Chapitre 013 : « Rentrée universitaire. »

- Regardez devant, qui vient dans notre direction les gars ?

Daniel plisse les yeux pour mieux voir et sourit en reconnaissant les deux garçons.

- Ils vont surement à la cantine, tout comme nous et si nous nous joignons à eux, cela atténuera surement ce que nous craignions juste avant.
- Possible en effet puisque déjà les regards se détournent vers eux, c’est sans doute le meilleur moyen pour que tout se passe sans trop de problèmes, tu en penses quoi Kai ?
- Je rêve ou quoi !! Tu voudrais que je fasse ami-ami avec l’autre tâche qui va encore à tous les coups se foutre de ma gueule ?
- Peut-être regrette-t-il ses paroles, laisses lui au moins le temps de s’excuser.
- Et s’il ne le fait pas ?
- Dans ce cas il sera toujours temps de prendre du recul vis-à-vis d’eux et nous n’en parlerons plus, tu peux bien faire ça quand même ?

Kai a le regard fixer sur ses deux copains et commence à comprendre ce qui les motives tant à copiner avec les deux gus, qui les ayant aperçus, s’approchent d’eux cette fois à grandes enjambées.

Marc se dirige directement vers Kai pour venir se planter littéralement à quelques centimètres de lui, l’obligeant pour se faire à lever la tête pour le dévisager derrière ses lunettes de soleil.

Alors qu’il le voit faire l’amorce d’un pas en arrière, Marc le retient d’une main ferme.

- Attends !! Avant quoi que ce soit, je tiens à m’excuser pour t’avoir vexé, j’avoue que mon humour n’est pas forcement au top, mais il faut dire aussi que je ne m’attendais vraiment pas à une réaction de ta part si brutale.

Kai continu à le fixer sans bouger d’un poil, se qui très vite commence à mettre Marc mal à l’aise.

- Alors ??
- Déjà une… tu me lâches !!

Marc regarde sa main qui tient toujours le bras du petit gars et desserre lentement son étreinte, pour finalement le libérer.

- Voilà et maintenant ?
- Maintenant tu peux partir avec ton pote, j’accepte tes excuses.
- On pourrait déjeuner ensemble tous les six ?

Kai tourne plusieurs fois la tête, avant de refixer ce gars qui au final ne lui semble plus aussi méprisable.

- En plus d’un humour douteux je vois que tu es nul en math, qu’es-tu venu faire au juste à l’institut royale du coup ? le valet de pied de son excellence et de son altesse peut-être ?
- Arrête ça gamin tu veux bien !! Marc est notre ami et rien d’autre, alors si tu as réellement accepté ses excuses, pourquoi cherches-tu à le blesser à ton tour ?

Le ton surprend tout le monde et particulièrement Marc qui connait le mieux le jeune prince, remarquant de suite à ses joues devenues rouge vif la colère qui l’anime soudainement.

Kai reste un moment sans réactions, avant de faire demi-tour et de s’éloigner d’eux.

- Je vais m’acheter un truc à manger, allez tous les deux avec eux si cela vous chante, on se voit en cours après la pause.

Ni Daniel, ni Ralphy, n’ont le temps de lui répondre, que déjà il a disparu de leurs vues et c’est Marc qui le premier reprend la conversation.

- Il aura eu au moins une bonne idée en vous demandant de nous accompagner, vous semblez vous aussi être sous le regard de beaucoup de monde et du coup cela pourrait être cool que nous devenions amis, au moins ce ne sera pas pour une raison qui apparemment n’aura pas lieu d’être entre nous, puisqu’il semble s’avérer que nous soyons aussi populaires les uns que les autres.
- Puisque nous en sommes là autant déjeuner ensemble, mais si j’ai bien compris il manque encore votre ami.
- Charles nous attend à la cantine, il n’a pas les mêmes cours que nous.
- Ah… ok, alors on vous suit.

Les quatre garçons marchent en silence, sous les regards étonnés de ceux qui les dévorent des yeux et qui pour beaucoup semblent dégoutés de la vie à les voir devenir aussi proches, ne leurs laissant que très peu d’espoirs pour s’intégrer dans le groupe des plus sélectifs qu’ils forment déjà.

Ce sentiment de dépit se remarque rapidement et fait sourire Louis, qui se rend bien compte du décrochage de nombres d’étudiants qui jusque-là les suivaient.

- Au final je pense que l’idée est bonne ! Hi ! Hi !

Les paroles du grand prince amènent comme il se doit son lot de questionnement.

- De quoi tu parles ?
- Regarde donc autour de nous, on dirait bien que nos fans sont pour la plupart dégoutés de la vie ! Hi ! Hi !

Marc regarde autour de lui et finalement sourit à son tour, en reportant son attention vers ses deux nouveaux amis, du fait qu’il ne fait nul doute pour lui après cette deuxième rencontre que c’est se qu’ils seront sous peu.

- Ils ont compris que la barre était placée bien trop haute pour eux ! Hi ! Hi !
- Et encore, là je suis habillé !

Devant le sourire de connivence de Ralphy et les yeux ronds d’incompréhensions de ses nouveaux amis, Daniel croit bon de préciser en ce la pétant volontairement plus que nécessaire et en désignant son bas-ventre, d’où pourtant rien ne laisse à penser à vouloir valider sa dernière phrase.

- La barre haute… la barre… vous comprenez ?

Le regard en coin que s’envoient Marc et Louis, veut à lui seul tout dire sur ce qu’ils en pensent, pourtant c’est le jeune prince qui croit bon de préciser.

- Comme vous le voyez, votre humour n’a fait fuir ni moi, ni mon ami.
- Tu dis ça pour Kai ? je pense que vous vous trompez sur lui et si cela vous intéresse d’en savoir un peu plus sur notre ami, j’aurais de quoi vous raconter qui expliquera pourquoi il peut paraitre paranoïaque quelques fois.

Louis voit qu’ils arrivent là où ils se rendaient et son regard accroche un attroupement devant la porte.

- Charles est déjà arrivé, vous nous raconterez ça une fois à table.

Bien sûr, que ce soit Ralphy ou Daniel, aucun des deux amis ne voient le fameux Charles qu’ils connaissent sinon personnellement, mais tout du moins par médias interposés.

- Comment tu vois ça toi ?
- L’attroupement ne vous rappelle déjà donc plus rien ? allons-y, nous serons plus forts tous les cinq.

***/***

« Une bonne demi-heure plus tard. »

Les regards portés sur eux commencent à diminuer drastiquement, alors qu’ils font mines de ne pas les remarqués depuis qu’ils sont attablés devant leurs plateaux.

Comme juste avant cela dans la rue, le fait qu’ils soient devenus proches semble avoir éloignés ceux qui espéraient y trouver une place parmi eux.

Le comportement des deux factions réunis à la même table, montre bien qu’ils connaissent très bien la méthode d’indifférence à apporter à ceux trop nombreux et curieux, qui s’intéressent à eux et rien que ce fait qui pourrait sembler banal, les lient plus qu’ils ne l’auraient cru en se mettant à table.

Une sorte de connivence venant de ceux connaissant les mêmes problèmes existentiels, aide grandement à un rapprochement qui de toute façon ce serait inéluctablement fait, du fait de l’attirance mutuelle que ressentent déjà quatre d’entre eux.