Les deux veufs
Le vent tomba, la tempête était passée. La plage,malmenée jusque-là, retrouva son calme et l'océan serein, se remit à battre le rivage de ses vagues légères. Le ciel se déchira délicatement faisant naître des rayons teintés de bleu et de rose qui balayèrent le paysage marin. Sur la surface de l'eau se refléta alors la lumière suave de cette journée estivale. Nous marchâmes un long moment, silencieux, côte à côte. Gustave, les mains dans le dos, les yeux tournés vers le lointain, semblait en suspend tout comme l'air que nous respirions.
Je remplis mes poumons de la brise salée qui venait du large puis, prenant courage, je lui proposai de devenir sa femme pour qu'enfin nos solitudes respectives de veufs, se sentent allégées.
Il fit une halte, contempla encore un long moment l'horizon, alors ses yeux profonds se posèrent sur moi. - Pensez-vous qu'il faille nous marier pour apprécier nos compagnies mutuelles ? Je restai interdite, doutant du bien fondé de ma proposition et fis un pas de côté. - Non, certes, le mariage n'est pas une obligation, mais il aurait l'avantage de couper court aux rumeurs qui nous unissent dans le même lit. Expliquai-je quelque peu décontenancée.
Il redressa son buste fièrement, passa son bras sous le mien et d'un ton soudainement amusé me dit : « Et bien mon Amie, courons vite à la mairie officialiser nos batifolages ! »
Les embruns formaient au loin de beaux chevaux blancs et mousseux qui rejoignaient le ciel.
- Gustave, je ne vous parle pas d'amour, mais de bienséance. Insistai-je blessée. - Vraiment ? Je crus comprendre le contraire ! Fit-il me fixant de toute sa hauteur, un sourire aux lèvres. Je rougis comme une jeune fille de vingt ans, il avait fait mouche.
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