Chapitre 032 : « Rentrée universitaire. »

Les heures passent sans qu’il s’en rende compte, tellement son esprit est plongé dans la réalisation de cet appareil unique au monde et pour cause, puisqu’il est destiné à prendre le contrôle de ce que le commun des mortels a appelé il fut un temps « l’hexagone extra-terrestre ».

Cela fait maintenant presque quatre années que des souvenirs affluent et remplissent son esprit d’un vécu qui n’est assurément pas le sien, le plongeant au début tout du moins dans d’affreux cauchemars d’où il en sortait tremblant et couvert de sueurs, ne comprenant absolument pas d’où pouvaient provenir des souvenirs dont il est pourtant certain de n’avoir pas connu durant sa malgré tout encore courte vie.

Et pour cause puisque très souvent cela se passe à bord d’un aussi étrange qu’immense vaisseau, gouverné par un système matriarcal ou le mâle très peu représentatif dans cette société, n’est utilisé quasiment que dans le seul but de reproduction.

Il en a parlé à Marc qui a montré cette fois encore combien il pouvait compter sur lui, passant ensemble toutes leurs vacances à tenter de comprendre ce qu’ils s’avouaient sans en parler n’était pour eux qu’incompréhension.

La première année n’a donc servi qu’à mettre par écrit point par point les nouvelles informations qui lui venaient à l’esprit, la seconde et cela grâce à Marc, à prouver que tout cela était bien réel et enfin les deux dernières, à mettre en place un plan d’action pour en arriver dans ce box, devant des schémas ainsi que des méthodes de fabrications encore inconnus de l’humanité de cette planète.

Depuis lors sa mémoire lui a donné toutes les réponses nécessaires sur ce qu’il est, gardant pourtant pour lui seul cette ultime révélation de son statut au sein de son peuple.

Pas qu’il ait perdu la confiance en son meilleur ami, mais simplement parce que lui-même a du mal à l’accepter, être en haut de l’échelle prédatrice de sa planète d’origine au point d’en avoir occasionné sa destruction, n’est pas chose à se vanter devant qui que ce soit.

Quand ces révélations lui sont venues à l’esprit, la première crainte pour lui était sans conteste ce pouvoir d’imprégnation, qui faisait de ceux comme lui de naissance royale, des leadeurs incontestés et les maitres de la ruche, ne vivant que pour étendre son territoire.

Il a alors fait l’essai sur quelques inconnus filles et garçons, de ce pouvoir de supériorité absolue qui heureusement n’a rien donné de probant, lui redonnant le sourire après cette peur ou plutôt cette crainte viscérale, qu’il puisse un jour rêver de domination sur ce monde.

Une fois avoir pris le dessus sur toutes ses craintes de ce qu’il représente, ses souvenirs lui amenèrent d’autres inquiétudes beaucoup plus concrètes celles-là.

La première et sans aucun doute celle qui prédomine encore aujourd’hui et qu’il va lui falloir gérer en premier lieu et sans nul doute sa présence sur cette planète, présence qui représente un danger absolu pour les vaisseaux ruches qui viendraient à découvrir sa potentielle existence.

Nul doute cette fois encore qu’ils feraient alors route pour intercepter celui qui a été l’objet de l’instigatrice de ce qui pour eux n’est rien moins qu’une ignominie, en plus d’une trahison envers le pacte multimillénaire n’autorisant plus de mettre un roi/frère en couveuse, ces derniers remplacés par un ersatz de mâle reproducteur sans autres pouvoir que celui d’ensemencé la reine en son début de règne, pour ensuite devenir son compagnon de fin de vie.

Du coup et depuis lors, il s’applique à trouver un moyen de défense qui préserverait ce système stellaire de la destruction.

Pourtant en y réfléchissant bien, une question se pose à lui, comment pourraient-ils savoir s’il n’est déjà pas né depuis des siècles, juste maintenant ou qu’il faudra attendre encore plusieurs millénaires.

En fait c’est justement cette pensée qui lui a amené le besoin d’une réponse et qui l’a amené à construire cet appareil servant à prendre le contrôle de la navette enfuie sous les glaces, après qu’elle ait fait une brève apparition sans doute programmée, le temps nécessaire à le libérer de cette cellule de non-temps qui l’a préservé si longtemps en état embryonnaire.

Charles se doute bien que celui qui se targue depuis toujours d’être son « père » et surement d’autres personnes, connaissent son secret sinon comment serait-il arrivé depuis la couveuse de la navette jusqu’au sein de cette illustre famille.

De plus il lui faut encore découvrir quel a été l’élément déclencheur pour que les robots-docs œuvres à son processus de naissance, de plus pile au bon moment pour que quelqu’un soit là à le prendre en charge.

Plusieurs idées à se sujet, mais aucunes à part peut être la détection de polluants par les capteurs externes mit à nus par le réchauffement climatique, montrant qu’une civilisation post atomique existait maintenant sur ce monde.

Charles comme à chaque fois qu’il ressasse ce genre de pensées en boucle, se tient la tête à deux mains en maugréant tout seul sur l’énormité de la tâche qui l’attend et pour laquelle il lui sera difficile d’obtenir de l’aide, les quatre royaumes actuels le prendraient au mieux pour un affabulateur, au pire pour un dément dangereux.

Son existence comme celle du second bébé a été de tout temps réfuter par les gouvernements, que ce soit à l’époque ou encore actuellement, de pensé à ce deuxième bébé le ramène une fois de plus dans une énorme perplexité déjà rien que par son existence.

S’il existe réellement alors qui est-il, que faisait-il dans la navette et surtout qui l’y a mit, dans quel but, trois questions qui ne trouveront pas les réponses sans qu’il entre justement dans la navette interroger l’ordinateur de bord.

Il a eu beau fouiller sa mémoire pour tenter d’avoir un indice, mais rien ne ressort à ce sujet si ce n’est une référence liant le nom du vaisseau ruche d’avec le seul dieu reconnu par son peuple, le dieu immortel « Cha-A ».

- Serait-ce possible ?

Ces quelques mots sont sortis de sa bouche comme un cri d’effroi, rien qu’à l’idée qu’il a eue subitement sur ce qui aurait pu prendre l’apparence du deuxième bébé.

Lui revient alors en mémoire le temps ou les premiers vaisseaux ruches prirent leurs essors pour quitter leur système solaire et cette planète qui les a vu naitre, mais où la vie n’était plus possible.

Son vaisseau est celui qui a eu l’immense honneur de recevoir « Cha-A » qui durant plusieurs centaines de générations est resté à vivre leur vie errante dans l’espace sans fin, jusqu’au jour ou prit par l’ennui, mais surtout ne supportant plus cette atmosphère confinée quasi exclusivement féminine, il décida de disparaitre à jamais.

- Dans ce cas il est possible qu’il ait profité de ce moment où il a été décidé de m’abandonner sur une planète qui un jour verra naitre une civilisation humanoïde pour s’échapper à son tour.

Le fait de parler à haute voix aide Charles à réfléchir, du coup il creuse encore plus dans cette voie jusqu’à peser le pour et le contre de toutes les informations, peu nombreuse dont il dispose.

Pourtant il a toujours été question de deux bébé sortis de l’hexagone, cela s’avère donc un fait indéniable et la seule explication de sa présence, l’emmène inexorablement vers celui qui a été à l’origine de l’univers qui a vu naitre son peuple et en mourir tant d’autres.

Charles délaisse ses travaux en cours pour se laisser aller dans ses pensées, cherchant dans la mémoire ancestrale toutes les informations qu’il pourrait trouver sur les apparitions de « Cha-A », jusqu’au moment où il a définitivement disparu et où il n’en est quasiment plus fait mention.

Une image lui apparait alors montrant un jeune humain mâle avec sa suite d’amis d’apparence tout aussi jeune que lui, il pousse alors un cri devant les traits si semblable à.

- Allons secoue toi Charles, ce ne peut-être qu’un délire de ta part à vouloir lui donner ses traits de visage en particulier, ou tout simplement une coïncidence comme il en existe partout et que chacun s’y retrouve confronter un jour ou l’autre.

De parler seul une fois de plus le ramène à la réalité qui elle le rappelle à l’ordre, quand son regard se porte sur les aiguilles de la pendule accrocher au mur.

- Wouah !! Déjà cette heure-là ??

Devant l’heure tardive qu’il n’a pas vu passer, il décide de rentrer à l’appartement avant que ses amis ne s’inquiètent, oubliant pour un temps ses propres réflexions ainsi que ses travaux secrets, un sourire amuser apparaissant même sur son visage rien qu’en pensant dans quel état il va retrouver la bande de queutards, se demandant ensuite comment c’est passé la discussion entre Kai et Lee-Rim, tout en espérant ne plus avoir à intervenir au point d’avoir à mettre ses menaces à exécutions.