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Les murs de la chambre d’hôtel sont tâchés, comme la moquette. Les meubles sont couverts de poussière et la salle de bain ne semble pas avoir vu l’ombre d’un produit nettoyant depuis des années. Tu dors déjà, allongée sous les draps miteux. Le voyage t’a épuisée.
À peine arrivées à la gare, nous avons cherché un endroit où dormir, de préférence le plus près possible afin d’éviter de déambuler pendant des heures dans les rues. Nous avions déjà vu trop de monde pour aujourd’hui. Je suis assise sur la seule chaise de la chambre à me demander si ce n’était pas une mauvaise idée de t’éloigner de Paris. Peut-être as-tu besoin de repères, auquel cas je viens de t’en priver. J’espère que ma présence suffira à t’apaiser, même si cette pensée me semble un peu égocentrique.
Je profite de ton sommeil pour me doucher et me changer. Je me glisse ensuite à tes côtés et te serre dans mes bras. Pelotonnées ainsi, je me souviens de ce temps où nos intimités se sont mélangées, où j’ai tout connu de toi et inversement. Je me souviens de nous, faisant l’amour dans nos lits. Ou ailleurs.
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