Et pourtant,
C'est si bon de sentir le vent sur son visage, les poils qui se hérissent au contact de la fraîcheur, le souffle qui s'intensifie, les battements de cœur qui résonnent dans tes tempes.

Aimer courir, c'est aussi aimer la performance, Aller toujours plus vite, toujours plus loin, à la poursuite du temps. Le rattraper, lui lancer le défi d'une course déjà perdue d'avance. Pour moi je veux dire. Car le temps gagne toujours. Qu'il me file sous le nez ou qu'il me colle aux baskets comme un chewing-gum déjà mâché et sans saveur, il me nargue comme du chocolat quand je suis à la diète.

Et pourtant,

Je veux continuer de croire qu'un jour je serai le grand vainqueur de ce marathon. Enfoncer mes pas dans la terre, laisser de grandes traces d'enjambées. Une manière de se sentir existé et perduré.

On ne part jamais à point, on n'est jamais prêt pour le grand départ. Il y aurait tant de choses à faire si on était resté. C'est pour ça qu'on est tenté de repousser le top du grand sifflet.

Courir permet de prendre de l'avance pour mieux reculer, de rester échauffé à toute éventualité.

Je pars ou je reste ? Je cours ou je marche ? Et bien danse dans fourmi !

Partir pour mieux rester, rester pour mieux partir. Le temps de me décider, je suis en retard mais arrivée ! Peut-être pas là où je voulais, où j'avais imaginé. Je suis allée tellement vite que je n'ai pas vu le panneau, mais j'ai retrouvé sur la route un drôle d' oiseau. J'ai voulu monter sur ses ailes mais il m'a dit que c'était trop tôt. J'ai donc poursuivi mon chemin, elle était là, elle me tendait la main.

A tous ceux qui sont à l'heure, attendez-moi, j'arrive dans un quart d'heure, bien transpirante et dégoulinante de sueur. Les pommettes rosées, le lacet défait et l'aventure à mes côtés. Tant que je continue, elle m'a dit qu'elle me suivra, si je m'arrête, elle poursuit ses pas.

Je sais pas vous mais moi je fonce, je ne voudrais pas perdre une si belle rencontre. Les courbatures et les points de côté ne me font pas peur.

Rien de sert d'être à point, il faut rester coureur.

2014