Naïa tomba à genoux sur le tapis persan, Siakhel et Zarog eurent un même mouvement pour s’agenouiller auprès d’elle.

« Qu’il y a-t-il ? Tu te sens bien ?

- Une … Une béance… quelqu’un a déchiré une ligne. Encore. D’une façon si… simple… c’est… extraordinaire.

- Quoi ? Comment ? Qui ? Zarog était angoissé de percevoir sa sœur entre la terreur et le ravissement.

- Je… Je ne sais pas… mais les plateaux sont de plus en plus ébranlés. Il reste peu de temps.

- Siakhel, prends ses mains. Ordonna Zarog. Il te faut essayer de voir Naïa. Le frère aîné s’exécuta, ses yeux noirs devinrent comme mouvant, du plomb en fusion. Leur concentration conjointe les fit plonger rapidement dans les méandres des perceptions extrasensorielles de la Dicta Van Geayust. Des formes floues apparurent d’abord, pâles et inaccessibles, elles leurs échappèrent plusieurs minutes, comme un écran qui capte mal la réception. Puis un visage se forma, juvénile, candide, avec des yeux pourtant dénué de naïveté.

- Un enfant ? C’est un enfant humain qui a déchiré la ligne ! S’exclama Naïa, presque béate. C’est incroyable !

- C’est impossible ! S’exclama Zarog, choqué et terrifié par l’extase presque religieuse de sa Dicta. Perdait-elle l’esprit ?

- Loin de là mon frère. Répondit-elle durement à cette pensée. Ta confiance en nous est-elle si limitée? Il se tu sous le reproche fondé.

- C’est que… C’est très inquiétant et tu semble…

- Ebahie ? En tant qu’acte de magie, cet enfant est un prodige ! Mais oui, je te l’accorde, cela est très inquiétant.

- Oui, comment un enfant humain aurait pu créer une béance ? Nous les gardons au niveau d’éveil suffisant pour qu’il ne déploie leur potentiel qu’alors qu’ils ont trouvé leur mission d’âme. Cela arrive environ aux alentours de la trentaine. Jamais, jamais si jeune, et encore si cela était le cas, il n’aurait pas l’éveil nécessaire à remettre en cause son environnement extrasensoriel qui par causalité amène son esprit à fractionner les particules physique qui lui ouvre une brèche sur les autres plateaux.

- C’est exact, cela n’était pas arrivé depuis près de quatre cents ans. Nous avons beaucoup de chance que Paloma n’est pas encore trouvée cet enfant. J’ignore comment et pourquoi, quoiqu’il arrive nous devons la trouver. L’inquiétude atteignait maintenant ses traits fins et Zarog en fut rassuré.

- Je peux essayer avec Labiax.

- Excellente suggestion. Cela me semble presque trop simple, mais essayons…

- Ce n’est qu’un humain. Rétorqua Zarog, dont le fidèle corbeau n’avait jamais faillit. Siakhel ? L’homme aux longues dreads noires prit place face à son frère, lui mit une main sur la nuque et posa son front sur celui de Zarog. Ce dernier posa sa main droite sur la nuque de Siakhel et la lueur sous leur peau se fit plus visible et plus calme. Quelques secondes plus tard une image vint devant les yeux de Zarog qui découvrit un enfant d’une dizaine d’année, sale et maigre. C’était comme si il l’avait sous les yeux. Le corbeau émit un croassement de compréhension en s’en fut dans un souffle d’aile.

- Nous devons renforcer la sécurité des limites, au plus vite. La contagion est rapide et imprévisible, nous devons prendre les devants. Nous devrons peut-être éteindre certaines vies.

- Je crois que tu as malheureusement raison. Approuva Siakhel.

- Nous devons prévenir tous les Asdants. Renchérit Zarog.

- Inutile, Lya et Fusis ont du le sentir comme moi. Ils ne devraient pas tarder à nous contacter pour que nous nous organisions. Ensuite, nous… Naïa se stoppa, comme frappée à nouveau. Il n’est plus seul ! Les deux frères se lancèrent un regard angoissé.

- Je m’en vais quérir les nôtres, nous devons tous nous réunir pour attendre les autres familles. » Annonça Siakhel tout en sortant de la pièce d’un pas vif qui ne lui était pas commun. Zarog prit la main de Naïa. Celle-ci partagea ses visions avec lui, lui donnant un aperçu des personnes en faute du trouble de l’Ordre. Tous humains purs. Ils étaient près de cinq à présent. Comment cela pouvait se produire ? Qui était cet enfant ?