Spectacle inattendu
Un air entraînant, le bourdonnement des spectateurs dans la salle et puis les rideaux toujours fermés. Cela faisait beaucoup pour une représentation censée débuter il y a déjà une heure. Les visages étaient agacés au mieux, colériques au pire. Et pourtant personne ne partait, bien trop curieux.
C’était la première d’un grand artiste dont tout le monde attendait avec impatience sa nouvelle pièce. Il se chuchotait qu’il avait vu les choses en grands avec un budget hors du commun pour une telle pièce.
Enfin la musique s’atténua et les rideaux se mirent en mouvement. La scène apparut aux yeux des spectateurs plus qu’impatients. Mais à la surprise générale elle était vide. Entièrement vide, aucun décor et aucun comédien sur scène.
Un hurlement d’effroi retentit soudainement dans le silence surexcité, faisant sursauter tout le monde. Il ne venait ni de la scène ni des coulisses. Il venait de la foule des spectateurs. Des regards inquiets furent échangés mais tout le monde resta à sa place.
La scène restait désespérément vide et les spectateurs commencèrent à s’agiter sur leurs sièges. Un nouveau cri résonna dans le théâtre, cette fois-ci venant des coulisses. Mais toujours personne sur scène. La tension commençait à monter.
Les spectateurs sursautèrent à nouveau quand ils entendirent ce qui semblait être un vase, probablement en céramique, se briser dans la fosse des musiciens. Plus personne n’était encore assis ou silencieux, tout le monde se tordait le cou pour essayer d’apercevoir quelque chose quelque part. Quelque chose d’inhabituel, d’étrange, peu importe. Quelque chose qui donnait du sens à ce qui se passait actuellement.
Un autre cri d’effroi retenti, sur un balcon cette fois-ci. Un éventail avec des figurines étranges peintes dessus tomba du balcon, atterrissant entre les spectateurs. La scène était toujours désespérément vide et les musiciens tout aussi silencieux.
Les portes s’ouvrirent brutalement laissant entrer un flux de guignoles et de clowns plus effrayants les uns, que les autres. Il étaient étonnamment silencieux mais se dirigeaient d’un pas rapide vers la scène, fendant la foule en deux. Tout le monde s’écartait à leur passage laissant échapper parfois des cris de surprises ou de crainte.
Ils tournaient étrangement la tête, vous fixant de leurs yeux vides et globuleux bien trop longtemps pour que l’on se sente à son aise. Ils atteignirent enfin la scène et se hissèrent un par un dessus. Leur mouvement de corps ressemblaient plus à des ondulations de serpent qu’à des humains déguisé en guignoles.
Enfin, les trois coups résonnèrent dans le silence ahurit des spectateurs. Personne n’osait bouger alors que ces êtres singuliers commencèrent à effectuer une danse énigmatique. Subitement ils s’immobilisèrent tous et tournèrent leur têtes d’un même mouvement vers les coulisses.
La mélodie d’une flûte enchanteresse commença à s’élever dans les airs et un enfant d’à peine dix ans entra sur scène. Il tenait dans ses mains un objet qui ne cessait de refléter la lumière, le rendant indiscernable. Il l’apporta au plus grand des clowns et le salua avant de faire demi-tour.
Il eut à peine le temps de faire un pas que tous les autres personnages se jetèrent sur lui et l’immobilisèrent au sol. Personne n’osait n’effectuer ne serait-ce qu’un mouvement parmi le public, bien trop captivé par ce qui se passait sur les planches du théâtre.
Le clown brandit alors l’objet en l’air avant de l’abattre sans aucune hésitation sur l’enfant immobilisé. Le chaos éclata alors. Les spectateurs commencèrent à essayé de quitter la pièce paniqué alors que l’enfant ce vidait de son sang.
Le clown l’avait poignardé. Et personne ne voulait être sa prochaine victime.
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