Chapitre 2

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Je suis assis sur mon canapé, un verre d’alcool à la main, les premiers boutons de ma chemise déboutonnés et les yeux rivés sur la vue offerte par la baie vitrée de mon penthouse. Il est tard et la ville est éclairée par les lumières. C’est magnifique, captivant et pourtant je n’ai pas le cœur à ça. Cette vue ne me fait plus rien, je la vois tous les jours et j’ai toujours autant l'impression d’être seul. Au contraire, la vue ne fait qu’agrandir ma solitude, je me sens tout petit face à la nuit et à la ville qui s’étend sur plusieurs kilomètres. Je tourne la tête et le miroir en face de moi me renvoie l’image d’un jeune homme aux traits fatigués. L’image d’un jeune homme qui en a trop vu pour son âge et qui est las de la vie.

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis comme ça. Ou plutôt je le sais. Mais je n’arrive pas à affronter la réalité en face. Pas depuis que Sienna est morte. Pas depuis que Père me harcèle pour que je prenne sa suite. Pas depuis que mère ne sourit plus. Pas depuis que Grand-mère souhaite à tout prix que je me marie. Je n’ai plus la force de supporter tout ça.

Je sais très bien que de l’extérieur j’ai l’air d’avoir tout : une famille, des amis, un travail, un appartement. Bref, que demander de plus au Bon Dieu ? Mais tout cela n’est que de l’apparence. Je préférerais mille fois ne plus avoir tout ça et retrouver la simplicité de mon enfance. Quand tout me semblait beau, que tout me semblait innocent.

Je me lève brusquement, asphyxié et angoissé par le silence qui règne dans mon appartement. J’attrape une veste posée sur une chaise de la salle à manger et sors en trombe de l’appartement. Je ne sais pas où je vais mais tout sera mieux qu’ici.

Je descends au garage et prends ma voiture. Je monte le son de la radio à fond pour ne plus avoir à entendre ce silence assourdissant. Et je roule. Je me persuade que je ne sais pas où je vais alors qu’inconsciemment je sais très bien où je me dirige. Vers cet endroit maudit, souillé par le sang de ma sœur.

J’y arrive finalement. Je coupe le moteur et descends de la voiture. Je me trouve sur un vieux pont avec une route pour les voitures et une pour les piétons. Tout le long se trouvent des lampadaires mais aucun n’est allumé même si ce n’est pas gênant car la lune éclaire suffisamment.Je m'avance le long du pont et me penche par-dessus la rambarde et observe le fleuve en contrebas. L’eau me paraît tellement sombre, tellement froide mais me paraît aussi apaisante. Qu’est-ce qui se passerait si je sautais ? A qui je manquerais ? Maintenant que Sienna n’est plus là, personne ne se soucie vraiment de moi. Je suis sûr que l’eau apaisera la douleur que je ressens constamment au niveau de mon cœur.

Je suis en plein dans mes réflexions sombres lorsque j’entend des pleurs. J’étais tellement absorbée par l’eau et mes pensées que je n’avais pas entendu que quelqu'un était arrivé. Une jeune fille vient d’arriver au loin. Je ne vois pas bien à quoi elle ressemble, je distingue seulement qu’elle est grande et qu’elle a de longs cheveux noirs. Elle ne m’a pas vu car elle aussi est absorbée par la vision du fleuve. Soudain la lune l’éclaire et je me rends compte qu'elle est couverte de sang et de blessure. Son visage est tout tuméfié et des larmes coulent sur ses joues.On dirait qu’un train lui est passé dessus. J’hésite à m’avancer pour l’aider lorsque je me rends compte qu’elle est en train d’essayer d’enjamber la rambarde.

Ne me dites pas qu’elle veut sauter

Elle réussit à enjamber et se tient debout de l’autre côté de la rambarde. Je ne peux pas la laisser faire ça !

- Hé !

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