Le jour ou j'atterris sur Terre

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Je n'aime pas être seul, et encore moins voyager, seul, pourtant, je le fais, il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de gens dans l'Univers capable de suivre mes voyages. Tous avaient des attaches, des gens auxquels ils tenaient et qu'ils ne voulaient pas lâcher, et même si les voyages dans le Temps permettent d'être toujours à l'heure aux rendez-vous, parfois, ils sont dangereux. Pour voyager dans le Temps, il faut n'avoir rien à perdre, et même ceux qui en sont convaincus, n'ont jamais, rien à perdre. Nous avons tous quelqu'un, ou quelque chose qui nous fait revenir à la même maison, une dame peut être, ou un homme, un animal de compagnie ? En tout cas, je le croyais.

Je me souviens d'un jour où j'ai vu la seule personne qui n'avait rien à perdre. Je le rencontrais sur Terre, dans le deuxième millénaire de la Terre. Le jour où j'atterris sur Terre. Il faisait froid ce jour-là, je me souviens avoir atterris en France, dans une petite région d'un peu plus de huit-cent vingt-neuf mille habitants. Là-bas, la neige tombait souvent, tous les hivers, elle était là, elle répondait à l'appel, et cette année ne faisait pas exception. Cette fois, je n'avais pas cherché de destination, j'avais appuyé sur des boutons au hasard et cette bonne vieille machine m'y avait emmené. Elle n'avait pas cessé de me répéter qu'elle entendait un enfant et sa mère qui appelaient à l'aide, qu'ils cherchaient une échappatoire. Que se passait-il ici ? Je l'ignorais à ce moment, mais je me souviens parfaitement des yeux écarquillés d'un petit garçon qui appelait sa mère alors qu'un vaisseau en forme de mini Austin se matérialisait dans son jardin. Je me souviens, ses yeux étaient d'un bleu cristallin, les yeux d'un enfant curieux, mais ils étaient déjà à cette époque, emplis de tristesse. Les yeux d'un enfant qui avait déjà fait l'expérience de la cruauté de son monde, de la cruauté dont les Hommes pouvaient faire preuve. Sa mère, elle semblait fatiguée, ses traits étaient creusés par l'inquiétude, et mon apparition soudaine n'avait pas amélioré sa condition. Je pouvais lire dans son regard qu'elle était à ce moment, préparée à tout, les épreuves qu'ils avaient vécues il y a peu les avaient marqués profondément.

Je sortais de ma machine pour humer l'air, il faisait aussi frais que je le pensais... Et j'avais encore oublié de m'habiller en condition... Mes chaussures bien que légère montante, n'étaient pas assez haute et la neige s'y était infiltré... Fichu Joseph Tricker tes chaussures sont confortable, mais pas tout terrain ! À nouveau, je levais mes yeux vers la fenêtre, mais plus d'enfants, ni de mères, puis, des bruits de pas.

- Qui êtes-vous ? Comment avez-vous fait ça ? Vous êtes un extraterrestre ? Un voyageur du futur ? Et que faites-vous ici ?

Je me souvenais que la mère était particulièrement perspicace.

- Je suis Le Professeur, et ceci est... Mon véhicule ? Ne faites pas attention à moi, je suis à la recherche de deux personnes, un petit garçon et sa mère, nous les avons entendu appeler à l'aide

Leur regard est encore aujourd'hui gravé dans ma mémoire. Un regard d'espoir, et de curiosité, le garçon et sa mère étaient là, face à moi. La Dame m'invita à boire, elle me proposa un café, je pris un thé, elle en avait un très bon, au gingembre, je crois, assez fort, j'aime les trucs forts.

- Nous avons appelé à l'aide, en tout cas, je l'ai fait. Ce monde, les gens qui y vivent, ils nous en veulent, je ne sais pas pourquoi, mais c'est le cas. Nous sommes sortis du tribunal ce matin. Apparemment, Tim, mon petit gars, serait maltraité, nous avons toujours tout fait pour qu'il ait la meilleure vie possible, mais ça ne suffit pas. Et aujourd'hui, on me menace de me l'enlever, ce n'est pas juste. N'a-t-il pas assez souffert ? Après sa maladie, ce sont les gens qui s'en prennent à lui, et à moi. Les Hommes nous en veulent.

Ces gens, ils étaient tristes, plus qu'aucun Humain dont je connais le nom. Ils avaient été trahis par leur patrie, que pouvais-je bien faire pour les aider ? À part peut-être, leur proposer ma solution. Tout laisser derrière, et partir. Je pris la parole, leur proposai de voyager avec moi, à travers les étoiles et le Temps.

Je m'attendais évidemment à une réponse négative. Ils avaient été rejetés par les leurs, mais le Monde ne vit pas que dans les yeux des Hommes. Il était tout autour d'eux.

Oui... Je m'en souviens... Ce jour-là, je fis la connaissance de Tim, mon ami, et de sa mère, lui m'accompagnera longtemps, jusqu'au Dernier Jour. Sa mère, finira sa vie sur une charmante petite planète, à boire du thé aux côtés de mes amis à sept jambes. Je m'en souviendrais longtemps de ce jour. Le jour où j'atterris sur Terre.

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