Chapitre 15

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Nous devons être vigilants à chaque instant, car le danger se cache souvent là où l'on s'y attend le moins. La moindre distraction peut coûter plus que nous ne l'imaginons, et seule une vigilance constante peut nous protéger de l'inattendu."
Harry Potter et l'Ordre du Phénix, J.K. Rowling (inspirée de la citation de Maugrey Fol Œil)

Lorsqu'ils arrivèrent à la fête, la musique vibrante résonnait déjà dans l'air, enveloppant la villa de Savannah d'une énergie effervescente. À l'extérieur, les lumières scintillantes se reflétaient sur les murs immaculés de la maison, accentuant la somptuosité de la soirée. L'atmosphère bouillonnait d'excitation : des groupes d'étudiants riaient bruyamment, des conversations fusaient de toutes parts, et les basses profondes faisaient vibrer les murs.

Mathéo gara la voiture dans une rue bondée de véhicules et se tourna vers Aella avec un sourire espiègle. Il semblait prêt à profiter pleinement de cette soirée, mais son regard trahissait aussi une légère vigilance.

— Prête à t’amuser ? demanda-t-il, une lueur malicieuse dans les yeux.

Aella, un mélange de nervosité et d’excitation dans la voix, hocha la tête en souriant timidement. La foule, l'ambiance, tout cela l'enchantait autant que cela l'intimidait.

— Plus que prête, répondit-elle en essayant de cacher son appréhension.

Elle ajusta la robe légère qu'elle portait, croisant un instant le regard bienveillant de Mathéo, qui sembla hésiter avant de descendre de la voiture. Ensemble, ils s’avancèrent vers l’entrée illuminée de la villa, leurs pas se synchronisant au rythme de la musique.

Dès qu’ils franchirent le seuil, Savannah surgit de nulle part, débordante d’énergie comme à son habitude. Elle portait une robe pailletée dorée qui scintillait sous les jeux de lumière, attirant tous les regards.

— Enfin, vous voilà ! s’exclama-t-elle en prenant Aella dans une étreinte chaleureuse. Je vous ai gardé de quoi boire. Venez, on va s’éclater ce soir !

Sans attendre une réponse, Savannah saisit la main d’Aella et l'entraîna dans la foule dense. Mathéo les regarda s'éloigner, un sourire bienveillant aux lèvres, mais quelque chose dans l'air lui paraissait étrange. Il avait promis à Maxime, le père d'Aella, de veiller sur elle. Ce soir, une sensation de malaise s'insinuait en lui, une impression sourde qu’il ne parvenait pas à ignorer.

Les heures passèrent rapidement, rythmé par la musique, les rires, et les conversations. Aella semblait s’amuser, dansant avec Savannah, discutant avec des étudiants qu’elle ne connaissait pas encore. Elle riait, détendue. Cependant, à chaque fois que Mathéo posait les yeux sur elle, une ombre de doute traversait son esprit. Il avait l’habitude de ces fêtes, des regards qui se croisaient, des non-dits, et quelque chose en lui sentait que ce soir, quelque chose n'allait pas.

Finalement, ne pouvant plus rester en retrait, Mathéo se fraya un chemin à travers la foule pour rejoindre Aella. Il posa une main légère sur son épaule, interrompant momentanément sa conversation.

— Je suis content que tu t'amuses, mais si tu veux partir, dis-le moi. On peut y aller à tout moment. Pas de pression, lui dit-il d'une voix rassurante, ses yeux cherchant les siens pour évaluer sa réaction.

Aella sourit doucement, touchée par sa prévenance. Elle secoua la tête, un peu surprise par sa sollicitude.

— C'est gentil, mais je crois que je vais rester encore un peu, répondit-elle avec assurance. Je vais bien, t’inquiète pas pour moi.

Mathéo hocha la tête, mais l’inquiétude ne quitta pas son regard. Il se força à retourner vers ses coéquipiers, discutant brièvement de football, mais son esprit restait tourné vers Aella. De temps à autre, il jetait un coup d’œil furtif dans sa direction, veillant à ne pas la perdre de vue.

De son côté, Aella profitait de la soirée. Elle dansait, riait, et discutait avec des visages inconnus. Mais alors qu’elle commençait à se détendre, un des coéquipiers de Mathéo, le capitaine de l’équipe de football, s’approcha d’elle avec un sourire suffisant.

— Alors, c’est toi la fameuse Aella, lança-t-il d'un ton mielleux, son regard scrutant son visage avec une insistance qui la mettait mal à l’aise. Mathéo parle souvent de toi.

Aella sourit poliment, essayant de masquer son inconfort. Elle recula d’un pas, espérant qu’il prendrait la distance comme un signe de respect.

— Ah... C’est gentil, répondit-elle avec un rire nerveux. Mais je pense pas qu’il parle tant que ça de moi.

Le capitaine, indifférent à sa gêne, se rapprocha. Il posa une main possessive sur son épaule, la faisant frissonner.

— Si, si, insista-t-il, un rictus au coin des lèvres. Il te protège comme si tu étais sa copine. Mais tu pourrais faire mieux, non ?

Aella sentit une vague de malaise la submerger. La manière dont il la regardait, son sourire suffisant, tout en lui transpirait l’arrogance. Elle tenta de se dégager, mais sa main restait posée lourdement sur son épaule, comme un avertissement silencieux.

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demanda-t-elle, la voix tremblante, son cœur battant un peu plus vite.

Le capitaine se pencha vers elle, son regard devenant plus sombre, presque menaçant.

— Je veux dire... Rentrer dans l'équipe est très important pour ton ami. Mathéo ferait n’importe quoi pour toi, n’est-ce pas ? demanda-t-il, ses paroles murmurées à quelques centimètres de son visage. La question, Aella, c’est... es-tu prête à faire tout ce qu’il faudrait pour l'aider ?

__ Mathéo est mon meilleur pote, je ne suis pas sa copine, mais s'il a des problèmes, je peux toujours en parler avec mon père. Lui lança t'elle d'un air de défi.

__ L'entraîneur Bailey n'a pas son mot à dire dans la politique de l'équipe détrompe toi rebelle.

Son air suffisant l'énervait plus que tout, mais elle ne savait pas comment le faire descendre de son pied d'estale sans risquer la place de Mathéo.

__ Pourquoi tu ne dis pas concrètement ce que tu veux dire. Répondit elle avec un regard de défi.

__ C'est un exercice d'obéissance très simple auquel tout les membres se prêtent depuis des années. Il consiste à s'assurer du degré de confiance des coéquipiers et renforcer leur esprit d'équipe.

Il était trop proche d'elle, elle recula instinctivement, mais il se rapprocha encore, réduisant la distance à néant.

— Qu'est-ce que tu racontes ? souffla-t-elle, essayant de garder son calme, bien que ses pensées s'embrouillaient.

Le capitaine sourit, mais son regard était glacial.

— Oh, je parle juste de loyauté... Mathéo est ton meilleur ami, non ? Vous êtes... proches. Ce genre de chose attire toujours l'attention. Et tu sais ce qu’on dit... Dans ce genre de milieu, il vaut mieux savoir à qui tu peux faire confiance. Parce que tôt ou tard, tout se sait, Aella.

Aella ouvrit la bouche pour répondre, mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, Mathéo apparut à côté d’eux, son visage fermé et son regard perçant.

— Hé, tu la laisses tranquille, dit-il d’une voix basse mais autoritaire.

Le capitaine éclata de rire, levant les mains en signe d’innocence, mais son regard restait fixé sur Aella.

— Relax, mec. C’était juste une discussion. Rien de grave.

Mathéo ne bougea pas, ses yeux ne quittant pas un instant ceux de son coéquipier, mais la tension était palpable. Aella, quant à elle, profita de ce moment pour s’éclipser rapidement avec Savannah, son cœur battant à tout rompre.

— Ces mecs... soupira-t-elle, secouée. Ils se croient tout permis.

Savannah hocha la tête, un sourire complice aux lèvres.

— Faut pas leur prêter attention. Viens, on va danser un peu.

Aella suivit son amie, mais les paroles du capitaine résonnaient encore dans son esprit. Cette menace voilée, cette impression d’être prise dans une sorte de jeu qu’elle n'était pas sûre de comprendre... Elle tenta de se détendre, mais quelque chose clochait. Sa tête commençait à tourner, une vague de nausée l’envahissant doucement. Elle passa une main tremblante sur son front, sentant la sueur perler.

— Ça va ? demanda Savannah, inquiète.

— Je... Je me sens pas très bien, murmura Aella, cherchant un appui dans l’agitation de la fête.

Savannah l'accompagna rapidement vers le bar pour s’asseoir un moment. Aella demanda un verre d’eau, espérant que cela calmerait son malaise, mais à peine eut-elle bu quelques gorgées que la sensation de torpeur s’accentua. Sa vision se brouillait, ses membres devenaient de plus en plus lourds. Elle leva les yeux vers le serveur, qui la regardait avec un sourire narquois.

— Je vais m’allonger un instant, murmura-t-elle faiblement à Savannah, avant de monter péniblement les escaliers. Chaque pas lui coûtait, son esprit devenant de plus en plus confus.

En entrant dans la chambre, elle s'effondra sur le lit, ses pensées devenant de plus en plus floues. Son téléphone vibra faiblement dans sa poche.

Un numéro inconnu, étrangement, elle pensait savoir qui était cette mystérieuse personne, elle ne pouvait même pas être paisible à une fête sans lui ?


— Quoi ? dit-elle d'un air exaspéré.

De l'autre côté de la ligne, une voix familière, froide et autoritaire, répondit immédiatement.

— Je te demande pardon ?! Amiel, visiblement agacé, la laissa à peine respirer avant de continuer. Je suis près de chez Michael Sterling. Tu dois venir récupérer un objet qu'un homme va te remettre. Tu n'es pas encore reconnaissable donc on a besoin de toi.

Aella ouvrit les yeux avec difficulté, le plafond tournant légèrement au-dessus d'elle. Elle fronça les sourcils, tentant de reprendre ses esprits.

— Je... Je me sens mal, murmura-t-elle, posant une main sur son front brûlant. J’ai la tête qui tourne. Je suis montée pour me reposer dans une des chambres chez Savannah.

Amiel marqua une pause, puis demanda d'un ton plus sec :

— Dans quelle chambre ?

Aella se redressa un peu, irritée par son ton et par son insistance, comme s’il s’agissait d’une simple formalité.

— Pourquoi ça t'intéresse ?! Je suis bien loin de toi. Tu veux pas juste aller te faire foutre Amiel, Khalis, qu'est ce que soit ton vrai nom?

Son ton acerbe sembla le provoquer davantage, et il répondit avec une brusquerie contenue.

— Tu es dans quel chambre Aella ?Est-ce que tu as bu ?

— Je ne prends que des jus de fruits, répondit-elle, exaspérée. Et qu'est-ce que ça peut te faire ce que je bois ou non ?

Un silence lourd s’installa. Aella pouvait presque entendre Amiel serrer les dents à travers le téléphone. Puis, juste au moment où il allait répondre, un bruit sourd se fit entendre depuis le couloir. C'était étrange parceque tout le monde était censé être en bas, Savannah ne laisse pas quelqu'un monter n'importe comment. Un frisson d’alerte remonta le long de sa colonne vertébrale.

Amiel reprit aussitôt, sa voix plus calme, mais empreinte d’une gravité inquiétante.

— Aella, mets ton téléphone sous l'oreiller, murmura-t-il. Je veux entendre ce qui se passe. Écoute-moi bien : quelqu'un a peut-être mis quelque chose dans ta boisson. Mais il ne t'arrivera rien tant que je serais en vie.

Aella sentit son cœur s'emballer, il ne devrait pas dire des choses comme sa.Elle jeta un coup d’œil vers la porte fermée de la chambre, ses mains tremblantes alors qu’elle obéissait et glissait son téléphone sous l'oreiller, suivant les instructions d’Amiel sans réfléchir.

Dehors, les bruits devenaient de plus en plus inquiétants, des pas lourds résonnaient dans le couloir, se rapprochant de la chambre où elle se trouvait. Sa respiration se fit plus courte, et elle comprit soudain que quelque chose d'anormal se tramait. Le malaise, les regards insistants, l’attitude étrange du serveur… Tout prenait un sens troublant.

— Aella ? chuchota la voix d’Amiel, étouffée par l'oreiller. Dis-moi exactement ce que tu ressens.

— J'ai l'impression que je vais m'évanouir... Mes jambes ne me répondent plus, avoua-t-elle, la panique perçant dans son souffle court. Amiel, je crois que quelqu’un m’a donné un truc... Je me sens... paralysée.

— Reste calme, ordonna-t-il doucement, mais avec fermeté. Verrouille la porte si tu peux. Je suis en route. Tiens jusqu'à ce que je sois là ghaliyati.

Aella voulait se lever, mais son corps était cloué au lit, chaque muscle l'abandonnant. Les pas s’arrêtèrent juste devant la porte. Sa gorge se serra, et elle sentit des larmes lui monter aux yeux, mais elle les ravala avec force. Elle ne pouvait pas se laisser aller à la panique. Pas maintenant.

Amiel, à l’autre bout du fil, murmura avec une froide détermination :

— Aella, je te protégerai, je te le promets.

Le bruit d’une poignée que l’on tourne lentement fit écho dans la pièce silencieuse.

Aella retint son souffle.

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