Soyez curieux.
Ah... L'univers... J'adore l'Univers... Et j'adore commencer mes phrases comme ça, je trouve ça rigolo, pas vous ? Commencer les phrases comme ça, ça donne l'air cool ! J'aime être cool ! C'est vrai, ça donne un air un peu... Philosophe qui regarde les étoiles, ce qui dans mon cas n'est pas si loin de la réalité. La réalité aussi, j'aime bien ça, même si je ne connais pas grand monde qui la connaisse réellement. Il faut dire que la plupart de mes contacts sont des Humains, ça n'aide pas. Je ne veux pas vous offenser bien sûr, vous êtes des gens parfaitement charmants, mais vous êtes... Étroits d'esprit. C'est ça, étroit d'esprit, ça vous correspond bien, et puis ça sonne bien, si j'avais dit " fermés " ou étriqués, ça aurait été un peu offensant non ? Je sais que vous êtes facilement offensés, si vous voulez mon avis, vous devriez vous détendre. Ce qui est amusant chez les Humains, c'est que les plus détendus sont souvent les plus sérieux... Ça n'a pas de sens, ce n'est pas grave.
Je me souviens, je crois que c'était en 1905, je discutais avec un vieil ami à moi, un certain Albert, très drôle personnage, assez excentrique.
- Albert écoute moi ! Écoute-moi ! Arrête d'imaginer l'espace comme une feuille plate, chaque objet à son poids, et chacun de ces objets font onduler la feuille ! Donne-moi cette balle et une feuille ! Évidemment, ce bon vieil Albert connaissait mon génie, sans me vanter, je suis plutôt du genre malin. La balle et la feuille en main, je lui fis ma fameuse démonstration, comme vous vous en doutez, la feuille ondule sous le poids de la balle, et c'est là qu'il comprend.
- Évidemment ! Dit-il en jubilant. Si on considère l'espace et le temps comme une seule et même entité, on peut supposer que plus l'objet est lourd, plus l'espace est distordu, et donc le temps aussi ! Professeur ! Quel est l'objet le plus lourd que vous connaissez ? Drôle de question Albert, mais pertinente, je l'admets.
- Et bien... L’objet le plus lourd que je connaisse, il me serait impossible de vous le dire, votre espèce n'en fera la découverte que dans plusieurs milliers d'années, il y a des règles mon ami. Mais dans pas si longtemps, vous découvrirez SMSS J215728.21-360215.1 un sacré gros trou noir, lui répondis-je, curieux d'entendre ce qu'il avait à dire.
- Parfait ! En partant de ce postulat, on peut supposer que si un objet si énorme est capable de déformer sous son poids l'espace, il peut déformer le temps, et donc le ralentir, ou l'accélérer... À voir, mais je dirais ralentir, ça parait plus logique !
Ce cher Albert, un excentrique, je l'adore. Une personne curieuse de tout, il vous manque des gens comme ça si vous voulez mon avis. Votre civilisation est trop peureuse pour être curieuse, vous avez même une expression qui dit " la curiosité est un vilain défaut " ! C'est atroce de penser cela ! Vous êtes étrange parfois. La curiosité, c'est fabuleux ! C'est fantastique ! C'est... Fabulistique ? J'aime ce mot ! Fabulistique ! Enfin bref ! Soyez curieux, toujours ! En toute circonstance, soyez curieux ! Je vais vous parler d'une race que vous connaissez, sans même le savoir, une race que vous avez déjà aperçue, déjà entendu, mais que vous n'avez jamais remarqué. Souvenez-vous, avez, vous déjà vus cette ombre dans le coin de votre œil, ou l'impression d'entendre des voix le soir, tard, que vous étiez seuls chez vous. Vous aviez mis ça sur le compte de votre imagination, d'une petite paranoïa de passage. Un manteau posé sur une porte qui donne l'impression d'être un homme qui se tient là, rien de bien grave après tout. Ce n'était que votre imagination, et puis, la curiosité est un vilain défaut, alors pourquoi chercher à comprendre ? Vous avez refermé les yeux et êtes replongé dans les bras de Morphée. À chaque, petite, fois ou vous les avez vus, à chaque petite fois, ou vous les avez entendus. Ces ombres qui bougent, elles ont titillé votre curiosité, mais vous avez peur d'être curieux. La curiosité peut être dangereuse, vous avez peur du danger, vous avez peur de la mort. Vous avez peur de ces êtres que ne vous ont pourtant jamais fait de mal. Je l'ai vu, ces êtres qui existent sans exister, ces êtres imaginaires et réels. Ils ne nous entendent pas, pourtant nous, nous les entendons tous. Ils n'ont pas peur de nous, car pour eux, nous n'existons pas, alors, soyez curieux, aller vers eux, quand vous voyez cette ombre dans le coin de votre œil, regardez à nouveau. Cette ombre dans votre chambre, ce bruit sous votre lit, jetez-y un œil. Soyez curieux.
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