— Bon, nous arrivons à la question cruciale : est-ce que vous voulez connaître le sexe ?

— Non, non, on préfère garder la surprise !

— Mouais, comme je dis à mes patients "50% de risques d'avoir un gars" ! Mais puisque c'est votre choix, Je ne dirai rien sur ce que je vois à l'écho. T'façon, c'est trop tard maintenant, vous avez pris pour perpète.

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— Alors ? Tu sais enfin si c'est une fille ou un garçon ?

— Je sais pas.

— Mais à six mois de grossesse la gynéco devrait pouvoir te dire...

— C'est un gynéco.

— Ah bon, c'est bizarre quand même d'aller voir un homme pour son suivi de grossesse. Moi, je n'aimerais pas, c'est trop intime. Ça ne te dérange pas toi ? Tu penses qu'il est compétent s'il n'a pas vu le sexe ?

— Bien sûr qu'il est compétent. Un peu sexiste, mais compétent. Et il a bien vu le sexe du bébé. C'est juste qu'avec Bruno, on est d'accord pour garder la surprise jusqu'au bout.

— Comment vous allez faire ?

— Comment faire quoi ? Tu sais la grossesse, l'accouchement, tout se déroule pareil qu'on attende une fille ou un garçon.

— Bien sûr, mais pour l'organisation ? Tu ne vas pas pouvoir anticiper tes achats, choisir les vêtements, les doudous. Bon, à la rigueur il y a des choses assez neutres pour la poussette, le siège-auto et le lit. Oh, mon dieu ! Comment vous allez faire pour la chambre ? Tu ne te rends pas compte du travail que ça demande. Vous ne pourrez pas peindre les murs et installer la déco une fois que le bébé sera là. C'est de la folie !

— Euh, c'est juste un bébé. Tant qu'il peut manger, dormir et être propre, je ne suis pas persuadée que la couleur de la turbulette ait une importance.

— Au contraire, chaque détail a son importance et contribuera au développement de sa personnalité : couleurs, vêtements, jouets, manière de lui parler, éducation, activités extrascolaires, études, fréquentations...

— Oui, enfin, on n'en est pas encore là. Il n'est même pas né ce bébé.

— Tu vois, tu ne peux pas te projeter parce que tu ne connais pas le sexe !

— Pardon, mais j'arrive très bien à me projeter : tétées, câlins, promenades, chansons, rires, histoires. Vous m'énervez tous, là, avec cette question du sexe ! Et même si ça n'a pas l'air de beaucoup t'intéresser : le bébé va bien ! Il est en bonne santé !

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— Et voilà Madame ! Un p'tit pisseur ! C'était du beau travail, bon courage pour la suite maintenant !

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—Toc, toc, toc, je peux entrer ?

— Bonjour maman. Je suis contente que tu sois venue me rendre visite.

— Alors ? Où est la petite merveille ? Quand je pense que tu n'as rien voulu me dire au téléphone. J'ai une petite-fille ou un petit-fils ?

— Regarde dans le berceau.

— Oh ! Elle dort. Trop mignonne. Ohlalala, ce petit nez et cette petite bouche. Elle te ressemble tellement dans ce pyjama.

— Maman, je te présente Achille.

— Achille ? Mais c'est un prénom de garçon ?!

— Oui, c'est mieux un prénom de garçon pour un garçon.

— Mais tu lui as mis le pyjama que tu portais à ta naissance ?

— Ben oui, je trouvais rigolo qu'on ait porté le même.

— Mais c'est un garçon !

— Maman, c'est un pyjama jaune avec un papillon !

— Et une fleur !

— Toute petite. Et Achille reste un garçon dans son pyjama jaune.

— Tu devrais faire attention, je l'ai quand même pris pour une fille.

— Tu l'as pris pour moi à cause du pyjama et de notre ressemblance. Ne t'inquiète pas, le personnel de la maternité ne s'est jamais trompé.

— Quand même, quand même... Tiens. Comme je ne connaissais ni le sexe ni le prénom, j'ai pris que des bodies blancs. Tu sais que tu m'as pas facilité la tâche. C'est difficile de trouver des vêtements neutres.

— Oui, j'en ai vaguement entendu parler.

— Mais maintenant "mamie va pouvoir se lâcher pour faire plaisir à son petit trésor".

— Maman, tu vas le réveiller si tu le tripotes comme ça.

— Allez, je peux le prendre, je ne vais pas pouvoir rester longtemps.

— Ai-je le choix ?...

— Viens-là mon poussin. C'est mamie. Ne t'inquiète pas mon bouchon, tu es un garçon, mais tu as la chance de naître à cette époque. Si ta mère parvient à t'habiller plus à ton avantage, tu seras beau comme un coeur et tu feras tourner la tête de toutes les demoiselles. En plus ton papa t'apprendra tout ce qu'il faut pour bien s'occuper de la maison.

— Maman, laisse le tranquille. C'est qu'un bébé, il a bien le temps de grandir.

— Oui, mais tu verras ma chérie, le temps passe bien trop vite.

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— Salut ma Coco ! Je suis passée prendre de tes nouvelles et voir Achille.

— Salut Sophie, entre ! On va s'installer au salon.

— Bruno n'est pas là ?

— Non, il est à son rendez-vous médico-paternel. Tu sais, l'entrevue avec un psy. C'est obligatoire à la troisième semaine après l'accouchement avec le congé parentalité.

— Tu ne l'as pas accompagné ?

— Non, c'est mieux qu'il soit seul, pour qu'il puisse débriefer librement sur sa couvade, l'accouchement, ses premières semaines de père.

— Sûrement et comme ça il sera plus dispo pour toi après avoir pu discuter. Tiens, c'est pour Achille.

— Merci, il fallait pas.

— Oh, c'est pas grand chose. J'avais préféré attendre de savoir si c'était une fille ou un garçon pour choisir un doudou.

— Un pingouin et un hippocampe ? Et en quoi c'est plus ... garçon ?

— Ben deux animaux mâles qui s'occuppent de leurs petits ! Attends c'est toi la mère qui devrait savoir ça !

— Et par curiosité, qu'est-ce qu'il y a au rayon filles ?

— Une abeille, une mante religieuse, une...

— C'est bon, c'est bon,... je sais pourquoi je n'aime pas faire les magasins.