CHAPITRE I
Mon confesseur m'invite à faire pénitence. L'empressement qu'il y met sans oser m'avouer ses craintes me fait croire en ma prochaine délivrance.
J'ai grand plaisir à le taquiner sur ce sujet !
Le pauvre saint homme roule des yeux effarés niant le tout avec une application extrême presque touchante, m'expliquant doctement que pour l'Homme, naturellement pécheur, seule la contrition quotidienne peut lui faire espérer en la divine miséricorde.
Mais l'on ne ment pas à une reine !
Je sais que l'heure approche enfin, je prie depuis trop longtemps Notre Seigneur qu'Il me rappelle à Lui.
Or péché de Roi est plus grave que celui du commun, c'est pour l'avoir oublié un court, si court instant, que j'expie douloureusement ma faute : l'on ne privilégie pas impunément la voix de son coeur au détriment de son devoir.
Les peuples de France et d'Angleterre se déchirent, mon père pourra-t-il me pardonner ?
Penser au passé demeure un pénible exercice, l'on a coutume de dire que les vieilles gens s'y complaisent au grand dam de leurs proches. Ma Maison ne peut s'en plaindre : la nostalgie me prend chaque soir à mon coucher, mon calvaire solitaire me laisse épuisée au petit matin. Nul ne doit savoir pourtant.
Annotations
Versions