Le Conseil

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Samaël trônait, avachi dans sa montagne de coussins, entouré de deux concubines qu'il congédia lorsque Teixo fit son entrée.

Saavati ne te suffit-elle pas ? interrogea ce dernier, taquin.

Dame Saavati ! corrigea le Saigneur des Seigneurs. Elle se repose. Et dans son état, je préfère la ménager.

— Tu sembles bien sûr de toi.

Samaël le dévisagea, l'ébauche d'un sourire au coin des lèvres.

— Les nausées ont déjà commencé.

Il avait manifestement du mal à contenir sa joie. Teixo émit un sifflement.

— Déjà ? Mais n'est-ce pas un peu tôt ?

— Va-t-en savoir. Je t'avoue que ma connaissance des femelles de ta race est un peu limitée, en tous cas sur ce sujet.

— Tu n'as pas peur des complications ? La dernière qui...

— Je ne le permettrai pas !

Le ton était péremptoire. Il ajouta :

— J'ai réuni un Conseil élargi.

Al Garci apparut soudainement, comme sorti de nulle part, et s'adressa à Teixo.

— Nous attendons les généraux Kalgur, Omir et Djezabelle, mais sont également requis pour la circonstance la capitaine Aïcha la Rouge et Arkhan le Sage, maître-alchimiste et médecin personnel du Seigneur Samaël.

— Tu en sais donc un peu plus sur ces contaminations, murmura l'ambassadeur.

— L'escouade est rentrée avant-hier, Arkhan doit nous présenter les résultats de ses anlyses.

Aïcha arriva la première, rapidement suivie par les généraux. Un vieillard sec comme une trique tarda à faire son entrée. Il se perdit en salutations mais Samaël, impatient l'exhorta à entrer dans le vif du sujet.

— Nous savons tous de quoi il retourne, bougonna l'homme-reptile. Dis-nous plutôt ce que tu as trouvé.

— L"eau des deux échantillons est claire et ne présente aucune impureté visible. Celle provenant du Trou du Démon présente son odeur caractéristique habituelle, mais d'aspect, elles semblent tout à fait propres à la consommation.

— Elles ont portant tué deux de mes filles et quattre tribosses, fit Aîcha.

— J'y viens, j'y viens, assura le vieillard. Dès le départ des soldats, j'ai fait sevrer deux rats et deux chiens. Jusque hier soir. Je devais m'asurer qu'ils boiraient l'eau contaminée.

— Et ils l'ont bue ? questionna Djezabelle.

— Ils étaient assoifés. Les rats ont englouti leur part sans demander leur reste. Par contre aucun des chiens n'a daigné y goûter. L'un deux a d'ailleurs grogné après l'avoir flairée.

— Et bien tu as là deux bêtes bien chanceuses, avança Aïcha.

— Moins que ce que tu crois, la Rouge. Mes assistants les ont gavé, avec un entonnoir. Il fallait qu'ils boivent. Cela à valu une belle morsure à la main au jeune Akhim.

— Et ? s'impatienta Samaël.

— Les chiens comme les rats sont morts. Les chiens hier matin, les rats dans la soirée.

— Et tu en conclus ?

— Même si une pleine journée séparait les décès, les deux chiens sont morts presque simultanément, ainsi que les deux rats. Un chien et un rat ont bu l'eau du Trou du Démon, et les deux autres celle du premier puits.

— Et tu en conclus ?

— Que c'est bien le même poison qui a contaminé les deux puits. Etant donné la distance qui les sépare, on peut donc supposer que la cause n'est pas naturelle.

Kalgur frappa du poing dans sa main, il fulminait.

— Quel fils de chien a bien pu faire ça ?

Samaël semblait pensif. Omir, était rouge de colère.

— Sans nul doute les Dominiens ou la Papesse. Sans les puits, nous perdons notre liberté de mouvement et notre capacité à mobiliser les clans.

Al Garci, pour la première fois, intervint :

— Il y a plus urgent que de savoir qui a commandité cette perfidie;

— Explique-toi, lui ordonna Samaël.

— He bien Seigneur, il me semble que nous devons avant tout garantir notre propre survie. Imaginez que l'empoisoneur puisse opérer ici-même.

— Ce serait une déclaration de guerre, murmura Samaël.

— Pour peu que vous puissiez attribuer l'attaque à un de vos ennemis, or ce n'est pas encore le cas, reprit Al Garci. Je suggère de fermer le campement en élargissant le périmètre à la totalité de l'oasis et d'en contrôler toutes les entrées. Etablissez une garde permanente sur l'entièreté du lac.

— Je crains que nous n'ayons pas le choix, murmura Djezabelle.

Al Garci continua :

— Il nous faudra aussi envoyer des patrouilles et des messagers. Pour contrôler les puits connus et prévenir les clans. Et si nous trouvons encore des puits sains, il nous faudra les garder jour et nuit.

— Tout ça va nous coûter bien des'hommes, maugréa Kalgur.

— Les puits ne sont pas légion, se justifia Al Garci. Mais oui, cela va nécessiter beaucoup de moyens, surtout si nous voulons agir vite.

— Mes Amazones sont rapides comme le vent du désert, avança Djezabelle. Et nous pouvons partir dès aujourd'hui.

— Tes cavalières ne nous aideront en rien, la reprit son père. Les détachements devront être autonomes et emporter des citernes mobiles.

— A ce rythme, il nous faudra une demi-lune pour atteindre un puits ! rugit Kalgur.

— C'est bien pour ça que ça monopolisera tant de ressources, continua le conseiller. Il nous faudra envoyer un détachement par puits, ainsi qu'un par clan.

— Fais donner les ordres en ce sens, lui asséna Samaël. Que chaque détachement qui trouvera un point d'eau non contaminé y établisse un camp permanent. Et trouve-moi qui est à l'origine de tout ça !

Il se tourna vers l'alchimiste.

— Quant à toi, trouve-moi un antidote.

— Seigneur, il me faudrait pour celà avoir accès à un laboratoire digne de ce nom.

— Que veux-tu dire ?

— Il n'y a rien ici. Je peux soigner des malades, faire face aux tâches de routine, préparer des potions. C'est une officine, pas un laboratoire. Pour conduire de telles recherches, je dois avoir accès à un laboratoire. Aux données.

— Es-tu en train de me dire que tu dois te rendre à Bal Al Sahra ?

Le vieil homme le contempla, penaud.

— Pardonne-moi Seigneur. Cette ville est un repaire de marchands. Je te parle d'avoir accès au temple de la connaissance, aux meilleurs médecins, aux savants les plus doctes.

Al Garci écarquilla les yeux.

— Par les Dieux, tu ne comptes quand même pas te rendre à Domina ?

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