Ici et maintenant
Alors qu’ils entraient dans la petite ville de Bartre, Léo, main dans la main avec Louis, restait dans le dos rassurant de Paloma, mais ne voyait pas son visage. Les autres les encadraient comme des criminels, les uns devant, d’autres derrière et deux, chacun sur un côté, à croire peut-être qu’ils allaient essayer de s’enfuir. Pourtant Léo était résolue à défendre sa mère et sa propre existence, ainsi que celle de son enfant à naître. Le froid glaçait ses membres certes, mais dans son ventre et son cœur semblait briller un soleil qui lui réchauffait tout le buste, lui donnant le courage dont elle avait besoin pour affronter ces étrangers. De ces derniers émanaient une lueur, une aura mystique et puissante qui électrisait l’air. Léo se doutait que leur pouvoir étaient tout aussi puissants que ceux de sa mère, aussi pouvaient-ils les réduire en miette si leurs arguments n’étaient pas convaincants, et sa mère était seule face à eux. Ils arrivèrent devant un cinéma fermé, descendirent des marches de pierre qui menait en-dessous. Là se trouvait des rives bétonnée avec des bancs abîmés et tagués, l’eau coulait le long des berges, séparées des grottes artificielles par de simples barrières de fer. Ils s’arrêtèrent un instant, Paloma se tourna vers eux, avec un sourire doux qui rassura la jeune femme. Elle leva ses mains d’où chacune d’elle brillaient imperceptiblement une lueur argent, bleutée, et caressa doucement la joue de Léo et Louis. Ils sentirent tout deux comme une eau froide les envelopper, alors le devant de l’escorte et Paloma plongèrent dans le fleuve. Louis et Léo échangèrent un regard, alors qu’on leur intimait de suivre le mouvement. Ils s’exécutèrent, un peu à contre instinct, retenant leur souffle. Mais lorsqu’ils entrèrent en contact avec la surface de l’eau, seul le changement d’atmosphère les informait qu’ils étaient bien entrés, car ils restèrent secs et purent respirer normalement, leur corps coulant doucement au fond du lit du fleuve. En face d’eau, une arche ouvrait sur de noires profondeurs, direction que prenaient Paloma et les autres. Ils suivirent, mais bientôt aveuglés, ils ne purent que se servir de leur ouïe pour garder le rythme et la direction de la marche. Léo serra plus fort la main de Louis qui lui rendit son étreinte en l’attirant un peu plus vers lui, afin de la rattraper si elle trébuchait. Le bébé bougeait dans son ventre, sentant probablement l’anxiété de sa mère qui respirait profondément cependant, afin de garder le plus grand calme. Au bout d’un temps qui leur parut bien long, une leur vint percer les ténèbres où ils étaient enveloppés, telle celle qui avait émanée des mains de Paloma sur la berge. Ils leur fallut encore un temps pour voir ce qui propageait cette lumière : des torches en argent, surmontées de flammes bleues argents, qui dansaient, non pas comme des flammes ordinaires, mais comme des algues marines. Une porte blanche et lisse se tenait au-dessus de trois larges marches de pierres brutes mais pâtisser par l’érosion. Les deux personnes qui ouvraient la marche tendirent leur bras droits et des symboles étranges s’illuminèrent, tout comme chacun de leurs vaisseaux sanguin, qui fit émettre à Léo un hoquet d’étonnement. Le monde recelait décidément de nombreux mystères… La porte disparue comme si elle n’avait été qu’un écran digitale, comme des millions de points lumineux se dissolvant dans l’espace, et ouvrit sur un vaste hall lumineux. Le sol était d'un marbre crème aux veinures plus pâles, un immense escalier, en pierre identique, leur faisait face, les murs étaient faits de pierres apparentes, blanchies à la chaux et rongés par du lierre, de l’ipomée et même du campanule dans les aspérités les plus profondes. Le plafond n'était autre qu'un dôme de verre, à travers lequel un soleil brillant envoyait ses rayons caresser les plantes rampantes, dans un ciel bleu limpide. Même dans le contexte où elle arrivait en ces lieux, Léo ne put qu’être émerveillé par ce lieu.
« Bienvenue à la maison Paloma. Murmura tendrement la femme aux yeux et cheveux blancs. Mais alors que Léo se sentait rassurée, des fauteuils apparurent autour d’eux, en arc de cercle et un souffle éloigna Léo, Louis et Olaf de l’accusée qui fut bientôt encerclé de petites flammes bleues semblables à celles de l’entrée.
- Quel charmant accueil. Ironisa cette dernière.
- Zarog… Soupira tristement Naïa.
- Plus vite nous aurons finit, plus vite nous pourrons savoir s’il est de bon ton de souhaiter la bienvenue à celle qui fut un jour notre sœur. Pour le moment, rien est moins sur, je comprends ta sensibilité Naïa, aussi sera-t-elle épargnée en accélérant le processus, soit de rupture, ou, je l’espère, de retrouvailles.
- Tu l’espères ? Vraiment ?
- Nous nous sommes toujours bien entendue Paloma, je te portais une réelle affection avant ta trahison.
- Je préfère parler de disgrâce.
- Tu n’as plus grand-chose à envier à Sixoïl…
- Où sont-ils d’ailleurs ? Les familles ne sont pas au complet il me semble ? Merkhan, Othilie, Sixoïl, Siakhel, devraient être ici.
Il y eut un silence pendant lequel on cru s’enfoncer au fond de l’eau et subir une pression sur les tympans.
- Ils ont certainement été retenus par la peur de se trouver à ta place très chère. Répondit froidement Zarog.
- Il me semble important qu’ils soient présents, je suis sûre et certaine qu’ils ne devraient pas tarder. Dit Paloma très calmement, avec un sourire à son frère qui pâlit légèrement.
- Cela serait étonnant, cependant cette possibilité n’est pas à exclure. Trancha aimablement Naïa, peut-être pourrions-nous attendre quelques instants. Ils ont surement ressentit ton appel ma sœur, ils se sont dressés contre nous ces derniers temps, ralliant ton point de vue. Nous attendrons une heure. Cela va-t-il à toutes et tous ? Il y eu un murmure d’approbation.
- En attendant nous vous proposons de vous restaurer, lesquels d’entre vous peuvent m’aider à monter un petit buffet ? Proposa Roxelane. Solec se leva ainsi que Deïloo et Lédor. Ils amenèrent une longue table puis firent quelques aller-retour par une porte presque dissimulée sous l’imposant escalier de pierre. Léo avait du mal à cerner ces personnes qui l’entouraient, le procès prenait des airs de petite réunion chaleureuse, certains souriaient même, alors que d’autres, comme Zarog, gardait un visage froid, sans expression. Tandis que certains s’occupaient de mettre e buffet en place, un bruit leur parvint. Léo se retourna et vit deux personnes, une aura semblable à celle des êtres qui l’entouraient, s’avancer dans le cercle qui s’était formé pour le procès de Paloma, elle-même toujours dans son cercle de flammes bleues qui dansaient langoureusement autour d’elle.
- Siakhel, Sixoïl. Salua aimablement Naïa, alors que Zarog grimaçait. Heureuse de vous voir.
- Pareillement ma sœur.
- Othilie et Merkhan se joindront-ils à nous ? Il semblait vraiment ne s’agir que d’une réunion de famille, au vu de la douceur de la Dicta Van GeaYust et le silence des Ranvlonick, qui cependant n’avait rien de naturel. La mort de Yavol semblait les avoir changés en pierre, leur visage impassible, seule Fusis gardait le regard brulant, tentant sans doute d’atteindre Paloma en la fixant.
- Ils sont en route.
- Merkhan prend le risque ? Vraiment ?
- Oui Zarog, il prend le risque, pour la vérité et la justice, il est prêt à se mettre à danger face à ton caractère inflexible.
- Sixoïl. Réprimanda doucement Naïa.
- Laisse ma sœur, il semble que notre jeune frère est incapable de gagner en maturité même après plusieurs centaines d’années d’experience.
- Je pense surtout que nous n’avons pas eu les mêmes.
- Pour une fois, je suis d’accord avec toi Sixoïl. Pendant que d’autres apprennent à devenir responsable, toi tu apprends toujours de nouvelles façons de te divertir.
- Au moins, il m’arrive de sourire.
- Paix mes frères. Interrompit Naïa à nouveau, vos querelles sont lassantes, nous avons des choses plus importantes à traiter.
Sur ces mots, un bruit se fit à nouveau entendre, tous se tournèrent vers les derniers arrivants. Malgré la sévérité du moment, Othilie ne pouvait cacher une joie lumineuse et une douce sérénité alors qu’elle s’avançait vers les autres au bras de son bien aimé. Tous remarquèrent qu’elle avait prit des hanches et la nouvelle rondeur de son bas-ventre. Elle s’avança vers Léo et lui prit doucement les mains.
- Je suis heureuse de te rencontrer en tant que tante, maintenant que le secret est révélé. Soit la bienvenue dans notre maison.
- Nous n’en sommes pas là Othilie, mais j’ai l’espoir de t’entendre réitérer ces paroles une fois que la lumière sera faîtes sur la situation. Pour ceux et celle qui ont faim, nous vous invitons à vous servir avant de commencer. Roxelane déposa un dernier plateau de fruit et ouvrit les bras. Othilie et Léo s’avancèrent les premières, leur grossesse ne leur laissait guère le choix de prendre les forces que leurs bébés leur prenaient, ainsi que la situation stressante qui se déroulait. Quelques autres se servirent puis chacun regagna sa place. Le silence pesa à nouveau. Fusis et Lya se regardèrent un long moment, Lya se leva alors.
- Fusis et moi-même demandons à ce que ce soit moi qui préside le conseil afin dêtre dans la plus grande impartialité, puisque les crimes qui ont été commis viennent de ta maison Naïa et que le dernier procès que tu présidais s’est soldé par l’échec de l’apprentissage qui est censé incomber à toute décision et punition donné, telle est notre loi. Tous se tournèrent alors vers Naïa qui eut un sourire doux et aimable.
- Si tel est le désir du conseil, cela me convient parfaitement.
- Si cela n’est pas synonyme de vengeance, bien entendu.
- Siakhel ? Penses-tu que nous avons à l’esprit cela ? Nous avons suffisamment évoluer pour savoir faire la part des choses, de plus c’est moi qui préside, non Fusis qui vient de perdre l’un de ses frères, et donc pourrait être avauglé par le chagrin. Mon seul et unique frère est ici, libre et vivant, au bras de la femme qu’il aime et de leur enfant à naître, de quoi voudrais-je me venger ?
- Ne nous prends pas pour des naïfs, le procès de Merkhan t’as laissé amère, ainsi que sa dévotion pour notre sœur. Lya rosit très légèrement.
- Je ne serai pas aussi impartiale qu’elle cependant, Siakhel. Dit alors Naïa, je m’en remet avec confiance à Lya. De plus, ce n’est qu’une présidence, nous cherchons avant tout le consensus entre nous tous.
- Si cela reste à l’esprit de tout à chacun, cela me convient.
- Quelqu’un s’oppose-t-il fermement à ma présidence. Demanda alors la dicta Epanheul. Toutes et tous restèrent silencieux et immobiles. Parfait, prenons place et commençons, voulez-vous ? Léo eut alors un élan d’angoisse, de panique même. Elle avait besoin d’air, elle se mit à respirer profondément afin de chasser le blanc qui se mettait à couvrir ses yeux. Elle allait se sentir mal, elle le savait. Louis sentit sa main trembler.
- Pourriez-vous nous excuser une minute ? Et nous indiquer une terrasse ou un lieu en extérieur ? Les Asdants ayant les sens surdéveloppés reconnurent l’anxiété de la jeune femme et ne laissèrent point paraître leur agacement s’ils en ressentaient.
- Monter l’escalier, jusqu’au salon de l’aile gauche, il y a un jardin où vous pourrez vous préparer. Nous vous attendons. Dit Naïa avec douceur.
- Merci… Murmura faiblement Léo qui entraîna Louis à l’étage, réprimant son envie de courir.
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