21 novembre 2014 -

— Amoureuse et confiante, poursuivait le professeur, je lui avais tout dit de moi. Pierre me bassinait qu'il ne devait y avoir aucun secret entre nous. Je ne lui avais donc rien caché de mes peurs, de mes blessures d'enfance, de mes doutes et de mes failles. Bien sûr, le salaud s'en est servi contre moi. Il adorait taper là où ça fait mal et à chaque dispute, ce terroriste de l'âme n'hésitait pas à me resservir les secrets intimes confiés pour asseoir son autorité et m'assujettir. Sans scrupule, ce Judas s'engouffrait dans mes faiblesses et m'enfermait dans mes fragilités. Ça me rendait dingue ! Celui que j'avais choisi en tant qu'ami le plus cher, en tant que confident et compagnon de vie, me poignardait dans le dos... encore et encore. Lui qui était censé m'encourager et me rassurer, en réalité me trahissait au profit de son ego. Et que dire de ses silences prolongés et de ses phrases assassines ? De ses réparties courtes et tranchantes ? Avec son sourire en biais et son regard posé sur moi, je le voyais à l'œuvre. Je savais qu'il réfléchissait à la manière de s'y prendre pour me broyer et me mettre ko. Mauvais et fou que cet homme capable de me fixer de longues minutes avec une moue de dégoût. Taré d'homme qui me certifiait qu'il était dur avec moi pour mon bien. Fourbe et méchant que ce cinglé qui m'a abusé, trompé et dépravé pour me déshumaniser. Je n'étais rien pour lui. Je n'étais que le miroir qui reflétait son orgueil et sa toute-puissance. J'étais le faire-valoir de son pouvoir.