Carpe Diem
La première chose que j'ai vue fut... Un mur tapissé de photos. Et pas des belles photos du Soleil se couchant sur la mer ou de montagnes enneigées. Non, des photos de mecs. Des mecs jeunes, en plus.
Un peu gênée, je me raclai la gorge et me retournai vers Lise.
-Lise, cette chambre est ravissante mais... tu n'en aurais pas une autre une peu moins...
Je me sentais gênée de lui demander cela, car elle était venue me chercher elle-même à la sortie de l'hôpital, ayant été prévenue par mon bien-aimé ex-conjoint (à ma grande honte j'avais oublié de l'appeler), et, repoussant mes protestations, elle m'avait proposé de venir chez elle en attendant que tout soit rétabli. Bienveillante Lise !
-Moins ? Rétorqua-t-elle avec un petit sourire en coin. Petit sourire qui d'ailleurs accentuait ses rides déjà marquées, car mon amie avait au moins trois ans de plus que moi.
Je levai les sourcils en désignant du regard les photos très viriles qu'elle avait découpé des magazines eu soigneusement collées sur le mur. Elle rit:
-Mais ces photos sont superbes ! Après tout, me glissa-t-elle sournoisement, il me semble que tu es célibataire maintenant... Alors profite ! Carpe Diem ma sœur !
Oui, depuis qu'elle a regardé "le Cercle des poètes disparus" il y a quelques dizaines d'années de cela, elle ne cesse de répéter "Carpe Diem" à tout bout de champ. D'habitude, je ne l'écoute pas vraiment, mais c'est simplement parce que mon carpe diem à moi se limitait alors à mon ex-mari, le tendrement chéri Bernard-Gérard (Vous noterez que ses initiales font B.G....). Mais puisque j'étais aujourd'hui sous l'impérieuse contrainte de changer de vie, je décidai que dormir avec autour de moi de jeunes hommes à demi-nu ne pouvait que me faire du bien. Je la suivis donc vers le salon, où elle me servit une tasse de thé au citron.
-Angélique, me dit-elle avec un grand sourire aux lèvres, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer.
-Je suis toute ouïe.
-J'ai décidé de recommencer à m'amuser !
-C'est... Magnifique !
-Oui ! Je t'explique: Tous les soirs depuis quelques semaines, je vais en boîte, histoire de danser et de profiter un peu. Comme en général les videurs ne laissent pas passer les petites mamies dans mon genre, je me déguise en femme de ménage et rentre par une autre porte. Ça marche super bien ! D'autant plus que j'y vais toujours assez tard, histoire que les charmants petits jeunes qui hantent les lieux aient déjà quelques doses d'alcool sur la conscience...
Pas étonné pour un sou, je lâchai tout de même un petit rire en me souvenant qu'elle faisait exactement la même chose quand elle avait douze ans et moi neuf.
- Et justement, j'ai bien l'intention d'y retourner ce soir... Ça te plairait de m'accompagner ?
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