21 novembre 2014 - Aux alentours de 10 h 30

Le professeur Bernard fut informé par son assistante du souhait de Caroline Martin. Et bien qu'il ne puisse se soustraire au colloque qu'il présidait et se déroulait de 14 h à 16 h 30 dans l'auditorium de l'hôpital, il avait salué l'initiative de ses collaborateurs. Il s'était réjoui de passer du temps avec cette jeune femme qui passionnait les médias par son action extrême, mais aussi les féministes, les associations de défense des victimes, les requins politiques s'accaparant l'affaire pour leur compte personnel, un pourcentage de français sans étiquette et touchés de près ou de loin par une histoire similaire, sans oublier le grand nombre de " monsieur et madame tout le monde intéressés par la cause défendue ".

Son établissement scruté à la lorgnette, le professeur Bernard savait que le dossier "Caroline Martin" pouvait lui coûter sa réputation. De plus, par sa détermination et ses exigences, cette jeune femme n'était pas une patiente comme les autres. Il pensait qu'elle apporterait un nouvel éclairage quant aux effets dévastateurs des pervers narcissiques sur leurs victimes.

Suite à l'accord du grand médecin, à l'heure où l'arôme du bouillon de légumes remplaçait l'odeur de l'eau de javel — en l'occurrence un peu avant midi — son assistante avait reçu un nouvel appel de Marguerite Dussart. Celle-ci l'avait alors informé que Caroline Martin venait de lui transmettre en mains propres un message, dans lequel elle demandait au professeur Bernard d'enregistrer leur entrevue sur un magnétophone "VÉRIFIÉ EN BON ÉTAT DE FONCTIONNEMENT " !

L'infirmière avait précisé que les derniers mots écrits par la requérante étaient soulignés et tracés en lettres majuscules. Ce qui fit dire aux deux femmes que Caroline Martin tenait à ce que rien ne perturbe l'entretien.

Dûment prévenu, l'illustre professeur comprit qu'il devait répondre à la consigne. Sans délai, il avait chargé sa fidèle et dévouée secrétaire de lui procurer un appareil irréprochable, et si possible, un deuxième.