Chapitre 5
Le véritable pouvoir de l'attraction réside dans la manière dont elle manipule les désirs, faisant des cœurs des marionnettes prêtes à tout pour obtenir ce qu'elles convoitent. » Khalis.
Amiel poussa la porte de sa villa, visiblement épuisé. Les cours avaient été éprouvants, une succession interminable de conférences monotones et de discussions stériles qui l’avaient vidé de toute énergie. Sa patience, déjà mise à rude épreuve, atteignait ses limites.
À peine avait-il franchi le seuil que Leven, son bras droit et ami de longue date – ou cet enfoiré, comme il l'appelle souvent – l’accueillit avec un sourire narquois.
— Alors, le grand Khalis Ramirez Orlando, épuisé par quelques cours d’université ? Je te pensais invincible pourtant !
Qu’est-ce qu'il n'aurait pas donné pour faire disparaître ce sourire ridicule de son sale visage... Amiel lança un regard noir à Leven, sentant l’irritation monter en lui.
— Tu n’as rien de mieux à faire que de me chercher des noises ? Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas te voir assis sur mon bureau quand je reviens. T’as vraiment rien d'autre à faire ?
Leven rit doucement, visiblement amusé par l’agacement d’Amiel. Cela faisait longtemps qu'il n’avait pas vu son pote aussi sur les nerfs. La dernière fois, c’était quand il avait donné l’ordre de faire exploser l’unique entreprise d’un homme, qui était encore au chômage depuis...
— D’ailleurs, Khays, tu n’as pas changé. Ça fait un moment que je ne t’avais pas vu comme ça.
— Ça fait aussi longtemps que je n’ai pas été aussi fatigué de ma vie, rétorqua Amiel en soupirant.
__ Je te dis tout de suite, on ne peut pas brûler l’école.
Khalis lui lança un regard noir, coupant court à toute plaisanterie.
— J’ai toujours détesté étudier, Leven. À moins que ça ne me permette de gagner plus de pouvoir ou d’argent, alors là, je m’y mets, figure-toi, répliqua-t-il avec une ironie mordante.
Leven haussa les sourcils, amusé.
— Je n’oserais jamais en douter, chef. Je présume que c’est pareil pour les femmes ?
Amiel haussa les épaules avec un sourire méprisant.
— Les femmes tombent toutes à mes pieds, Leven. C’est un fait.
N'importe qui aurait compris qu’il n'était pas d'humeur à discuter, mais Leven, toujours en quête de taquineries, ajouta :
— Et la petite rousse, Aella ? Elle aussi ?
Amiel, irrité, frappa la table.
— Pourquoi cette gamine revient-elle sans cesse dans nos discussions ? À part ses yeux, je ne vois pas ce qui mérite qu’on en parle. Elle ne vaut pas qu’on perde du temps avec elle. Parle-moi plutôt de la soirée chez Sterling.
Leven, comprenant qu’Amiel était déjà à cran, adopta un ton plus sérieux.
— D’accord, Khays. La soirée chez Mickaël Sterling est une soirée masquée. Les invités sont des figures influentes, et Sterling semble avoir des informations cruciales sur le projet du Baron. Nous devons nous y rendre pour récupérer ces informations.
— Laura nous a obtenus des billets d'invitation ?
— Oui, pendant que vous serez dans la salle, je m’occuperai de tout en coulisse.
— Arissa t'aidera à distance depuis la salle de réception. Je serai dans la salle avec Laura.
— Très bien, je vais tout finaliser.
Khalis le regarda partir se mettre au travail. C’était leur première mission depuis des semaines dans cette ville ennuyeuse, et une chose était sûre : ils ne pouvaient rien laisser au hasard. Son oncle était méticuleux dans ses affaires.
C’était la règle d’or d’une mafia : une seule erreur pouvait te coûter la vie, mais une seule tête allait tomber, et ce serait celle de Santiago Ramirez.
**Le lendemain soir**
La villa de Mickaël Sterling était illuminée, baignant dans une lueur dorée qui se reflétait sur les murs de marbre. Les invités, tous dissimulés derrière des masques élégants, se mouvaient avec une grâce presque théâtrale, comme s'ils participaient à une danse de l'ombre. L'atmosphère était empreinte de mystère, chaque sourire cachant un secret, chaque regard dissimulant des intentions floues. L'air était saturé du parfum capiteux des fleurs, mêlé à celui des cigares et des vins rares.
Le thème de la soirée : *La Vallée des secrets*.
L’ambiance était à la fois mystérieuse et festive. Chaque sourire, chaque regard était voilé par l’anonymat qu’offraient les masques.
Amiel Orlando pénétra dans la salle de bal, le silence se faufilant à sa suite comme une ombre fidèle. Drapé dans un costume noir taillé à la perfection, il semblait incarner l'élégance elle-même. Son masque, de velours sombre, cachait la moitié supérieure de son visage, mais laissait entrevoir ses yeux d’un vert pénétrant, qui brillaient sous la lumière tamisée comme des émeraudes enchâssées dans la pénombre
Il aimait attirer l'attention... Non c'était l'attention qui était captivé par lui.
À ses côtés, Laura Bennett était tout aussi envoûtante, sa robe rouge écarlate traînant derrière elle comme une flamme. Elle tenait Amiel par le bras, le guidant discrètement à travers la foule dense.
— Les invités sont déjà rassemblés, murmura-t-elle à Amiel, ses lèvres presque invisibles derrière son propre masque de dentelle. Mickaël Sterling est dans le coin nord-est de la salle, entouré de ses habituels soutiens financiers. Il sera réceptif, si on joue bien nos cartes.
Amiel inclina légèrement la tête en réponse, son regard balayant la salle avec une précision calculée. Il avait l’esprit en alerte, chaque fibre de son être tendue vers un seul objectif : Mickaël Sterling.
Un homme d'affaires russe, qui, malgré son statut de réfugié, avait monté une entreprise américaine capable d’administrer l’énergie biodégradable de cinq grandes villes. Un génie, oui, mais la vraie question restait : où avait-il trouvé les ressources pour financer ses projets ? Je vous laisse deviner...
À l'autre bout de la salle, Arissa se tenait immobile, dissimulée dans l'ombre d'une colonne, son masque orné de plumes noires. Elle surveillait discrètement les alentours, prête à intervenir à tout moment. Son souffle était lent, calculé, tout comme ses mouvements. Tandis que, Leven avait déjà pénétré dans le bureau privé de Sterling, profitant de l'agitation dans la salle pour s'infiltrer sans être vu.
Amiel, toujours en contact avec Leven par l’oreillette dissimulée sous son masque, entendit un léger murmure..
— Je suis à l’intérieur, murmura Leven à travers l’oreillette. J’ai piqué l’uniforme d’un garde du corps, et je me dirige à présent vers son bureau.
— Dépêche-toi, j’approche de la cible, répondit Amiel en balayant la salle du regard.
Laura s’approcha alors de Mickaël Sterling, qui était entouré d’un petit groupe d’hommes d’affaires. Elle s’inclina légèrement, l’air respectueux, et introduisit Amiel.
— Monsieur Sterling, permettez-moi de vous présenter Amiel Khalis, un homme d’affaires latino qui serait très intéressé par une discussion avec vous.
Sterling, d’une cinquantaine d’années, élégant dans son costume gris clair, hocha la tête avec un sourire affable. Amiel remarqua que bien qu’il ait commencé la soirée avec un visage jovial, son expression s’était rapidement durcie lorsqu’ils abordèrent les affaires.
— Ah, Monsieur Khalis, un plaisir de vous rencontrer. Laura m’a beaucoup parlé de vous. Vous êtes plus jeune que je ne le pensais, lança-t-il, sceptique.
— J’ai aussi entendu parler de vous, Sterling, et je dois dire que ce que j’admire le plus chez vous, c’est que vous ne jugez pas sur les apparences, répliqua Amiel avec un sourire rusé.
Mickaël Sterling éclata d’un rire sincère avant de hocher la tête.
— Je vois que je ne perdrai pas mon temps avec vous, Seigneur Khalis... Laissez-moi vous présenter une jeune femme prometteuse.
Amiel tourna alors son regard vers une jeune femme qui s'approchait avec grâce, traînant une robe de satin couleur champagne. Ses cheveux relevés en un chignon sophistiqué laissaient apparaître un cou gracile, et un masque assorti couvrait la moitié de son visage, ne révélant que ses yeux lumineux.
Sterling posa une main affectueuse sur l’épaule de la jeune femme.
— Voici Miss Aella Bailey, ma stagiaire. Une femme intelligente et d’une grande valeur, je dois le dire.
Amiel resta un instant silencieux, captivé par la beauté et l’élégance de la jeune femme.
*Aella Bailey...* pensa-t-il, le nom résonnant dans son esprit. Il ne la quittait pas des yeux, intrigué par l’aura de grâce qu’elle dégageait.
À cet instant, elle lui parut comme une princesse du désert, et il se sentit, lui, comme un prince du même désert, mystérieux et fascinant. Bien qu’il maintînt une apparence calme et charismatique, son esprit était en ébullition.
— Enchanté, Miss Bailey, dit-il enfin en inclinant légèrement la tête.
Elle ne pouvait pas le reconnaître derrière son masque, et même si elle le faisait, cela ne changerais rien du tout.
Aella lui sourit poliment, ses yeux curieux derrière son masque. Avant qu’elle ne puisse répondre, la voix de Leven résonna à nouveau dans l’oreillette.
— Amiel, j’ai trouvé les documents, mais je crois qu'on a un problème.
Amiel, se ressaisissant, tourna son attention vers Sterling, prêt à poursuivre la conversation, tout en gardant un œil sur Aella. Elle l'intriguait plus qu’il ne l’aurait voulu, et cela l'inquiétait.
— Je m’en charge, chef, murmura Arissa à travers l'oreillette.
Amiel acquiesça et reporta son attention sur Sterling et sur son assistante qui se révélait...
Sotte d'être ici.
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