Chapitre 8
Les plus dangereuses vérités sont souvent déguisées en mensonges innocents. Inconnu
Aella émergea doucement d’un sommeil agité, ses paupières lourdes s'ouvrant lentement. Une sensation d’étourdissement l'envahit tandis qu'elle essayait de remettre de l'ordre dans ses pensées. Elle cligna plusieurs fois des yeux, tentant de reconnaître son environnement. Le plafond au-dessus d'elle était orné de moulures élégantes, et des rideaux épais couvraient les fenêtres, baignant la pièce d'une lumière tamisée.
Elle fronça les sourcils, son esprit encore embrouillé. Où était-elle ? Ce lieu ne lui était pas familier. Elle se redressa brusquement dans le lit, les couvertures de satin glissant sur ses jambes. La dernière chose dont elle se souvenait… C'était la nuit, la fête, l’attaque. Et Amiel. Oui, elle s’était évanouie dans ses bras. Mais après cela ? Le vide complet.
Elle baissa les yeux, et son souffle se coupa un instant. Elle portait une chemise de nuit en soie blanche, délicate et visiblement coûteuse. Ses vêtements avaient été changés. Son cœur se mit à battre plus fort, la panique montant en elle. Qui l'avait changée ? Et pourquoi ?
Elle chercha frénétiquement des signes de ce qui s’était passé, mais son corps semblait indemne. Son souffle s’accéléra, tandis qu’elle se recroquevillait légèrement sur elle-même. Était-ce Amiel ? Ou quelqu'un d'autre ? Son esprit tournait, la laissant submergée par une vague de confusion et d'inquiétude.
Elle tenta de calmer sa respiration, posant une main tremblante sur son front. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était quelque part, probablement chez Amiel, mais l'idée que quelqu'un ait pris soin de la changer, alors qu’elle était inconsciente, la troublait profondément.
Un frisson parcourut son dos lorsqu’elle réalisa à quel point elle se sentait vulnérable. Elle tourna la tête, scrutant la pièce avec plus d'attention. Tout ici dégageait une opulence raffinée : les murs de couleur crème, les meubles en bois sombre et les touches de luxe ici et là, rappelant le style impeccable d'Amiel. Mais elle se sentait étrangère dans ce genre d'endroit.
Elle passa une main dans ses cheveux, essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Elle devait comprendre ce qui s'était passé. Où était Amiel ? Pourquoi l’avait-il amenée ici ? Et surtout, que voulait-il ?
Soudain, la porte s'ouvrit doucement, la faisant sursauter, laissant entrer une lumière plus vive depuis le couloir. Aella retint son souffle, ses yeux s’écarquillant alors qu'elle tentait de deviner qui venait d’entrer. Amiel se tenait là, imposant, vêtu de noir, son regard perçant balayant rapidement la pièce avant de se poser sur elle. Il semblait étrangement calme, mais ce n'était sûrement qu'un leurre.
— Tu es réveillée, dit-il d'une voix grave, presque douce, en fermant la porte derrière lui.
Aella se redressa un peu plus dans le lit, son cœur battant la chamade, ses questions brûlant sur ses lèvres.
— Où… où est-ce que je suis ? balbutia-t-elle, ses mains tremblant légèrement alors qu'elles s'accrochaient aux draps.
— Chez moi, répondit Amiel en s’approchant, ses mouvements lents et maîtrisés. Tu t’es évanouie, je t'ai ramenée ici.
Elle baissa les yeux vers la chemise de nuit qu’elle portait, incapable de contenir sa gêne.
— Qui... m’a changée ? demanda-t-elle d'une voix grave
Amiel s’arrêta, ses lèvres formant un sourire presque imperceptible. Il s’approcha encore d’un pas, son regard ancré dans celui d’Aella. Il semblait sonder ses pensées, puis, sans détour, il déclara :
— Moi, bien sûr, répondit-il, son ton indifférent ne faisant qu'aggraver le choc d’Aella.
Aella sentit une vague de panique monter en elle. Ses yeux s'écarquillèrent, horrifiés par ce qu'il venait de dire. Elle ouvrit la bouche, incapable de formuler une réponse immédiate. Ses pensées étaient un tourbillon de honte et de colère, avant qu'elle ne réussisse enfin à balbutier :
— Tu... Tu m’as... changé... toi-même ?
Il haussa les épaules avec une nonchalance déconcertante.
— Je ne suis absolument pas un gentleman, tu sais. Mais rassure-toi, c'est Arissa qui l'a fait, même si je ne vois pas où est le problème ,ajouta-t-il en inclinant légèrement la tête, tu n’es pas mon genre, et je ne toucherais jamais une fille non consentante.
La pique fit mouche. Aella sentit une vague de colère monter en elle, effaçant toute trace de choc.
— Eh bien, je suis désolée de ne pas correspondre à tes... préférences, lança-t-elle, sur la défensive.
Amiel la regarda avec un éclat amusé dans ses yeux.
— Oh, tu es offensée maintenant ? répondit-il, ses lèvres s’étirant en un sourire moqueur. Intéressant.
Aella croisa les bras sur sa poitrine, essayant de maintenir un semblant de contrôle sur la situation. Mais son esprit était déjà ailleurs. Elle devait sortir d’ici, retrouver ses parents, leur dire qu’elle allait bien. Ou faire l'inverse.
— Je vais appeler mes parents, dit-elle sèchement. Ils doivent savoir que je suis en sécurité... chez Savannah, improvisa-t-elle.
Amiel leva un sourcil, clairement amusé par l'excuse pathétique qu’elle venait de donner.
— Oh, bien sûr, chez Savannah... répéta-t-il, un ricanement dans la voix. Tu sais, ça me rappelle un peu Roméo et Juliette, quand ils mentent à leurs familles pour se retrouver. Toi, tu mens juste pour survivre, pas pour l'amour, bien sûr .Quelle tragédie !
Sans lui accorder un autre regard, elle chercha son téléphone sur la table de nuit et composa le numéro de sa mère. Amiel, appuyé contre le mur, l'observait avec un sourire narquois, les bras croisés, attendant la suite.
— Allô, maman, dit-elle en essayant de garder une voix posée. Je voulais te dire que je vais bien, je... euh, je vais encore passer la nuit chez Savannah. Oui, on a des révisions à faire.
Amiel, qui avait entendu chaque mot, pouffa de rire doucement.
— Tu devrais pas avoir quitté le cocon familial après ton entrée à l'université, comme les gens normaux ? murmura-t-il avec une lueur moqueuse dans les yeux.
Aella lui jeta un regard furieux, plaquant sa main sur le téléphone pour tenter de dissimuler sa conversation.
— Tu pourrais te taire ? murmura-t-elle entre ses dents.
— Oh, continue, continue. Je trouve ça fascinant, cette petite mascarade, ajouta-t-il en la fixant, un sourire provocateur sur les lèvres.
Elle reprit l'appel, essayant d’ignorer la présence d’Amiel.
— Oui, maman, tout va bien. Non, pas besoin de venir me chercher. Je... je t'appellerai demain. Bonne nuit. Enfin bonne journée, je te laisse
Elle raccrocha rapidement, ses mains tremblant légèrement. Amiel secoua la tête en riant doucement.
— Vous avez tout d’une tragédie shakespearienne. Mais la différence, c'est que je ne compte pas boire de poison pour toi.
Aella se redressa, toujours sur la défensive.
— C'est bon, j'ai fait ce que j'avais à faire. Maintenant, je veux partir.
Mais Amiel ne bougea pas, son sourire ne quittant pas son visage.
__ C'est la première fois qu'on ment à papa et maman ?
__ Je n'en ai jamais eu besoin monsieur le rebelle. Maintenant, où sont mes vêtements que je parte d'ici?
— Pourquoi partir si vite ? Tu es en sécurité ici. Dehors, les choses sont... imprévisibles.
Aella fronça les sourcils, jetant un coup d'œil autour d'elle, réalisant qu'elle n'était pas encore complètement consciente des événements qui l'avaient menée jusqu'ici.
— En sécurité ? répéta-t-elle, sarcastique. C'est toi qui m'as emmenée ici, c'est ça ?
Amiel hocha la tête, ses yeux verts brillant d'un amusement détaché.
— Tu t’es évanouie dans mes bras, princesse. Qu’aurais-je dû faire, te laisser là, à la merci de n’importe qui ?
Les images se bousculaient dans son esprit : les coups de feu, le bruit assourdissant des balles fendant l'air, et Amiel, impassible, repoussant leurs assaillants avec une précision redoutable. Puis, le noir total.
— Pourquoi m'as-tu ramenée ici ? demanda-t-elle d'une voix tremblante, la colère pointant derrière son ton. Je devrais être à la maison, chez moi. Ma famille pouvait péter un câble si je ne les avaient pas appelé. Tu as de la chance qu'on soit le week-end...
Amiel croisa les bras, se penchant contre le cadre de la porte. Ses yeux se plissèrent légèrement, comme s'il s’amusait de ses inquiétudes.
— Ah, ta famille... murmura-t-il, détaché. Tu es consciente qu'ils ne pourraient rien faire contre ceux qui te poursuivent ? Ils ne savent même pas dans quel monde tu viens de mettre les pieds.
Aella serra les draps contre elle, la confusion se mêlant à la frustration.
__ De quel monde parles-tu ?
__ De l'enfer. Du mien ghaliyati
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