Lettre de rupture à l’écriture
Tu veux que je te dise ? Tu mérites même pas que je t’écrive.
Trop parlé, trop blablaté, déjà, avec toi.
Stop, suffit, finit, oublie.
Qu’est-ce tu veux que je te dise à la fin ? Rien à te raconter, à converser. J’t’ai tout avoué, confié le moindre de mes petits secrets. Joies, rêves, malheurs, douleurs, rencoeurs, erreurs, délivrances, espérances et même parfois rien. Des fois, y a rien qui sortait de ma main. Du vide en vain.
J’avais beau essayer d’y mettre du cœur, des métaphores, des anaphores, d’la stylistique à la manière de… ta figure restait la même, blême, artificielle.
Ça se commande pas ces choses-là.
Je peux m’poser, dans tous les sens, chercher l’essence de tous nos sens, si y a pas d’transe, la musicalité n’a pas de danse. Densité épuisée mot par mot.
Plus je te cherche, plus je te perds dans des conversations sans fonds, sans intentions ni directions, inutiles, sans raisons.
Alors s’il te plaît, lâche-moi ! Lâche-moi ! Ne reviens pas me tenter le soir dans mes draps ! Quand je pars en délire, en désir de m'rattacher à toi. Quand je sais que si je me lançais, ça s’rait extra, que je pourrais continuer, à m’ouvrir à toi, à m’vider de mes états, à nous surprendre dans de tels ébats. Débats incontrôlables quand ça commence, cadence enivrante de nos sens. On ne fait plus qu’un, personne ne pense, ni toi, ni moi, sa vient, c’est tout, c’est bien. Et puis, plus rien. L’imagination s’épuise et se puise sur de l’acquis. Ça m’paralyse. Impossible d’aller plus loin . Même trin-trin, même quotidien, même refrain.
Ça y est, ça commence, je manque d’inspiration à ma réflexion. Manque d’ambition à notre dernière conversation.C’est pourtant pas qu'j’ai rien à t'dire mais parfois mieux vaut s’abtenir ; s’arrêter là, qu’essayer de broder sur du papier des mots usés, passés. Je risquerai de devenir vulgaire et précaire, faire des fautes et raturer la pensée.
C’est définitif, je ne t’écrirai plus mais je garde chaques traces de notre vécu. Du simple mot à la longue phrasée, notre rupture est marquée ; mais réponds moi s’il te plaît.
2010
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