Il n’est pas de moi mais …
J'aime une femme brisée.
Une femme comme blessée depuis toujours dans une chair plus profonde que la chair. Une femme pleine de décombres miraculeux : des ruines de lumières.
Une femme, porteuse d'âme exténuée, qui reste sur ses gardes dès qu'il s'agit d'amour. Vigilante, soldat perdu sur le champ de bataille après la guerre - « anéanti », mais debout. Attendant la paix.
Mais comment pourrait-elle encore y croire ? Et oublier l'horreur, IMMENSE et impensable qui laisse son cœur chiffonné et plein de courbatures.
Ce cœur déjà dépouillé, écorché, déchiré: fatigué depuis longtemps qui, pour survivre, abandonne une fois de trop son innocence. C'est de cette fois de trop que je rêve de la guérir.
Que dois-je faire ? M'approcher doucement, peut-être. Lui prendre la main. Et l'emmener.
L'emmener loin. En sécurité. Mais, où ? Ailleurs.
Dans une chambre de coton. Oui. Mais laisser la porte ouverte. Qu'elle ne soit pas prisonnière.
Jamais. Et l'aimer.
L'aimer beaucoup. Sans concession. Peut-on aimer comme ça ? Sans trêve. Sans répit : aimer plus loin que l'amour. Je veux l'aimer à lui réapprendre à s'aimer. Avoir pour victoire qu'elle n'ait plus besoin de moi. Et espérer qu'elle reste par envie, et non par nécessité.
- Lucas Clavel, Et je t’aimerai encore -
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