Chapitre 2
Je sors par la chatière, balançant lentement ma queue à un rythme martial sous le doux soleil froid, ce soleil pourceau qui annonce le printemps et l’éveil de mes pulsions sanguinaires. Je m’installe sur le muret, ronronne de plaisir, je crame de froid, et guette l’horizon arrêté par les hautes parois des maisons riveraines. Je me sens presque maître suprême de ce monde resserré. Presque. Car un égosillement incessant m’empêche de me sentir seul. C’est le canari des voisins qui fait encore des siennes. Devrais-je… les libérer de ses piaillements ? C’est presque de l’humanitaire. Un cadeau que je leur fais. Il s’agit de leur éviter de tester leur longanimité. Je me voyais déjà érigé en héros du voisinage, sans me douter que je risquais les fourches, l’avanie et l’échafaud à chat pour canaricide.
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