Chapitre 9

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Lorsque l'on veut jouer à un jeu, il faut aussi en accepter les règles. Helena karen

Amiel se redressa légèrement, son regard perçant toujours rivé sur elle. Aella, encore enveloppée dans les draps, sentit un frisson parcourir sa peau à l’entente de ce mot. Ghaliyati. Sa voix semblait différente, plus grave, presque douce.

— L'enfer... répéta-t-elle, son cœur battant à toute vitesse. Mais qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Amiel s'approcha lentement, réduisant la distance entre eux avec une assurance calculée.

— Le monde auquel j’appartiens n’a rien à voir avec celui que tu connais. Les règles, les alliances, la violence… tout est différent. Toi, tu viens d'un univers où la lumière existe encore, où la naïveté et la sécurité sont des illusions auxquelles tu peux encore croire. Mais moi… j'ai fait mon chemin dans les ténèbres, et je ne laisse rien ni personne m'atteindre sans une raison.

Aella le regarda fixement, ses mots résonnant comme une vérité effrayante, quelque chose qu'elle n’était peut-être pas encore prête à affronter. L’espace d’un instant, elle eut envie de se lever, de fuir cette pièce, de se détacher de cette aura qui pesait si lourdement sur elle. Mais elle restait là, comme figée par un mélange de curiosité et de crainte.

— Alors pourquoi suis-je ici ? demanda-t-elle, sa voix à peine un murmure. Pourquoi moi ? Si je ne fais pas partie de ton monde, pourquoi m'avoir protégée ?

Un silence tomba. Amiel resta un instant silencieux, réfléchissant à sa réponse.

— Tu me poses beaucoup de questions, remarqua-t-il, un sourire fin apparaissant sur ses lèvres. Peut-être parce que tu m’intrigues, ghaliyati.

Elle plissa les yeux, ressentant une pointe de colère monter en elle. Il jouait avec elle, elle le sentait.

— Arrête de m’appeler comme ça, dit-elle en le fixant avec plus de détermination.Amiel arqua un sourcil, amusé par sa réaction.

— Ça veut dire « ma précieuse » en arabe. Il n’y a rien de mal à ça, tu sais.

— C’est dérangeant, répliqua-t-elle sèchement, ses mains se crispant sur le tissu du drap. Je ne suis pas ta « précieuse ».

Aella sentit un creux dans son estomac, et la fatigue mêlée à la faim la fit frissonner légèrement sous la chemise ample qu'elle portait. Alors qu'elle jetait un coup d'œil rapide à Amiel pour s'assurer qu'il n'avait rien entendu, elle remarqua son sourire calculé et perçant.

— Tu as faim, dit-il, l'amusement dans la voix. Viens, je vais te montrer la salle à manger.

Sans un mot, Aella le suivit hors de la chambre. Le couloir qu’ils traversèrent était à l’image du reste de la maison : moderne, élégant, et intimidant par son immensité. De grandes fenêtres laissaient entrer la lumière du matin, éclairant des œuvres d’art abstraites accrochées aux murs, et des meubles design ajoutaient à l’atmosphère épurée et luxueuse du lieu.

Ils entrèrent dans une vaste salle à manger où une longue table en bois verni trônait fièrement au centre. Sur cette table, un somptueux petit-déjeuner avait été préparé : fruits frais, pâtisseries dorées, œufs brouillés, toasts croustillants, jus de fruits. L'odeur était irrésistible, et Aella sentit son estomac grogner de plus belle.

— Installe-toi et mange, déclara Amiel en s’asseyant à l’une des extrémités de la table. Tu dois reprendre des forces.

Elle hésita un instant, mais la faim l'emporta sur sa méfiance.S'il voulait lui faire du mal, il l'aurait fait depuis le début. Elle s’assit lentement et commença à se servir, laissant les saveurs apaiser la tension qui crispait ses muscles depuis des heures. Cependant, elle n’eut pas longtemps à profiter de ce calme relatif, car deux autres personnes entrèrent dans la pièce : Un jeune homme et une jeune femme assez belle.

__ Salut, dit le jeune homme. Je me présente petite, Leven Velasco Herrera et voici ma future femme Arissa vega Martinez.

Arissa lui lança un regard compatissant, habillé en combinaison culotte jean, elle était la sensualité incarné. Alors c'était elle qui l'avait changé...

Leven, les mains dans les poches et l’air détendu, s’installa en face d'Aella, son regard se posant immédiatement sur ses jambes. Sous la chemise d’Amiel, elle était encore plus exposée qu’elle ne l’avait réalisé. Leven la dévisageait, laissant son regard glisser sans retenue sur ses jambes nues, exposées par la chemise légèrement transparente. Le malaise d'Aella grandissait à chaque seconde, son estomac se nouant autant par la faim que par l'attention indécente qu'elle sentait peser sur elle. Elle croisa les bras sur sa poitrine, cherchant à masquer sa gêne, mais c’était peine perdue.

Arissa, assise à côté de Leven, remarqua immédiatement son comportement. Sans un mot, elle lui administra un coup de coude bien placé, faisant sursauter Leven qui lui jeta un regard incrédule avant de se renfrogner.

Amiel, qui observait tout depuis le début, ne laissa rien passer. Son regard se durcit tandis qu’il s’adressa à Leven d’une voix froide et tranchante.

— Concentre-toi sur autre chose que les jambes de notre invitée, ordonna-t-il, son ton ne laissant pas de place à la discussion.

Leven leva les yeux vers Amiel, son visage perdant son air désinvolte pour adopter une expression plus sérieuse. Il hocha simplement la tête, baissant ensuite le regard sur son assiette, visiblement peu désireux de pousser la conversation plus loin.

Aella, encore mal à l’aise mais soulagée en quelque sorte, par l’intervention d’Amiel, se concentra sur son assiette. Elle ne voulait pas paraître fragile devant eux, alors elle continua de manger avec un appétit qu’elle ne savait même pas avoir. Les fruits étaient frais, les pâtisseries légères et délicieuses. L’opulence de ce petit-déjeuner contrastait tellement avec la tension palpable dans l’air.

Après quelques minutes de silence pesant, Amiel rompit à nouveau la tranquillité.

— Il y a une raison pour laquelle tu es ici, Aella. Une raison pour laquelle je t’ai protégée.

Elle releva la tête, se demandant où il voulait en venir.

— Je ne fais jamais rien sans contrepartie, continua-t-il. En échange de ma protection, tu vas me donner toutes les informations que tu possèdes sur les hommes d’affaires avec qui tu as déjà traité. Tu vas m’aider à entrer dans les cercles et clubs privés auxquels tu as accès.

Aella fronça les sourcils, surprise.

— Je... je ne comprends pas. Je n'ai aucun accès à ces clubs, je ne suis qu’une étudiante. Je n'ai pas ce genre de contacts.

Un léger sourire se dessina sur le visage d’Amiel, comme s’il s’attendait à cette réponse. Sans un mot, il fit un signe à Leven qui, toujours assis en face d'elle, ouvrit son ordinateur portable et le fit pivoter vers elle. À l’écran, un dossier détaillé apparut avec son nom en haut, accompagné de nombreuses informations sur ses précédentes relations avec des entreprises, des événements auxquels elle avait été invitée, des contacts influents qu’elle avait sans doute rencontrés sans même s’en rendre compte.

Aella écarquilla les yeux en voyant ce dossier si précis, contenant des détails dont elle-même n’avait pas pleinement conscience.

— Nous savons exactement qui tu es, déclara Leven d'une voix posée. Et nous savons ce que tu peux faire pour nous.

Aella se redressa sur sa chaise, le souffle court, mais essaya de se reprendre. Elle ne voulait pas céder à la panique.

— Et si je refuse ? demanda-t-elle finalement, sa voix plus assurée qu’elle ne l’aurait cru.

Amiel échangea un regard avec Leven et Arissa. Le silence fut lourd de sens avant qu'Amiel ne reprenne la parole.

— Tu pourras refuser, bien sûr, dit-il calmement, un éclat dangereux dans ses yeux verts. Mais que ce soit de ma main ou des mains du Baron, tu seras une cible. Et crois-moi, ma protection sera le moindre de tes soucis si le Baron décide de te trouver en premier.

Aella sentit une vague de froid la traverser. Le nom du Baron résonnait avec une menace qu’elle ne comprenait pas entièrement, mais qu’elle savait ne pas pouvoir ignorer. Elle avait beau se sentir piégée, une part d’elle refusait de céder aussi facilement.

— Vous pensez vraiment que je vais simplement vous livrer ces informations ? Vous me sous-estimez peut-être, lança-t-elle, défiant.

Amiel la fixa, ses yeux scrutant chaque détail de son visage. Un silence tendu s'installa avant qu'il n’éclate d’un rire bas et sinistre.

— Peut-être bien. Mais tu découvriras rapidement qu’on ne peut pas échapper aux règles de mon monde. Le Baron a sûrement été informé que je t'ai protégé lors de son attaque envers moi. Et quand, il fera ses recherches sur toi, tu ne pourras plus re cacher nulle part. Crois moi, tu es piégé.

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