ceci ! Rendez-vous et vous obtiendrez la clémence du peuple, tout ce que nous souhaitons est la fin de votre règne ! »
A la plus grande surprise de Yūki, la jeune femme rie doucement à ses paroles.
- « Ce que le peuple souhaite ou... » elle marque une pose pour venir planter son regard dans celui de Yūki « ce que tu souhaites... »
Jetant un coup d’œil à ses alliés, le jeune homme comprends ce que sous entendait la reine. Pour le peuple, elle n’est qu’un ennemi à abattre ne méritant rien d’autre que la mort.
- « Alors dis-moi, es-tu venu m’exécuter ou parler ? Que cela soit l’un ou l’autre tu ne sortiras pas vivant de cette pièce »
- « Vous demandez de vous rendre serait inutile... »
- « Insolent ! Avant d’être la reine je suis la fille du grand général Astreo Bukimi »
La reine sort deux lames, qui étaient plantée dans le sol, pour se mettre en position de combat tant dit que son adversaire hésite avant de faire de même. Le silence s’abat dans la pièce et les deux combattants s’analysent afin de trouver la moindre ouverture.
Après quelques secondes, qui paraissaient interminable, le premier à agir est la reine qui attaque sans relâche son adversaire, Yūki ne peut que se concentrer sur la défense. La reine prend facilement l’avantage et mets rapidement son adversaire en position de faiblesse.
Toutefois, à la dernière minute, lorsque que tout semblait lui réussir et qu’elle allait achever son adversaire, un éclair, d’une couleur jaune pâle, s’abat entre les deux combattants. La reine se recule habilement tout en esquivant les débris du toit qui tombait suite à l’apparition de l’éclaire.
- « Un miracle ! C’est un miracle ! Dieu est de notre côté ! »
L’intervention d’un des paysans, qui n’était jusqu’à présent que de simples spectateurs, ne fit qu’irriter encore plus la jeune femme. Elle observe le toit de la pièce où un énorme trou s’était formé laissant la lumière de la lune s’infiltrer.
- « Comment est-ce possible ? C’est toi le responsable ! »
Pointant Yūki avec l’une de ses lames la reine ne veut lui laisser aucun répits et recommence donc à l’attaquer avec encore plus d’intensité. Puisqu’elle ne peut pas prévoir ce genre de coup, il était plus sage d’en finir rapidement avec ce duel. Cependant, comme si Dieu était réellement contre elle, un autre éclair jaillit propulsant la reine de l’autre côté de la pièce.
Au pied des marches, elle tente de se relever en vain, le coup était si puissant, en plus d’avoir été affligé de si près, qu'elle en a été etourdit.
- « Reine Bleue, si vous continuez ainsi seule la mort vous attends »
- « Cet éclair... je n’ai pas rêvé... cette fois... il provenait de toi... »
La reine se relève avec difficulté en s’appuyant sur l’une de ses armes pour parvenir à tenir sur ses jambes. De son autre main elle se tenait la tête pour remarquer que celle-ci saignait abondamment. Et le regard de pitié qu’avait Yūki renforçait l’irritation qu’elle éprouvait envers lui.
- « Jamais je n’abandonnerais ! Alors prépare-toi à me tuer si tu ne veux pas mourir de ma main»
Encore une fois, c’est la jeune femme qui engage le combat face à la réticence de son adversaire qui montrait trop d’empathie à son goût. Malheureusement, ou heureusement pour certains, la reine était gravement blessé ce qui lui fit faire de nombreuses erreurs. Petit à petit, la défaite de la reine devenait inévitable aux yeux de tous mais pas une seule fois elle pensa à abandonner.
Enfin parvenue à la mettre dans une situation délicate, Yūki n’avait qu’un mouvement à faire pour mettre fin à sa vie, toutefois, il n’en fit rien. Il observe la jeune femme qui avait fini par accepter son sort, elle avait lâché ses armes et était tombé à terre. En fermant les yeux, la tête baissée elle attendait le coup de grâce.
- « Je sais reconnaitre une défaite et cette fois... elle est mienne.... alors achève moi. De toute manière, je suis condamnée. »
- « Je... je ne p-peux pas... tuer quelqu’un... » bégaya le jeune blond
- « Allons, ne joue pas les innocents, j’ai bien dû tuer une de tes connaissances ou même un membre de ta famille ! Sers-toi de cette haine ! »
- « Mais est-ce une raison pour vous tuer ? Une vie pour une vie ? Je ne m’abaisserais pas à ce genre de justice »
- « Très bien, alors ce sera la potence qui me libera » soupira-t-elle
Le jeune homme voulait continuer cette conversation mais ses compagnons en ont décidés autrement. Ils attachent la reine sans attendre une seconde de plus afin de la diriger dans les cachots pour attendre son exécution.
Abandonnée et enchainée au fin fond de son château, la reine ressentit une légère nostalgie face à cette situation.
Dehors, le village fête la nouvelle de la fin du règne de la terreur et de la mort prochaine de la Reine Bleue. Les rires et la musique parviennent jusqu'à la cellule faisant doucement sourire la reine. Elle aussi rit de son sort. Et lorsque le silence commence à s’installer, le soleil en fait de même, annonçant ainsi le début des exécutions.
Perdue dans ses pensées, c’est un bruit métallique qui la ramène à la réalité. La porte de sa cellule s’ouvre laissant apparaitre un jeune garçon dont l’âge ne devait pas dépasser les 13 ans. Tout en tremblant, il s’avance pour s’arrêter à quelques mètres de la reine, il tend la main pour lui montrer qu’il avait dérobé les clés.
- « Que me vaut l’honneur d’une visite à une heure si matinale ? »
- « J-Je... vous... »
Le bégayement et l’attitude en général du garçon agace fortement la reine. De plus, elle n’avait jamais apprécié la compagnie des enfants à cause de leur nativité et simplicité d’esprit.
- « Si tu es juste venue pour trembler sans même être capable de faire une phrase correcte et complète... et bien reprends les clés et retourne chez toi. De toute manière, cela vaut mieux pour toi, si on apprend tes actions qui sait... tu vas peut être avoir ta place à côté de moi sur la potence »
- « D-Dimitri »
- « Comment ? En quoi ton nom peut m’intéresser ? Ne me fais pas perdre mon temps...»
- « C-C’était le nom de mon père... que vous... que vous avez exécuté ! »
- « Si tu es venue me crier dessus ou encore m’insulter attends que cela soit sur mon cadavre, j’en ai plus qu’assez des enfants qui ne savent que hurler »
Le dédain avec lequel elle s’adressait au jeune garçon avait l'effet contraire de ce qu’elle planifiait, il trouvait peu à peu plus de courage pour la confronter.
- « Si vous me révélez pourquoi vous l’aviez tué et comment est-il mort alors... je vous laisserais sortir ! »
- « Pour regretter chaque matin en te réveiller d’avoir libéré une monstruosité comme moi ? Crois-moi, tu ne veux pas. Mais soit, j’accepte ta requête, j’ai juste besoin que tu me donne plus d’information sur ton père. »
Après avoir réfléchie, et par chance que le père soit mort il y a seulement quelques jours, la reine parvient à se souvenir de l’homme en question.
- « Ton père était un exemple »
- « Un exemple ? »
- « Effectivement, je l’ai exécuté pour prévenir que quiconque oserait se rebeller serait tué sans une once de pitié. Se sont donc ses fréquentations et ses idéaux qui l’ont amené à sa mort.»
- « Père... »
Les larmes du petit garçon coulent à flots sur ses joues ne pouvant se retenir une seconde de plus. Après s’être calmé et lorsqu'il commence à détacher la reine, comme il avait promis, celle-ci l’arrête d’un geste de la main.
- « Ne sois pas stupide, ces hommes éprouvent tellement de rage envers moi, que si ils apprennent que tu m’as aidé à m’échapper, ils seraient bien capable de te faire pendre à ma place. »
- « Ne montrez pas de la bienveillance envers moi ! Je ne le fais pas pour vous mais je tiens toujours mes promesses. » - rétorque le garçon les mains encore tremblante
- « Penses-tu que la mort est un prix à payer pour la vérité ? Si oui, alors tu devras endurer toutes les souffrances de ce monde pour n’en apprendre qu’une parcelle. Et si tu t’en veux pour avoir brisé une promesse envers une criminelle comme moi, je suis dans le regret de t’annoncer que tu en briseras bien plus, sans même le vouloir. »
- « Pourquoi ? Je n’arrive pas à vous comprendre »
- « Ne te perds pas à essayer, j’ai tenté moi aussi de me comprendre mais, encore à ce jour, je suis un véritable mystère pour moi-même. Et puis... penses-tu réellement être capable de libérer l’assassin de ton père ? »
Les paroles et le regard froid de la reine dissuade le garçon de faire un mouvement de plus. Il se retourne pour sortir de la cellule, toutefois, avant de franchir la porte, il jette un regard vers la reine pour lui poser une dernière question.
- « Je m’appelle Drayne et vous ? »
La reine relève la tête, surprise par cette question, elle rit légèrement avant de répondre au jeune garçon.
- « Elayne »
- « Très bien, je me souviendrais de vous »
- « Comme tous, non ? »
- « Je rectifie. Je me souviendrais de vous en tant que Elayne et non la Reine Bleue. Je vous déteste quand vous êtes la Reine Bleue mais je ne peux m’empêcher d’éprouver de la compassion quand vous êtes vous-même. Merci pour toutes les informations. »
- « Tu es intéressant pour un enfant... très bien, Drayne, je me souviendrais également de toi, puisses-tu avoir de la chance dans ta vie futur. »
Quelques minutes après le départ de Drayne, plusieurs hommes sont venus chercher la reine pour la diriger vers l’échafaud. Tout était prêt, il restait même un cadavre pendu comme un vulgaire bout de viande.
La jeune femme avance, la tête haute, ignorant les insultes des spectateurs et atteint rapidement sa destination.
Le temps semblait s’être allongé.
Tous mouvements ralentis.
La corde autour du coup, la reine regarde une dernière fois le ciel qu’elle a tant admirée avec dégoût.
En bas, quelqu’un dans la foule s’agite et tente désespérément de se frayer un chemin.
Il est trop tard.
La main du bourreau est déjà sur le mécanisme.
Et comme pour signer un adieu à ce monde, la reine sourit, tout en observant la foule qu’elle dénigrait jusqu’à présent, pour leur offrir dans un dernier soupire ses derniers mots.
- " Pas si stupide que cela finalement..."
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