En montant la colline abrupte, un mal de ventre me retourne l’intérieur. Ainsi qu’une question que j’ai toujours esquivée. Je ne peux plus procrastiner aujourd’hui.

Que vais-je faire une fois en haut ?

Je continue de gravir la pente escarpée sans trop réfléchir au futur proche.

Mes yeux s’attardent sur mon short, puis mes chaussures écrasant les petits cailloux sur lesquels je m’appuie pour rejoindre mon rêve. Rêve douloureux en ce jour de dure chaleur.

En atteignant le sommet, essoufflé et trempé de sueurs, une petite cabane en bois surplombant d’anciennes fondations me fait face.

Ça y est, c’est le moment.

Je marche mollement, repoussant l’inévitable, hâtif de connaître le méconnaissable.

Après de longues secondes, je me retrouve planté-là, devant le palier. Je cogne trois coups d’un poing tremblant.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, prêt à exploser. Les larmes inondent mes yeux lorsque je distingue par la fenêtre une silhouette se diriger derrière la porte. Elle s’ouvre, grinçante, démasquant un vieil homme.

La barbe blanche, les cheveux en couronne et le visage marqué par la vieillesse sont des traits physiques qui décrivent parfaitement cet homme à la peau mate et carrure imposante.

Quand mes pupilles touchent les siennes, je vois la souffrance et l’amour. Puis une mer de larmes renforcée d’un sourire ravagé par la tristesse. Il a compris.

— Papa ? dis-je la voix tremblante.

Une larme silencieuse s’évade de sa prison pour s’écraser contre le sol.

Mon visage se déforme et des fourmis foisonnent dans tout mon corps. Un sentiment de joie et de victoire m’assène lorsqu’il m’enlace de ses bras protecteurs, où l’odeur de son pull résonne comme un souvenir ; l’odeur du bois près du feu, crépitant, et réchauffant respectueusement les petits pieds d’un enfant heureux.