Chapitre 12
Il y'a des jours ou tu te dis : j'aurais dû rester couché moi . Hel'k
Aella sentit son cœur s’emballer. Chaque battement résonnait dans ses oreilles, comme un tambour qu’elle ne pouvait pas ignorer. Le regard d’Amiel ne la quittait pas, et elle avait cette étrange sensation d'être à la fois observée, exposée, et mystérieusement attirée. Un frisson parcourut sa nuque, mélange de peur et d'excitation qu’elle ne savait expliquer.
Le professeur Langston poursuivait son exposé, mais sa voix semblait lointaine, noyée par le tumulte de ses pensées. Aella tenta de se concentrer, de rester professionnelle. Amiel n'était que son partenaire de projet, rien de plus. Pourtant, sa présence l’écrasait, chaque mouvement de sa part la déstabilisait un peu plus. Comment allait-elle réussir à travailler avec cet homme qui semblait incarner à la fois ses peurs les plus profondes et un attrait qu’elle ne voulait pas admettre ?
Elle inspira profondément. Rester concentrée. Mais cette simple résolution semblait impossible alors qu’il la fixait toujours, ce sourire presque imperceptible aux coins des lèvres.
La cloche sonna, marquant la fin du cours. Un soupir de soulagement échappa à Aella, mais l’épreuve n’était pas terminée. Elle se leva rapidement, espérant pouvoir disparaître dans la foule d'étudiants. Cependant, la voix d’Amiel l'arrêta net.
— Aella, interpella-t-il, sa voix basse et suave tranchant à travers le bruit ambiant.
Elle se retourna lentement, son estomac se nouant à nouveau. Amiel se tenait là, nonchalamment adossé à la table, un sourire énigmatique sur le visage.
— On doit parler de notre projet, non ? lança-t-il, comme s'il ne lui donnait pas vraiment le choix.
Elle hésita, cherchant un échappatoire, mais ses mots restèrent coincés. Les autres étudiants s’éloignaient, la laissant seule face à lui.
— Oui... bien sûr, répondit-elle avec un sourire forcé. Quand voudrais-tu qu’on se voie ?
— Ce soir, proposa-t-il, son regard perçant croisant le sien. J’ai du temps libre.
Aella sentit la panique monter. Elle voulait refuser, mais quelque chose l’en empêchait. Il y avait cette étincelle dans son regard, ce mélange troublant de défi et d’assurance.
— D'accord... La cafétéria, ça te va ?
— Parfait, répondit-il, son sourire s'élargissant. À ce soir.
Le reste de la journée passa dans un flou d’appréhension. Chaque minute la rapprochait de cette rencontre, et l'idée de se retrouver seule face à lui la terrifiait autant qu’elle la fascinait.
Finalement, lorsque l’heure arriva, elle se dirigea vers la cafétéria. L'endroit bourdonnait de rires et de conversations malgré l'heure tardive, mais c'était assez normal vu que certains étudiants vivent dans l'internat du Campus, mais tout semblait se calmer quand elle aperçut Amiel. Assis à une table dans un coin, il l'attendait, l'air détendu, un café à la main.
Aella s'assit en face d'Amiel, essayant de masquer le tremblement de ses mains sous la table. Elle le sentait observer chaque détail de son attitude, ce qui la rendait encore plus nerveuse.
— Je suis toujours ponctuelle, riposta-t-elle avec un soupçon d’audace, bien qu’elle sache que ses nerfs la trahissaient.
Amiel haussa un sourcil, amusé, une lueur moqueuse dans ses yeux verts.
— Vraiment ? Ce n'est pas l'impression que tu m’as donnée, murmura-t-il, son ton laissant deviner une intention cachée.
Aella fronça les sourcils. Il avait cette manière insidieuse de la piquer là où ça faisait mal, toujours avec un sourire en coin, comme si ses remarques étaient anodines. Elle prit une profonde inspiration, refusant de se laisser déstabiliser.
— Peut-être que tu ne me connais pas aussi bien que tu le penses, répondit-elle calmement, bien que l'énervement commençait à poindre dans sa voix. Avant que tu n'arrives dans ma vie, j’étais toujours à l’heure.
Amiel pencha la tête, la fixant intensément.
— Oh, mais je pense que je commence à te connaître, dit-il, son sourire énigmatique s'élargissant. Après tout, tu es un livre ouvert. Facile à lire.
La réplique frappa Aella de plein fouet, et elle sentit ses joues s'enflammer. Il jouait à un jeu, mais elle n’était pas certaine d’en connaître les règles. Pourtant, elle n'allait pas lui donner satisfaction si facilement.
— Si je suis un livre ouvert, toi, tu es un de ces vieux manuscrits incompréhensibles, lâcha-t-elle en croisant les bras, un mélange de défi et de frustration dans la voix. On voit que tu adores que les autres se cassent la tête pour essayer de te déchiffrer.
Le sourire d'Amiel s'élargit encore, presque imperceptiblement.
— Peut-être que je n'ai pas besoin d'être déchiffré, répondit-il en inclinant légèrement la tête. Peut-être que je suis plus simple que tu ne le crois.
— Si tu es simple, alors je suis la reine d’Angleterre, répliqua-t-elle avec un petit rire sarcastique.
Amiel leva légèrement un sourcil, son regard toujours fixé sur elle.
— D’accord, assez joué, dit-il en changeant brusquement de ton. Revenons à ce qui nous intéresse. Notre projet.
La transition abrupte fit cligner des yeux Aella. Il venait de la ramener brutalement à la réalité, et elle ne put s'empêcher de se sentir un peu stupide d’avoir mordu à l’hameçon.
— Oui, c'est vrai, répondit-elle, plus sérieusement. Notre sujet, c’est la manipulation. On pourrait commencer par définir les grandes lignes de ce qu’on veut aborder.
Amiel la regarda d’un air faussement pensif avant de répondre d'une voix pleine de sous-entendus :
— Intéressant. La manipulation… ça semble être ton domaine, n’est-ce pas. Et si tu proposais ton avis en tant que cobail ?
Aella sentit une vague d’agacement monter en elle. Encore une de ses petites piques. Elle essayait de garder son calme, mais c’était de plus en plus difficile. Elle décida de l'ignorer et d'aller droit au but.
— Je t'ai demandé si tu avais des idées, lança-t-elle, ses yeux fixés sur lui avec insistance.
Amiel prit son temps pour répondre, prenant une gorgée de son café, un sourire suffisant flottant sur ses lèvres.
— Oh, tu sais... la manipulation, c’est une technique que certains manient mieux que d’autres. Et j'ai l'impression que tu en sais peut-être plus que tu ne veux bien l’admettre, ne sois pas égoïste ,ajouta-t-il, son regard ne la quittant pas.
L’attaque déguisée frappa un peu plus fort que les autres. Aella ne put s'empêcher de se lever brusquement de sa chaise, emportée par l’impulsivité.
— Peut-être que j'en sais plus que toi, oui, répondit-elle froidement en se penchant vers lui. Mais je ne pense pas que ce soit toi qui vas m’apprendre quoi que ce soit sur ce sujet.
Alors qu’elle se redressait, dans un geste brusque, sa main heurta sa tasse de café encore brûlante. Le liquide se renversa sur le pantalon d'Amiel, imbibant le tissu sombre.
Le silence se fit immédiatement autour d’eux, les quelques étudiants présents dans la cafétéria tournant leurs regards choqués vers la scène.
— Merde ! s'exclama Amiel, se levant brusquement. T’es folle ou quoi ?
— Désolé, désolé ! balbutia Aella, paniquée. J’ai... je n’ai pas fait exprès !
Dans la précipitation, elle avança sa main pour tenter d'essuyer la tâche sur son pantalon, mais Amiel l'intercepta d’un geste ferme, son visage déformé par une grimace de douleur.
— Ne fais pas ça, ghaliyati, murmura-t-il, ses mots étrangement doux malgré la douleur évidente.
Aella, désemparée, chercha une solution. Dans un élan de panique, elle attrapa la carafe d’eau glacée posée sur la table et la lui versa sur le bas du corps, espérant soulager la brûlure.
Le geste fut une erreur monumentale. Non seulement Amiel se retrouva trempé de la tête aux pieds, mais le choc de l'eau glacée sur sa peau ne fit qu'amplifier sa souffrance.
Amiel resta immobile un instant, son calme terrifiant. Puis, d'une lenteur calculée, il se leva, s’approchant doucement d’Aella, qui sentit son souffle se figer.
Il se pencha vers elle, son visage à quelques centimètres du sien, ses yeux verts flamboyants de colère contenue.
— Je te revaudrai ça, crois-moi, susurra-t-il d'une voix glaciale.
Puis, sans un mot de plus, il se redressa, prit son sac et quitta la cafétéria, la laissant plantée là, le cœur battant la chamade, paralysée par l'angoisse et une profonde sensation d'avoir fait une énorme erreur.
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