Entailles...
Les mots acerbes la transperçait. Tels des lames chauffées à blanc, les paroles s'infiltraient dans son esprit éclaboussé. Le sang invisible qui coulait se mêlait à ses larmes salines. Garder la tête haute, ne pas répondre, ne pas écouter. Belles paroles que disent les imbéciles. Insensible à la douleur, sensible à la rumeur, elle gardait la tête basse, les yeux fuyants. Pourquoi dans la brume acide des secrets et messes basses ne peut-on pas se tapir dans les tréfonds de son cœur ?
L'on ne vit que pour les autres, à ce que disait sa mère.
Arrête de te laisser marcher sur les pieds, répondait son père.
Mais la lame qui effleurait la peau délicate de ses poignets disait une toute autre histoire. La douleur qui effaçait ses peines, son sang écarlate goutte à goutte qui tâchait le sol blanc lui montrait un pays sans douleur.
Toujours plus profondément, la mort lui soufflait des promesses ensorcelantes, jurant une vie de rêve de l'autre côté du miroir.
Juste un peu plus loin. Un pas vers le paradis après l'enfer. La douleur n'était qu'une étape, une marche à gravir.
Juste un peu plus fort, un pied dans la tombe, ils ne firent que l'y pousser. Reboucher le trou et partir comme si de rien n'était. Mais la mort laisse des marques, et les entailles dans la terre meuble ne sont que des fissures ensanglantées…
Et eux, qui dans leurs rires aigres, lancent des paroles brûlantes, dans leurs cœurs moisis, ressentent sa mort.
Car elle choisissait de partir, mais dans leurs esprits elle resterait, dur souvenir d'une souffrance ignorée.
Et là est tout le dilemme, d'une mort injustifiée, que seul un mot aurait put éviter.
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