Lettre au Silence
Je n’écris pas pour que tu me répondes. Je sais que tu ne le feras pas.
Je t’écris parce qu’il ne me reste plus que ça.
Des mots… qui s’écrasent contre ton absence.
Depuis que t’es partie, je n'ai plus rien compris.
Le monde tourne toujours. Oui, il tourne, mais à l’envers.
Avec toi, les couleurs, les odeurs, les saveurs, sont parties.
Tout a ce goût de cendres, un goût de fin de feu qu’on n’a pas vu s’éteindre.
J’ai cherché ton rire dans les murs, ton parfum sur mes draps, ton ombre dans les miroirs.
Mais y a rien. Que le vide.. et moi.
Tu sais, j’ai pas pleuré. Pas vraiment. Pas parce que je suis fort mais parce que je suis sec. Comme un arbre crevé de l’intérieur. Debout encore, mais mort depuis longtemps.
Y en a qui me disent de passer à autre chose.
Qu’il faut tourner la page.
Mais y a plus de livre. Tu étais tout le chapitre.
Alors j’ai regardé la corde, l’eau, le vide.
Et je me suis dit : « Peut-être que là-bas, je te retrouverai. »
Peut-être qu’en franchissant le seuil, je t’entendrai encore dire mon nom…
Mais même ça… même ça, je sais pas si j’en ai la force.
Parce qu’au fond, tu ne l'aurais pas voulu.
Tu voulais que je vive, même sans toi, même après.
Tu voulais que je t’écrive. Alors j’écris. Une dernière fois.
Je t’aime.
Et si demain je ne me lève pas…
C’est pas que je me suis perdu, c’est que je suis parti te rejoindre.
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