Une seule chute de pluie.
Je me souviens, à l'époque je n'étais encore qu'un jeune Premier, je n'avais que cent-cinquante-six ans... Ça date, je me souviens de ma mère, une grande dame ma maman, féminine, belle et gentille, une vraie Dame bien comme il faut. Elle me manque parfois, elle est morte sur Prima, par amour de la vie, elle a accepté la mort. Mon peuple ne vieillit pas, notre peuple vit hors du temps, nous sommes nés avant lui. Mais avec le temps, nous avons compris que si nous le souhaitions, nous pouvions accepter la mort, nous pouvions accepter de vieillir, c'est ce que ma chère maman a fait. Le jour de sa mort, il faisait beau, une de ces magnifiques journées sur Prima. Comme tous ceux qui meurent, elle eut droit à l'une de ces magnifiques sépultures en forme de bateau, notre peuple est réputé pour être un peuple de voyageur, nous aimons nous balader. Ce bateau, c'est notre dernier véhicule. Ce navire, il fut aussi beau qu'elle l'était durant sa vie, pour ma mère qui avait passé sa vie à apprendre aux autres, et apprendre elle-même, il était empli de nombreux ouvrages. Des livres humains, des livres Centauriens, des livres Dzreast, des livres qui venaient de chaque coin des Univers. Une véritable bibliothèque.
Je me souviendrais toujours du jour où elle souffla son dernier soupir. Elle était assise sous l'un de nos magnifiques Arbres Sens Dessus Dessous, un arbre qui partage une forte similarité avec une arbre Terrien, un certain Camphrier. Elle posa sa main sur ma joue et me sourit, elle me fit comprendre une chose en ce jour-là. La vie, c'est la mort, mais elle me fit aussi haïr cette mort. Depuis ce jour, je déteste les fins, elles sont horribles, elles font bien trop mal. Les pires fins ne sont pas celles que l'on croit. On pense souvent, que la pire fin est celle au combat, celle dans la violence et la souffrance, c'est une erreur. Je n'ai jamais vu de fin plus triste, que celles qui sont paisibles. Il n'y a pas plus triste qu'une mort avec le sourire, et pourtant, il n'existe rien de plus beau non plus. Ce jour-là, je me posai la question. Une question dont je n'ai pas la réponse aujourd'hui.
Je me demandais si c'était pas ça la vie, vieillir et puis mourir en n'ayant compris qu'un seul camphrier, qu'une seule chute de pluie.
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