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Je n’ai pas toujours su que j’aimais les filles. En fait, je crois que cette question me trottait dans la tête pendant longtemps, mais que je n’ai jamais voulu y répondre. Et puis j’ai rencontré une fille et la façon dont je la regardais m’a fait peur. J’ai tergiversé pendant de longs mois.

Oui. Non. Peut-être. Non, pas moi. Et pourquoi pas ?

Finalement j’ai accepté. Oui, moi, j’aime les filles.

Un jour, un garçon m’a draguée. Il n’était pas particulièrement beau mais faisait preuve d’une gentillesse à laquelle je n’étais pas habituée. J’aurais pu me laisser tomber dans ses bras, mais je n’en avais pas envie. Pas à cause de lui. À cause de son sexe. Son genre. Son identité sexuelle.

Non seulement j’aime les filles, mais je n’aime pas les garçons.

J’ai pourtant rêvé du prince charmant étant petite. Je regardais les garçons, j’admirais les acteurs et les chanteurs sexy. Je suis quoi alors ? Quelle étiquette dois-je accrocher à mes vêtements ? L’idée de ne rentrer dans aucune case me terrifiait.

Puis, tu es arrivée et tu as brisé les codes. Homosexuelle. Bisexuelle. Pansexuelle. Asexuelle. Queer. Tout ça tu t’en fiches, tu aimes sans limite, tu jongles avec les « codes », tu fais la marelle sur les cases.

Tu es juste toi, c’est déjà beaucoup.

J’ai découvert que c’était normal, rassurant, de vouloir se ranger dans une case. On se dit qu’on n'est pas seul, que d’autres personnes nous ressemblent. Mais je sais aussi qu’il n’y a aucune obligation à chercher des étiquettes, des mots pour se qualifier. Il y a autant de sexualités différentes que d’individus sur Terre. Je suis l’un d’entre eux et j’ai ma propre sexualité, ma propre orientation, ma propre identité, elle n’appartient qu’à moi. Et j’en suis fière.

C’est en défilant dans les rues de Paris, sous un soleil de plomb, pour célébrer cet arc-en-ciel d’individus, que j’ai voulu me libérer de ces codes, de ces stéréotypes. Entourée de tout ce monde, de cette musique, cette sueur, cette excitation, cette peur, cette fascination, je me suis rendue compte de notre point commun, de ce pourquoi nous étions tous ici à braver la chaleur. Nous aimons, entièrement et indéfiniment. Avec notre cœur et non avec notre tête.

C’est donc ce que j’ai fait le soir même. Je t’ai aimée sans limites, sans peur. Je voulais tout de toi et te donnais tout de moi. Nos souffles se sont mélangés pour la première fois, alors que nos corps s’emboîtaient pour danser une valse amoureuse.

Tu irradiais de bonheur malgré le bleu qui s’installait sur ta cuisse suite à un coup reçu dans la foule, une empreinte laissée par un mouvement de joie. Je le caressais doucement, je voulais y mettre de la crème, apaiser la douleur. Mais tu répétais que tu n’avais pas mal, que tu ne sentais rien.

Alors j’y ai déposé un baiser, pour vérifier si tu disais vrai. Et j’ai perdu le contrôle. Mes mains se sont baladées sur ton ventre, tes jambes, tes seins. Ma bouche a goûté chaque parcelle de peau avant de savourer la saveur de ton sexe. Doucement, lentement, j’ai embrassé, léché, dégusté chaque morceau de toi, jusqu’à ce que tu demandes grâce.

Je t’ai regardée, nue dans ce lit minuscule. Tes yeux marrons me faisaient penser à du caramel fondant. Tes cheveux crépus se dressaient comme une crinière autour de ton visage. J’ai caressé une cicatrice au-dessus de ta hanche droite. Un grain de beauté décorait le creux de tes reins et un autre ton aisselle gauche, caché sous les poils. Ton sein gauche était plus gros que le droit. Parmi tes nombreux tatouages, je voyais une fille avec un tournesol à la place du visage sur ton avant-bras droit.

Je me suis rendue compte que j’avais toujours mes vêtements, barrière inutile entre nos deux corps. Je m’en suis séparée, sans appréhension. Alors c’est toi qui m’as visitée. Tu as franchi les remparts de ma citadelle, tu t’es promenée dans les ruelles sinueuses, tu as observé chaque façade, chaque fenêtre. Petit à petit tu as fait tienne cette ville et je t’ai laissée l’assaillir, l’envahir, l’acquérir.

Puis, ton sexe contre le mien, nous avons dansé ensemble. Nos souffles donnaient le tempo, le slow s’est transformé en tango, puis en rock. Ton corps n’était jamais assez près, il en fallait toujours plus. Même après cette explosion dans mon corps, ce feu d’artifice entre mes jambes, il m’en fallait toujours plus. Toujours plus de toi, toujours plus de nous, je n’étais jamais rassasiée.

J’ai attendu que tu t’endormes, puis j’ai pleuré de bonheur.

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