- Angélique, j'ai quelque chose à te dire... M'avait dit mon mari, Bernard-Gérard, avec son perpétuel air sérieux.
Avec toute la bêtise et la naïveté dont je suis capable, je m'étais alors dit que c'était pour fêter nos noces d'or.

-Oui ? Ai-je répondu, un grand sourire aux lèvres.

Il lissa de sa main son beau costume de tous les jours, s'assit, se releva, s'avança vers moi, tira une chaise, m'invita à m'asseoir, puis se posta juste en face de moi.
Je me rappelle, je m'étais dit alors que les petites bizarreries de mon mari me le rendaient encore plus attachant. Bête jusqu'au bout.

-J'ai quelque chose de vraiment, vraiment très important à t'annoncer.

-Vraiment? Répétais-je en levant les sourcils avec un faux air sceptique.

-Ce que je vais te dire va changer notre vie à tous les deux.

Je ris:

-C'est plutôt positif alors !

Il toussa et se reprit

-Oui, c'est très positif. Très positif.

Je levai de nouveau les sourcils.

-Angélique, j'ai... j'ai... voilà, j'ai rencontré quelqu'un.

Silence.

-Elle est très belle

Silence.

-Très gentille

Silence.

-En fait, voilà... C'était une de mes élèves.

Quand vous avez 87 ans et que votre cœur est très fragile, vous avez 50% de chances de finir à l'hôpital avec ce genre d'annonce.

Je faisais partie de ces 50% là...