Prologue
21 novembre 2014 - 17 heures 10
Une chambre de clinique austère, avec pour seul décor une petite reproduction des " Tournesols " de Van Gogh. La pièce est sombre et rien ne bouge. Le temps parait s'être figé. Dans le lit, une jeune femme d'une trentaine d'années, maigre, exsangue, légèrement relevée sur ses deux coussins blancs. Près d'elle, assis sur le fauteuil de repos, un homme d'âge mûr en costume gris et veste ouverte. C'est le professeur Bernard, psychiatre et psychanalyste de renom et grand spécialiste des troubles comportementaux, mondialement reconnu par ses pairs comme l'un des thérapeutes les plus émérites. Les coudes appuyés sur les bras du fauteuil, les jambes croisées et les doigts entrelacés, le médecin observe la malade que le néon en applique éclaire d'une lumière laiteuse.
La jeune femme couchée dans le lit n'est pas une patiente ordinaire. Mutique et refusant de s'alimenter depuis quatre semaines pour des raisons connues de tous, Caroline Martin a rompu son silence tôt le matin et demandé la présence du professeur Bernard à son chevet. Espérant recueillir les confidences de la jeune femme pour les adjoindre à ses travaux de recherches et connaître les motivations l'ayant conduite à se mettre en danger de la sorte, l'éminent spécialiste a fait le déplacement. Attentif et respectueux du silence de la patiente, attendant qu'elle se décide à lui parler, il regarde sa chevelure brune s'étalant sur l'oreiller, son corps frêle disparaissant sous la couverture jaune paille et ses yeux clairs fixant le mur d'en face.
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