Iel ou il-elle
de Guy de Grenoble
Tout d'abord merci d'avoir répondu à ce petit défi. C'était mon premier sur Scribay.
Je dois aussi m'excuser au sujet de mon "Iel mon mari!" qui n'a aucun rapport avec le sujet, mais je n'ai pas pu résister à la tentation !
Je vais y répondre moi-même sous deux formes :
- Tout d'abord une petite histoire sans prétention.
- Puis une petite réflexion sur le sujet.
Rencontre avec iel.
Je l'ai rencontré-ée pour la première fois chez Jenny, une amie d'enfance. Iel était jeune, environ vingt ans. Ses cheveux étaient blonds, ses yeux bleus. Pour la suite, la description se complique. La silhouette androgyne ne facilitait pas la détermination du genre, pas plus que le visage aux trais fins. Un peu de maquillage, trop pour un garçon, trop peu pour une fille. Sa voix n'était pas posée, hésitant entre des notes graves et des aigus un peu grinçants. Je dus faire un effort pour rester naturel durant la conversation, non que je sois gêné par l’ambiguïté de sa nature, mais parce que je ressentais une fascination devant cette personne si singulière. Plus tard j'essayais d'en savoir plus sur lui-elle auprès de Jenny. Ma perplexité devant le choix du pronom l'amusa.
— lui-elle ? C'est comme cela que tu l'appelles ? Sérieux, tu n'as jamais entendu parler du pronom « iel », contraction de « il » et « elle » ?
— Heu... Non. Il sort d'où ce mot ?
— Lorsque l'on ne sait pas le genre, on dit « iel ». C'est simple. Pas besoin de se compliquer la vie.
Je ne voyais pas vraiment en quoi ça pouvait la simplifier.
— D'accord, mais ça ne répond pas à ma question : est-ce un homme ou une femme ?
Jenny sourit.
— Je crois que tu n'es pas insensible à son charme, mais que tu as peur de ce que tu pourrais trouver sous ses vêtements. Serais-tu un peu coincé par hasard ?
Elle a l'art de se moquer de moi et de me faire piquer un fard. J'essayais de me défendre, maladroitement.
— Tu es une vrai obsédée toi. On peut s'intéresser à quelqu'un sans avoir de visées coquines. Sa compréhension de l’œuvre de Michel Houellebecq est passionnante.
— Oui, j'ai bien vu que tu buvais ses paroles.
Elle avait toujours son ton narquois. Je décidai de dévier la conversation en la recentrant sur la langue française.
— Créer un pronom pour le genre neutre est une bonne idée. Cependant il est loin de tout résoudre. Par exemple doit-on dire « iel est grand » ou « iel est grande » ? Grand a une forme masculine et une forme féminine mais pas de forme neutre.
— C'est ma fois vrai. Je suppose que, dans ce cas, c'est le masculin qui l'emporte.
— Attention, Jenny. En disant ça tu vas te mettre les féministes à dos. Donc, le seul avantage de « iel » c'est qu'il évite le il-elle du langage inclusif.
Elle secoua la tête.
— Tu as raison. La bonne formulation est donc « iel est grand-de. ».
Son sourire moqueur revint bien vite.
— Bien entendu cela ne t'aide pas à résoudre ton dilemme. Alors, tu vas tenter ta chance avec iel ou pas ?
Avec elle je n'aurai jamais le dernier mot. Elle va se moquer de moi un bon bout de temps, alors que je concidère que ma "rencontre" avec iel est un non-événement. Je trouve iel charmant-te mais n'ai aucune vue sur iel. Quand je pense que Jenny a toujours refusé de sortir avec moi ! Pourtant elle se plaît à m'imaginer des aventures possibles avec toutes les personnes qui échangent plus de deux phrases avec moi. Allez comprendre !
Réflexion
Le « iel » est le dernier avatar de l'écriture inclusive qui, comme son nom l'indique, est faite pour être couchée sur le papier ou l'écran d'un appareil électronique. A l'oral, l'écriture inclusive est imprononçable, alourdit les phrases et nous égare dans la complexité des genres, sans rien apporter d'intéressant.
Le mot « iel » en lui-même est satisfaisant, évitant d'avoir à gérer une indécision de genre. Mais, pour qu'il soit utilisable, il faudrait que le français possède un genre neutre afin de ne pas avoir de problème d'accord.
Dans un commentaire, j'ai fait allusion au genre des objets, absurdité bien française, ou plutôt francophone, et née justement de l'absence de ce genre neutre. La création de celui-ci permettrait de ménager la suceptibilité de certaines minorités et de devoir apprendre par cœur le genre de chaque objet. Mais bien entendu, ce serait un travail colossal de réformer ainsi notre langue.
Table des matières
En réponse au défi
Il ou elle ou… iel ?
Le Petit Robert reconnaît le pronom « iel », contraction de « il » et de « elle » pour indiquer un genre neutre ou indéfini.
Le ministre de l'éducation (entre autres) s'en offusque. Cela nous promet des échanges passionnants. La discorde prend déjà un ton politique !
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Évitons les anathèmes, parlons du français, seulement du français. Vous pouvez soit donner votre avis, soit, si vous vous en sentez le courage, vous lancer dans un petit texte en utilisant ce nouveau mot. Pas de genre imposé, mais texte court de préférence.
Au plaisir de vous lire.
Commentaires & Discussions
Iel mon mari ! | Chapitre | 3 messages | 2 ans |
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