Une dernière cig-arrête
Il est 3h du matin, à la fenêtre de mon balcon, clope au bec, j'observe le pavillon.
Je cherche le passant, la voiture sur le pont.
J'aperçois deux, trois fenêtres lumières allumées. Des carrés jaunes au milieu d'un cube de béton.
Que font-ils, à quoi pense-t-il, rêvassent- ils ?
Sont-ils eux aussi accoudés à leur fenêtre, l'esprit vagabond, à se demander ce que fait ce c... Je devrais dire "conne" je suis une femme, mais le rythme me l'interdit, pas le fait d'être malpolie.
Insomnie, au milieu de cette ville endormie, depuis plusieurs nuits... ça y est, je deviens lourde, je me juge.
Depuis plusieurs jours, je dois lutter contre ces mauvaises pensées. Je prends la plume, j'ai besoin de devenir, redevenir, créatrice. J'ai besoin d'inventer, de, réinventer cette nouvelle vie que je ne connais pas, qui s'offre à moi, comme si elle voulait me dire quelque chose. Comme si, durant ces minutes, ces heures où je ne dors pas, j'allais trouver dans le son du "tic tac", une, des réponses qui sonneraient à moi.
Je reprends une bouffée de cigarette, pour mon inspiration.
Dans le mot "cigarette", il y a le mot " arrête", dans le mot "inspiration" il y a le mot...
Ça y est, un klaxon ! Enfin du son ! Le bruit d'une voiture qui passe, le bruit de l'air qui brasse.
Ma clope est finie. Je bois une gorgée d'eau. Ça serait quand même pas le moment de picoler. Quoique...
Aujourd'hui, je suis retombée sur un vieux texte, écrit dans ma vingtaine.
Le rythme était bon, j'étais pas si mauvaise à l'époque. D'ailleurs, comment j'ai fais pour régresser comme ça ?"
L'écriture c'est comme le vélo, ça s'pratique ou tu t'essouffles vite.
Ce texte s'appelle "chronique de nos vies". On voulait monter une histoire avec une vieille amie, j'ai failli dire "vieille conne", c'est pas gentil. Bref, on est plus amie, mais elle écrivait bien, cette conne. On voulait écrire l'histoire de deux amies qui s'écrivent pour se raconter leur vie, roman épistolaire quoi, rien d'extraordinaire, plutôt banal quoi .... Mais combien y a t il d'histoires d'amour qui ne se ressemblent pas ?
Ce qui compte c'est ce qu'il se raconte...
Ça serait cool de reprendre l'idée ? .... la flemme.... ?
J'ai arrêté de regarder par la fenêtre, je suis plongée sur mon carton, à gribouiller c'qui tourne pas rond chez moi.
Je me re-roule une clope, après celle-ci j'vais m'coucher. Peut-être que demain je publierai ce texte ; avec une belle photo, une belle photo de voyage, ça passera mieux. Je signerai "écrivain" ou " artiste inconnu". Je vais quand même pas signé "Bouddha". Quoique...
C'est un coup, cette nuit, Bouddha ou Dieu, ou l'messager d'l'univers communique à travers moi...
Je relève la tête de mon carton, je regarde par la fenêtre, on sait jamais...
Tiens, au loin, des grosses lettres fluorescentes. Illisible, peut-être un hôtel ou peut-être un message subliminal de Bouddha. Je me rapproche, je plisse les yeux. Putain, ça fait 2 ans et demi que j'habite ici, je devrais savoir ce qui a marqué ! Bon c'est trop loin, j'arrive vraiment pas à décrypter, désolée Bouddha.
Ma deuxième clope est toujours pas finie. Je me crame les poumons pour rien. J'ai pas envie de dormir mais j'ai pas envie d'aller me coucher, ou le contraire, je sais pas. Je rebois une gorgée.
Cette fois on dirait le bruit d'un train ! C'est pas possible ! Ça doit être le fruit de mon imagination, il est 3h passées, le monde dort et les trains aussi.
Je mettrai une belle photo de voyage demain.
Ce texte est long, personne ne le lira. L'idée serait peut-être que les gens l'écoutent.
C'est ça, je vais lire ce texte à la manière d'un podcast. Oui c'est ça, d'une voix douce, sans trop d'intention, une voix qui berce, qui transperce les rêves, l'image comme point de départ, pour tous les insomniaques comme moi.
J'écrase ma cigarette, " arrête", j'vais me coucher.
Signé Bouddha.
2020 - Covid
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