Chapitre 3 : D'étranges apparitions

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Les mains posées sur les yeux, ma respiration devint plus rapide. Je sentais que mon cœur allait sortir de ma poitrine d’un moment à l’autre. Je n’étais pas près de rouvrir les yeux, car je ne m’étais pas encore sorti de ce rêve. Les doigts maintenant posés sur les tempes, je me concentrai sur la volonté de me réveiller. Enfin, j’ouvris les yeux. Voyant l’objet toujours sur mon lit, je fis plusieurs pas précipités à reculons jusqu’à ce que j’heurte la commode derrière moi. Une main sur le cœur, l’autre sur mes lèvres, je fixais le livre, le visage figé dans la peur. Alors que quelques secondes passèrent, je sursautai soudain quand quelqu’un frappa à ma porte. Sans réfléchir, j’attrapai le livre à nouveau et le serrai fort contre ma poitrine. Il était bien réel, et si je ne le cachais pas, la personne qui se tenait derrière la porte allait me surprendre en possession de cet objet. Ça ne devait absolument pas arriver. La première cachette qui me vint en tête était de l’enfouir sous mon oreiller là où je l’avais trouvé.

- C’est ouvert, dis-je à voix haute.

Ma mère ouvrit la porte et glissa sa tête dans l’entrebâillement. Elle sembla hésiter un long moment en soutenant mon regard, mais elle finit par décider d’entrer. Après avoir pris le temps de refermer la porte derrière elle sans faire de bruit, elle s’avança vers moi.

- Tu veux bien, me dit-elle en me pointant le pied de mon lit, j’aimerais qu’on discute.

Je ne savais pas en quoi consistait cette conversation, mais, une chose presque sûre, elle n’allait pas mener à grand-chose. Cependant, je ne me voyais pas refuser la demande de ma mère, alors je m’assis au pied de mon lit tandis que ma mère m’imita.

- Ma chérie, commença-t-elle en passant une main dans ma chevelure lisse et blonde, je sais qu’on en a déjà discuté, mais je dois te le redemander. Promets-moi de me dire la vérité.

Les yeux posés sur mon plancher de bois vernis, je levai soudain la tête vers ma mère.

- La vérité? me demandai-je, sans réfléchir, à voix haute.

- Je m’inquiète beaucoup pour toi et j’aimerais vraiment savoir ce qui se passe. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose à l’école que tu ne m’as pas dit?

- Non, il ne se passe rien à l’école… mise à part mes examens qui m’angoisse un peu, il n’y absolument rien qui ne va pas, rajoutai-je après m’être remémorer la discussion antérieure que j’avais eu avec ma mère.

Elle poussa un soupire et détourna le regard un moment. Elle avait regardé en direction de ma porte.

- J’imagine que la discussion que tu as eu avec ton père hier en est pour quelque chose, marmonna ma mère. Ouais, j’admets que j’ai trouvé qu’il a été un peu dure avec toi. Je sais que tu souffres beaucoup du fait de vivre dans l’innocence et c’est pour ça que je lui en ai parler. Je lui ai dit que je ne voulais plus qu’il se fâche comme il l’a fait hier et il m’a promis qu’il ferait attention à l’avenir. Seulement, je voulais que tu saches que les conséquences restent les mêmes puisqu’on doit s’assurer que tu ne recommences plus. Crois-moi ma chérie, c’est vraiment pour ton…

- Bien, je sais oui, la coupai-je sèchement. Mais pourquoi n’ai-je pas le droit de savoir? Si seulement je savais pourquoi tout ça est nécessaire, je serais peut-être plus obéissante! Je ne veux plus vivre dans le néant, j’aimerais vraiment qu’on…

- Chut, me coupa-t-elle en me prenant soudain dans ses bras. Je sais…

Je sentis la joue de ma mère devenir humide sur mon oreille. Malgré la confusion du geste qu’elle venait de poser, je n’osai pas la repousser. Au bout d’une minute, elle se recula, les joues luisantes de larmes, et me regarda dans les yeux.

- Je voudrais tellement que tu comprennes aussi ma chérie, dit-elle d’une voix modifiée par la légère émotion qui s’emparait d’elle. Je voudrais t’expliquer, mais…

Elle soupira bruyamment et se cacha le visage entre ses mains.

- Vous croyez que je ne suis pas en âge de comprendre? demandai-je, essayant d’aider ma mère à s’exprimer clairement.

- Non, pas du tout, soupira-t-elle. En fait…

Elle arrêta de parler. Essuyant les larmes sur ses joues du revers de la main, elle tenta de se calmer avant de continuer.

- J’ai promis de ne rien dire, reprit-elle d’une voix un peu plus rauque, mais calme.

- Quoi, tu as promis de… attend mais, à qui? À qui est-ce que tu as promis de ne pas me dire quoi? Qu’est-ce que tu ne peux pas me dire maman?

- À ton père. J’ai promis à ton père que je le laisserais tout t’expliquer.

En fixant ma mère sévèrement, je fronçai les sourcils.

- Il t’expliquera tout dès qu’il en trouvera le moyen… mais j’ignore combien de temps cela peut prendre encore, conclut-elle en détournant les yeux, s’efforçant de ne pas se remettre à pleurer.

La conversation avait pris un chemin plutôt intéressant. J’étais là, en train de fixer ma mère qui restait silencieuse, espérant en savoir davantage.

- Maman, qu’est-ce que tu essaies de me dire? demandai-je en posant une main sur sa cuisse.

Ma mère releva la tête vers moi puis elle dessina un sourire forcé sur ses lèvres.

- Je suis désolée chérie, me lança-t-elle en flattant l’une de mes joues avec sa main. Je sais que tu voudrais tout comprendre et je le souhaite aussi, croit moi. Mais pour le moment, c’est impossible. Je souhaite que… enfin je veux dire, je sais que ce jour viendra, mais il faut seulement patienter encore un peu.

Ma mère me prit dans ses bras une seconde fois et me serra longuement. Elle posa un baiser sur mon front et se releva.

- Tu crois que tu peux patienter encore un peu? me demanda-t-elle en appuyant ses deux mains sur mes épaules, ses yeux marrons fixés dans mes yeux verts.

Je soutins longuement son regard puis, après réflexion, j’approuvai d’un signe de tête. Je me levai ensuite à mon tour et je la serrai dans mes bras.

- Je t’appel dès qu’on mange, me sourit-elle avant de quitter ma chambre.

- Ok, répondis-je en lui rendant son sourire.

Ma mère m’avait enfin éclairci un peu en me fournissant de nouvelles informations pertinentes et je lui en étais très reconnaissante. Ce n’était pas elle qui me cachait tous ces trucs, mais plutôt mon père. C’était à cause de lui que ma mère ne pouvait rien me dire, parce qu’il le lui avait fait promettre. Cela voulait-il dire que ma mère était dans le même bateau que moi? Est-ce qu’il y avait des choses qu’elle ignorait parce que mon père lui en cachait aussi? Mais, au moins, il y avait deux choses de sûr; ma mère m’avait semblé très sincère et elle avait l’air d’en souffrir elle aussi. À cet instant, je me fis la promesse de laisser ma mère tranquille. Elle subissait la même chose que moi, alors je ne pouvais pas continuer à m’en prendre à elle.

« Le livre », pensai-je soudain en me tournant vers mon oreiller. D’un pas plus décidé, je m’avançai vers la tête de mon lit et, quand je fus assez près, j’enfouie mon bras sous l’oreiller. J’y sortis une seconde fois le livre intitulé Revivage. Tout en faisant les cent pas autour de mon lit, je feuilletai à nouveau le bouquin. Il n’y avait rien de changer depuis la dernière fois que je l’avais vu, car il était tel dans l’état qu’il était après que je l’aille remis dans le coffre. Soudain, en n’arrêtant d’avancer, je jetai un coup d’œil à ma porte de chambre, puis revins au livre. Je le refermai brusquement et, pour la deuxième fois, je le cachai sous mon oreiller. Déterminée, je sortis de ma chambre et descendis à l’étage principale. Sans me préoccuper de mon père qui était dans la cuisine, je sortis dehors sous ses yeux. Presqu’à la course, je me rendis derrière la terrasse, là où se tenait le banc sali par le temps. J’avais raison. Le terrain était toujours aussi impeccable que ce matin. Je sortis rapidement mon téléphone pour prendre une photo de celui-ci et l’envoyai immédiatement à Northemy et Marty, accompagné de ces mots : « On s’en reparle demain ». Après cela, je rangeai mon portable dans la poche de mon jeans et retournai à l’intérieur. En croisant le regard de mon père, j’eu l’impression qu’il me soupçonnait de manigancer quelque chose dans son dos. Détournant les yeux pour me reconcentrer sur le chemin devant moi, je sentis qu’il continuait de me dévisager. Mais fort heureusement, il ne me posa aucune question et me laissa remonter dans ma chambre sans m’interrompre.

Dès que je fus retourné dans ma chambre, je ressortis le bouquin. Je l’observai encore un moment en me remettant à marcher autour de mon lit. Malgré le fait que je ne comprenais toujours pas comment le livre avait pu atterrir ici, un autre questionnement s’installa dans mon esprit. Si ce livre était revenu jusqu’à moi, c’est qu’il y avait sans doute une raison. Mais laquelle? Là était la question. Selon moi, ce bouquin n’allait pas m’être utile pour découvrir quoi que ce soit sur mes parents, alors pourquoi il m’était réapparut? Après qu’une idée me passa par la tête, je sortis rapidement mon téléphone et pris une photo du livre. Après tout, je devais avoir une preuve à montrer à mes amis demain quand l’occasion se présenterait. Et cette fois, je ne rangeai pas le livre à sa place habituelle. Je devais le cacher dans un endroit où personne ne risquerait de le trouver. J’ouvris donc l’avant dernier tiroir où je rangeais des gros pulls que je ne mettais qu’à des rares occasions. J’en soulevai un au hasard et j’y glissai le bouquin en dessous. Je pris ensuite soins de bien replacer le pull par-dessus pour m’assurer qu’on ne voyait rien dépasser en dessous. Je m’apprêtai à le refermer, mais une autre chose dans le tiroir attira mon attention. L’un des deux autres pulls pliés me fit voyager à travers de vieux souvenirs. Je pris le petit manteau en question et je la dépliai. C’était la veste kaki avec la doublure en laine de mon grand-père paternel, Eliot Sander, que je n’avais hélas jamais connu. Il était décédé un peu avant ma naissance et il avait dit à mon père qu’il voulait me la léguer. Selon ce que mes parents racontaient, ça l’avait été sa veste préférée. Mon grand-père souhaitait à tout prix que sa petite fille aille un souvenir de lui. Je n’avais malheureusement pas eu l’occasion de la porter puisqu’elle avait longtemps beaucoup trop grande pour moi. Mais maintenant que j’y pensais, j’étais maintenant assez grande pour l’essayer une première fois. Je me relevai en fermant le tiroir où le livre reposait sous mon pull gris et j’enfilai la veste de mon grand-père. Je me retournai vers le miroir en long près de la porte et je me regardai. Un regard par-dessus l’épaule, une jambe plus en avant, les mains dans les poches, je me demandai si elle me faisait autant bien que quand mon grand-père la portait. Je ne fus pas certaine de la réponse, alors je décidai de le retirer et de la laisser tomber sur l’une de mes oreillers. Secouant la tête en repensant à ce que j’avais eu comme idée suite aux questionnements que j’avais eu au sujet du livre étrangement réapparut dans ma chambre, je sortis à toute vitesse de ma chambre et je redescendis. Je survolai le salon du regard, mais il sembla vide. Je fis quelques pas vers ma gauche et entrai dans la cuisine, là où mon père se trouvait seul en train de préparer le repas.

- Papa, où est maman? demandai-je alors qu’il était de dos à moi.

- Quoi? se demanda-t-il en se tournant vers moi.

- Maman, où elle est?

- Et bien… je crois qu’elle est en bas. J’ignore ce qu’elle fait, mais elle m’a dit qu’elle devait aller au sous-sol quelques minutes.

- D’accord merci!

Je me hâtai au sous-sol puis je fis le tour de chaque pièce. Je venais de terminer de fouiller la chambre d’ami et je n’avais toujours pas trouver ma mère. Il ne restait plus qu’une pièce. La seule que je n’osais jamais m’aventurer, la chambre de Chris. Je me dirigeai vers celle-ci et je me rendis compte vite que la porte était accotée, comme chaque fois que Chris y était. Des chuchotements se faisaient entendre de l’extérieur. Sans me préoccuper de ce que les voix disaient, la main hésitante, je cognai discrètement sur la porte. Les chuchotements s’estompèrent immédiatement et, aussitôt, des pas s’approchèrent de la porte.

- Rose, me dit Chris en l’ouvrant.

Je vis ma mère apparaître derrière Chris. Elle le dépassa puis sortit de la pièce pour me rejoindre à l’extérieur.

- Merci Chris, le remercia ma mère avant qu’elle s’engage vers l’escalier pour remonter.

- Attend maman, lui dis-je. Je ne voulais pas vous déranger, je… je voulais seulement te demander la permission pour t’emprunter un truc.

- Ne t’inquiète pas ma chérie, moi et Chris avions terminé de discuter. Viens, ajouta-t-elle en tendant un bras vers moi.

Je la suivis jusqu’au salon. Après l’avoir observé s’assoir sur le sofa et commencer à plié une pile de linge propre, ma mère leva enfin la tête vers moi.

- Alors, tu voulais me demander quelque chose ma chérie? me demanda-t-elle.

- Oui, dis-je en sortant de ma bulle. Eh je… je peux emprunter ton ordinateur? J’en ai pour quelques minutes, pas plus.

Après avoir consulté mon père pour savoir quand l’heure du repas était pour arriver, elle accepta ma demande. Je retournai donc au sous-sol et j’entrai dans la pièce qui servait de bureau à ma mère et mon père. Je pris place sur la chaise derrière le bureau de ma mère et j’allumai son portable qu’elle avait l’habitude d’éteindre chaque fois qu’elle avait fini de s’en servir. Lorsqu’il fut ouvert, je cliquai sur la fenêtre de Google. Dans la barre de recherches, je tapai le titre du livre antique que mes amis et moi avions trouvé dans le coffre enterré derrière ma terrasse. Sous le titre que j’avais taper, des mots en bleus s’affichèrent; Essayer cette orthographe : Ravivage. Ça m’en disait déjà quand même beaucoup. Ce mot n’était même pas connu par Google. Après avoir défilé la page jusqu’au bout en survolant les titres et descriptions d’articles, aucun de ceux-ci parlaient d’un livre portant le titre Revivage. Je retournai donc sur la barre de recherches et j’écrivis « Livre Revivage ». Sur la première page, rien non plus. Je sautai à la deuxième, puis à la troisième. Toujours rien. Tous les articles sortaient seulement des mots qui pouvaient ressembler à Revivage; comme ravivage, ravin, ravir, navire, villa, village, etc. Un peu découragé, je m’apprêtai à essayer un autre titre, mais un craquement dans le couloir derrière moi m’en empêcha. Avant de me retourner vivement la tête en direction de la porte du bureau que j’avais laissé ouverte, pour éviter de me faire surprendre, je pesai sur le troisième symbole en haut à droite de la page. Sans ni savoir d’où il provenait, ni qu’en était la cause, j’entendis encore quelques craquements discrets dans le couloir. Quand ceux-ci cessèrent enfin, je me rassurai à l’idée qu’il s’agissait probablement de Chris qui était remonter à l’étage. Je revins sur la page de recherche puis j’entrai d’autres termes pour accompagner le principal mot principal qui m’intéressait. Après avoir essayé deux ou trois autres mots clés avec le titre du bouquin, je me décourageai, alors je tentai un autre moyen. En commençant par écrire « Bouquin antique », les recherches n’avancèrent pas plus. J’avais été visiter quelques sites web de librairie, mais aucune d’entre elle tenait un bouquin ayant comme titre Revivage. Je continuai un moment à trouver quelques mots-clés qui avaient, selon moi, un potentiel de m’aider à me renseigner, mais ces efforts n’eurent guère plus de succès. Toujours plongé dans mes recherches laborieuses, sans que je m’y attende, j’entendis un court martèlement lointain. À nouveau, ma tête se tourna si vite que mes cheveux fouettèrent bruyamment l’écran de l’ordinateur au passage. Je baissai l’écran du portable et, cette fois, je me levai. À pas de loup, je m’avançai vers la porte et je m’arrêtai dans l’entrebâillement en jetant un premier coup d’œil dans le corridor en face de moi. Ensuite, je tournai la tête à gauche et à droite pour vérifier ceux sur les côtés. Au moment où je poussai un soupir de soulagement, engagé à retourner vers le bureau de ma mère, une voix provenant de là-haut me fit sursauter.

- Rose, viens manger, le souper est prêt! annonça la voix de mon père.

Je lui répondis pour qu’il sache que je l’avais bien entendu et je retournai rapidement à l’ordinateur pour effacer toute l’historique de mes recherches avant de l’éteindre et de monter à la cuisine.

Le lendemain matin ne fut pas un bon moment pour reparler de tout ça en toute tranquillité. J’avais donc proposé à mes amis qu’on parlerait de la photo et d’une autre chose que j’avais à leur dire sur l’heure du midi.

L’heure du midi arriva enfin et nous nous étions tous dépêché à nous rejoindre au notre de la cafétéria qui nous isolait à une table loin du reste des élèves.

- C’est impossible voyons! s’exclama Marty qui avait posé son téléphone au milieu de la table pour que tout le monde puisse voir la photo que je lui avais envoyé la veille au soir. Je n’arrive tout simplement pas à comprendre. Comment une chose pareille peut arriver!? C’est fou, j’essaye de réfléchir, mais aucune explication qui explique ce phénomène me vient à l’esprit!

Alors qu’il fit une pause, Clancy, qui s’était permis de prendre le téléphone de Marty pour voir la photo de plus près, passa le téléphone à Andrew pour qu’il puisse à son tour jeter un œil plus attentif à la photo.

- J’avoue que c’est étrange, même si je n’ai pas vu l’état dans laquelle le terrain était avant que vous repartiez, il ne pouvait certainement pas ressembler à ça, confirma Clancy.

- Ouh là, fit Andrew qui reposa le téléphone sur la table. Quelle sorte d’engrais que tes parents ont à la maison Rose? ria-t-il. En tout cas, M. Robertson, notre professeur de science, ne doit pas l’avoir chez lui, sinon il aurait probablement plus de cheveux!

Nous éclatâmes tous de rire. Cependant, Marty reprit rapidement son sérieux et reprit son téléphone.

- Attendez un instant, nous dit-il, les yeux concentrés sur son écran.

Intrigué par son changement rapide d’attitude, les deux autres garçons, Northemy et moi cessèrent de rire.

- Et si on lui demandait à lui?

- À qui, et demander quoi? interrogea Northemy.

- Et bien ça, dit-il en pointant la photo. Il est prof de science, il est surement bien placé pour nous faire part des possibilités que nous ne connaissons peut-être pas encore à notre âge. On lui explique ce qui s’est passé et il nous dira ce qu'il en pense.

Northemy se tourna vers moi et les deux autres échangèrent un regard qui accusait visiblement Marty de négligence.

- Tu es sérieux? lui demanda Northemy sévèrement.

- Hey, ne me regarder pas comme ça! se fâcha Marty. Qui a une meilleure idée, qui sait comment expliquer ce phénomène paranormal?

- Tu le dis toi-même, phénomène paranormal! répliqua Northemy. Et moi je crois que tu te sous-estime un peu trop Marty Holman, monsieur le surdoué dans toutes les matières! Nous sommes assez vieux pour dire que la simple tombé de la nuit ne peut en aucun cas faire disparaître les traces d’un gros trou creusé et bouché la veille! Peu importe à qui on racontera cette histoire, ils nous croiront dingue! Et, de toute façon, te connaissant Marty, je sais qu’hier t’as fait des recherches sur ça, alors ça sert à rien…

- Il ne faut pas toujours se fier à ce qu’on trouve sur le web tu sauras! protesta-t-il.

- Attendez! dis-je soudain. Je dois vous parler d’autre chose.

C’est ainsi que je leur racontai, soutenu de la photo que j’avais prise du livre en ma possession dans ma chambre, l’autre découverte anormal que j’avais fait en rentrant de l’école la veille. Ils m’avaient laissé raconter du début à la fin sans m’interrompre une seule fois. Ils s’étaient tous contentés de me regarder, leurs yeux et leur bouche de plus en plus grands ouverts au fur et à mesure que j’avançais dans le récit.

- Et maintenant, où il est ce livre? demanda Marty à voix basse. Enfin je veux dire, tu en as fait quoi?

- Je l’ai mis dans ma commode sous un pull, répondis-je brièvement, partageant leur sentiment d’irréalité.

Pour la première fois, Marty et moi étions incapable de se creuser la tête pour trouver l’explication la plus rationnel à une situation.

- Alors finalement, ça ne vaut plus la peine de demander au professeur, céda Marty. Les deux phénomènes ont clairement un lien et c’est certain que personne n’est en mesure d’expliquer ça, même pas un adulte doté de plus de connaissances qu’un adolescent.

Northemy lui adressa un air de découragement suite aux derniers mots de sa phrase. Nous avalâmes tous quelques bouchées de notre diner silencieusement, et quand je fus capable de parler clairement, je repris la parole.

- J’ai fait aussi des recherches sur le titre du livre et je n’ai absolument rien trouvé.

- Qu’est-ce que ça veut dire tu crois? demanda Northemy.

- C’est peut-être un livre que mon père ou Chris ont acheté lors d’un voyage, je ne sais pas…

- Chris? se demanda Andrew. Tu crois qu’il est de mèche avec ton père contre ta mère et toi?

- Qui sait, on n’en sait rien.

Sur ces derniers mots, nous avions avalé notre reste de diner à toute vitesse puisque nous avions pris sa majeure partie pour discuter au lieu de manger. Pour ce qui était du reste de la journée au lycée, nous nous étions concentrés sur nos cours et sur les travaux à faire en classe.

Ma fin de semaine fut péniblement longue puisque je devais avancer des travaux pour l’école. J’avais accumulé du retard sur certains d’entre eux durant la semaine qui venait de terminer.

Le lundi, 13 avril, arriva enfin. Ce jour-là, mon père et Chris étaient allés me porter de bonne heure, parce qu’aucun des membres de ma bande était arrivé encore. J’étais concentrée à retirer les nombreux cahiers que j’avais eu besoin pour mes devoirs de mon sac quand quelqu’un me bouscula par derrière. Le coup fut si brusque que mon sac me glissa des mains. Frustré que la personne n’aille même pas pris la peine de s’excuser après m’avoir brutalement heurté, je tournai la tête pour voir de qui il s’agissait. C’était une fille aux cheveux roux que je reconnu de mon cours de français. Je n’appréciais guère cette fille, car elle était ce genre de personne qui avait la manie de se penser supérieure à tout le monde. En la voyant disparaître derrière un jeune aux cheveux châtains, je m’attardai sur celui-ci et je vis qu’il s’agissait de mon ami Marty. Il était à sa case, l’air perdu dans de profondes pensées. Heureuse de voir enfin l’un de mes amis, je ramassai mon sac par terre et l’accrochais sur l’un des crochets dans ma case. Je refermai la porte de mon casier rapidement avant de remettre mon cadenas en place. Je rejoignis ensuite mon ami à sa case en m’arrêtant derrière lui.

- Salut Marty, lui dis-je doucement

Il se tourna brusquement vers moi, l’air apeuré, comme s’il venait de voir un fantôme. Surprise de la terreur involontaire que je venais de lui infliger, il secoua la tête et posa une main sur son front pour tenter de reprendre ses esprits.

- Salut Rose, me dit-il à bout de souffle.

- Excuse-moi Marty, je ne voulais vraiment pas t’effrayer.

- Non, non, ne t’excuse pas, c’est pas ta faute. Écoute, il m’est arrivé quelque chose de vraiment étrange ce week-end.

- Quel genre de truc? demandai-je l’air intrigué.

Il tourna la tête dans tous les sens pour surveiller nos arrières puis revins à moi.

- Non, pas ici, me dit-il. On devrait… on devrait attendre les autres et… trouvons un endroit pour parler de ça en toute tranquillité.

De plus en plus intrigué par ce que Marty avait l’intention de nous raconter, je fronçai les sourcils en posant mon regard sur le casier devant moi. J’étais en train de réfléchir à qu’est-ce qui pouvait bien être pire que ce qui l’histoire du livre et du trou. Marty se dépêcha de ranger ses choses dans sa case, ferma la porte et remit son cadenas en position. Il posa une main sur mon épaule et m’entraina devant les portes là où de nombreux élèves entraient dans l’école.

Après quelques minutes à regarder les étudiants franchir les portes, nous réussîmes à rassembler la bande au complet. Sans plus de détails, Marty nous conduit dans le couloir qui menait à la bibliothèque. À cette heure du matin, celle-ci n’était pas encore ouverte, alors l’endroit fus calme et paisible pour y avoir une discussion en paix.

- Bon alors, qu’est-ce qui se passe mon vieux, demanda Andrew après nous être assis par terre.

- Oui, soupira-t-il. En fait, ça s’est passé cette nuit. J’étais dans mon lit bien tranquille quand soudain, j’ai entendu des…

- Des quoi? s’impatienta Andrew.

- Andrew relaxe! répondit sèchement Northemy en lui lançant un regard mécontent. Prends-ton temps Marty, on t’écoute.

- … des voix, dit-il dans un souffle à peine audible.

- Des voix? s’exclama Clancy. Mais qu’est-ce qu’elles disaient, tu t’en rappels?

- Au début je croyais que…, reprit-il d’une voix un peu plus forte, que j’avais rêvé, mais ce n’est pas arrivé une seule fois. Je n’ai pratiquement pas fermé l’œil cette nuit à cause de tout ça.

- Mais qu’est-ce que les voix disaient Marty? répétai-je.

- J’en sais rien… Comme je te le disais, ça se produisaient seulement quand j’étais sur le point de m’endormir alors je n’étais pas tout à fait conscient. La seule chose que je me souviens c’est que je sentais le souffle de quelqu’un qu’on sent quand on te chuchotait à l’oreille. J’ai passé la moitié de la nuit à essayer de rester éveiller, de peur que les voix continuent…

- Et pour le reste de la nuit, commenta Andrew, tu as réussi à dormir?

- Non, le pire était encore à venir…

Il arrêta de parler un moment et il se força à se remémorer l’évènement.

- Au milieu de la nuit, alors que ça faisait quelques heures que je ne dormais pas, je me suis finalement décidé à retenter le coup. Je crois que j’ai réussis à dormir seulement une dizaine de minutes, pas plus. Une voix, je dis bien « une voix », et non un murmure, qui venait de je ne sais où, a dit mon nom. Je me suis redressai à toute vitesse dans mon lit. Ma porte de chambre était ouverte et j’ai sentis une présence dans ma chambre. C’était un sentiment plutôt étrange… Mais bon, vu qu’il faisait noir dans ma chambre qui était faiblement éclairer par la petite veilleuse qu’il y a dans le couloir chez moi, j’ai pris mon téléphone et j’ai allumé la lampe. Il n’y avait pas personne, alors je l’ai refermé et j’ai remis mon téléphone à sa place. Quand j’ai voulu me recoucher, j’ai vu du coin de l’œil une silhouette dans le couloir. Je me suis redressé à nouveau dans mon lit, mais la silhouette avait déjà disparu.

Pendant que Marty fit une pause pour réfléchir à nouveau, moi et les autres échangèrent des regards. Tous aussi perturbé les uns les autres, aucuns mots nous vinrent à la bouche.

- J’ai ensuite osé m’adresser à cette personne que j’ai cru voir en lui demandant qui c’était. Il y a une voix, je vous le dis toute suite, ce n’était pas celle de mon père, une voix d’homme m’a répondu. Et… ce qui m’a le plus secoué c’est que la voix provenait de dedans la pièce.

- Et tu as entendu ce que t’as dit la voix Marty? demandai-je.

- « Faite lui confiance », me répondit-il sans hésitation.

Alors que je réfléchissais à ce que cette phrase pouvait bien signifier, Marty termina son histoire.

- Après ça, j’ai passé au moins une autre heure à être incapable de fermer l’œil. Quand la fatigue m’est revenu, je me suis endormi sans m’en rendre compte et j’ai réussis à faire mon dernier deux heures de sommeil qui me restait à faire.

J’avais passé le reste de la journée à m’inquiéter pour Marty. Je l’avais observé durant les deux cours que nous avions en commun cette journée-là, c’est-à-dire le cours de mathématique et celui d’histoire, et il me paraissait perdu dans de profondes pensées. Ce n’était pas dans ses habitudes de ne pas écouter en classe. Cependant, je ne pouvais qu’éprouver de la compassion pour lui. L’histoire qui lui était arriver était bien pire que le gazon repousser en une seule nuit ou l’apparition paranormal du livre dans mon lit. Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de croire que ces trois situations avaient un lien ensemble. Le soir, alors que j’étais dans mon lit, je n’arrivais pas à fermer l’œil. Je pensais toujours à Marty. Je souhaitais seulement qui ne lui arrive rien d’autre pendant la nuit. Avant de partir après l’école, je lui avais dit de m’écrire ou de m’appeler dès qu’il se passait quoi que ce soit d’autre d’anormal.

Le lendemain matin, assise à la table de cuisine en train d’avaler un déjeuner qui ne me tentait pas plus qui faut de prendre, mon téléphone vibra. Je le pris sur le coin de la table, là où je l’avais déposé avant de m’installer avec mon bol de céréales et je l’ouvris.

Normy : Salut Rose, si tu reçois ce message, essaie d’arriver plus tôt au lycée. Les gars et moi t’attendrons à l’extérieur sur le côté de l’école (devant le boisé).

Je répondis vite fait à mon amie puis je redéposai mon téléphone sur la table.

- Papa! dis-je en tournant la tête vers lui qui était assis en face de moi. Si tu es prêt, on pourrait partir toute suite après le déjeuner?

Sans poser plus de question, mon père accepta.

Arrivé à l’école, plus tôt que d’habitude comme Northemy me l’avait demandé, j’allai la rejoindre elle et les garçons à l’endroit indiqué dans le message.

- Rose, c’est par ici! me dit Northemy en m’amenant vers l’endroit où Clancy et Marty attendaient.

- Marty, dis-je en le voyant. Tout va bien?

- Il ne s’agit pas de moi Rose, répondit-il sur ton sérieux.

Je regardai Clancy. Il avait les bras croisés et il avait l’air un peu inquiet.

- Clancy, dis-je en survolant les alentours du regard, où est Andrew?

- Il ne devrait pas tarder, déclara-t-il d’un ton sinistre.

Une angoisse me monta à la gorge. Je tournai la tête pour observer le troupeau d’élèves qui circulaient plus loin derrière moi et, comme les trois autres, je cherchais Andrew du regard.

- Oh, le voilà! lança Northemy.

Elle et Clancy se précipitèrent sur Andrew et, chacun une main poser dans son dos, l’emmenèrent nous rejoindre Marty et moi. Alors qu’il s’immobilisa face à moi entre Clancy et Northemy, je constatai instantanément que quelque chose n’allait vu la mine d’épouvante qu’il affichait.

- Andrew, m’inquiétai-je en posant mes mains sur ses épaules, qu’est-ce qui t’arrives?

- Attends, laissons-le se calmer, demanda gentiment Clancy en jetant un regard à moi et aux deux autres.

Andrew ferma les yeux et prit une grande inspiration.

- Il m’est arrivé quelque chose, affirma-t-il enfin en rouvrant les yeux. Désoler Rose de ne pas t’avoir mis au courant. Je sais que ton père se méfie de nous alors je n’ai pas osé t’appeler.

- Ça va, pas la peine de justifier, le coupai-je en essayant de dissimuler l’impatience que j’éprouvais d’entendre son histoire

- Mes parents n’étaient pas à la maison hier soir, alors j’étais seul. Il était environ 20h quand j’ai décidé d’allumer la télévision. Je faisais le tour des postes de télé pour voir s’il y avait une émission ou un film qui semblaient intéressants. Au bout d’une dizaine de minutes, j’ai entendu un bruit dans la cuisine. On jurait que quelqu’un avait ouvert la porte patio pendant une fraction de seconde. Même si je croyais que j’avais imaginé, je suis tout de même aller jeter un œil. Je n’ai rien vu d’anormal, alors je suis retourné au salon et j’ai continué à faire défiler les postes. J’ai fini par m’arrêter sur une émission rigolote pour passer le temps. À peine cinq minutes après, la télé s’est mise à mal marcher. Je croyais que le réseau marchait mal à cause d’une peut-être mauvaise température, mais j’ai vite constaté que ce n’était pas le cas en regardant. Et là, tout d’un coup, l’émission s’est mise sur pause alors que je n’avais pas touché à la télécommande. Tous ce qu’il y avait à la télé avait arrêter de bouger, à l’exception d’un seul personnage. Il s’est tourné vers la caméra et il s’est mis à me fixer pendant un long moment. Ensuite, il… il s’est adressé à moi.

Northemy tressaillit, tandis que les deux autres garçons et moi continuâmes de fixer Andrew d’un air de stupéfaction.

- Les premiers mots qu’il m’a dit n’a pas été claire, car sa voix était triplé, probablement dû à la télé qui continuait de gricher. Mais je pense que j’ai compris ce qu’il m’a dit ensuite. Il m’a dit : « elle saura vous guidez ». Après cette… ce… phénomène étrange, tout a recommencé à bien fonctionner. L’émission s’est remise à jouer comme si de rien était, sans aucun autre bug.

Moi et les trois autres échappèrent quelques paroles incompréhensibles qui manifestaient notre ébranlement.

- Alors, qui saura le prochain? dit soudain Clancy d’une voix claire en regardant Northemy.

- Hein? souffla-t-elle en soutenant son regard.

- Et bien, vendredi le livre chez Rose, dimanche Marty entend des voix et hier un personnage de télé converse avec Andrew! Je crois qu’il ne reste plus que toi et moi, Normy.

- On dirait qu’on a réveillé un espèce de… de fantôme en déterrant ce coffre, élucida subitement Marty.

- Beurk attend, tu crois qu’il y avait un cadavre de renfermer dans le coffre? dit Northemy en adressant un air de dégout à Marty.

- Non voyons! protesta-t-il. On n’aurait trouvé des ossements s’il y avait eu un corps dedans! Peut-être que… attendez! Je viens d’avoir une idée! Ce midi, je vais aller faire un tour à la salle d’informatique. Je vais emprunter un ordinateur pour faire quelques recherches…

- Ça serait une merveilleuse idée, commenta Clancy, mais tu oublies qu’il nous faut l’autorisation d’un professeur pour y aller hein.

- Non je ne l’ai pas oublié. Justement, on a un travail de recherches en histoire. Je n’aurais qu’à dire au professeur que mon ordinateur à la maison est brisé, donc je dois utiliser ceux de l’école en attendant pour avancer mon travail.

Durant la pause entre la première et la deuxième période, j’avais accompagné Marty au bureau de notre professeur d’histoire. Celui-ci n’éprouva aucune difficulté à convaincre le professeur avec sa situation inventée. C’est alors que le diner se déroula à la cafétéria, à la même table que d’habitude, sans la présence de Marty. Ce dernier ne put répondre à ma question seulement à la dernière pause, celle entre la troisième et la quatrième période.

- Alors Marty, est-ce que tu as trouvé quelque chose?

Marty s’assit sur le siège à côté de moi et il sortit un tas de feuilles lignées froissées où je reconnu son écriture en lettre attaché bien soigné. Il les feuilleta rapidement et en pris une au centre pour la mettre sur le dessus de la pile. Il glissa son index sous les mots qu’il avait griffonnés et les relus rapidement dans sa tête.

- Malheureusement, je n’ai rien trouvé sur les sites internet, annonça-t-il. Mais par contre, j’ai réussi à faire une liste des bibliothèques à proximités. Je crois que je vais aller faire un tour à quelques-unes d’entre elle et emprunter quelques livres sur les phénomènes paranormaux.

J’avais été un peu déçu que Marty n’aille rien trouvé qui saurait expliquer ces phénomènes que Andrew, lui et moi avions vécus. Mais je gardai tout de même un petit espoir, car je savais que Marty était doué pour chercher dans les livres.

- Par contre, je ne pourrais pas y aller avant cette fin de semaine, ajouta-t-il.

D’ici à ce que Marty nous apporte des réponses, il pouvait se passer plusieurs choses. Et c’est ce qui se produisit.

Le lendemain, même si je n’avais pas reçu de message alertant de la part d’aucun de mes amis, j’arrivai plus tôt à l’école. J’avais bien fait, car Clancy nous raconta ce qui lui était arrivé la veille.

« Ça m’est arrivé hier juste après l’école, commença-t-il. Je suis sorti du bus et, comme d’habitude, je suis le seul étudiant qui continue tout droit, alors je me retrouve toujours rapidement seul. Aucun habitant des maisons où je dois passer était dehors non plus, alors c’était le calme plat. Mais au moment où je m’y attendais le moins, parce qu’il faut savoir que la minute d’avant, j’ai tourné la tête pour surveiller mes arrières et il n’y avait personne, il y a ce vieil homme qui m’a attrapé l’épaule, surgissant de derrière moi. Je me suis retourné vers lui et il m’a dit d’une voix rauque : Je compte sur vous pour en prendre soins. Et après, l’homme s’est râclé la gorge et a perdu l’équilibre. Mais j’ai eu le temps de réagir et de le retenir pour ne pas qu’il tombe. Ensuite, il s’est levé la tête et il m’a regardé d’un air terrifié, comme s’il ne s’attendait pas à me voir devant lui. Il était complètement perdu le pauvre… il n’a pas eu conscience de s’être rendu là où il m’a intercepté… je pense que cet homme a été possédé par cet… ce fantôme. »

De plus en plus intrigué par ces histoires, le mercredi midi de cette même journée, ma bande et moi avions été faire un tour à la bibliothèque de l’école. Nous nous étions séparés; Andrew fouillait la section mystère, Clancy le suspense, et finalement, Marty, Northemy et moi s’occupions de la grande section réservée aux documentations diverses. Malgré les recherches intenses, nous n’avions été en mesure de trouver aucun livre sur les phénomènes paranormaux.

Le jeudi arriva et, dès que Northemy venu nous rejoindre, moi et les trois autres sur le côté de l’école, nous la bombardâmes de questions. Cependant, à notre grande surprise, elle n’eut rien à raconter. Sa soirée de la veille s’était passé normalement.

Comme tous les autres, je m’étais mise à croire Marty à propos de cette histoire de fantôme réveillé depuis que nous avions déterré le coffre. Et j’essayais de comprendre le comportement de ce supposé fantôme. Jusqu’à ce jour, le jeudi 9 avril, je commençais à croire que cet esprit allait nous hanter chacun notre tour, à un soir d’intervalle. Mais cette logique venait de se briser. Il avait oublié Northemy. Sur cette dernière pensée, Northemy proposa d’entrer dans l’école. Nous avions été déposer nos choses dans nos casiers et nous nous rendîmes à la cafétéria avec nos cartables et livres de cours que nous avions de besoin pour la première période. Installé tous ensemble à notre table habituelle, nous cogitâmes un moment.

- Alors, résumons ce qui est arrivé, dis-je soudain. Moi j’ai trouvé le livre, mais aucun message m’a été transmis. Ensuite, c’était Marty. Toi…

Marty ouvrit son étui à crayons et sortit son tas de feuilles lignées et un crayon.

- J’ai déjà tout noté ici, dit-il en retirant l’un morceau des papiers chiffonnés de la pile. Alors, moi ça disait « faite lui confiance », Andrew « elle saura vous guidez », et finalement Clancy « je compte sur vous pour en prendre soins ». C’est bien ça les gars?

Les garçons confirmèrent d’un hochement de tête.

- Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire tout ça? demanda Andrew en fronçant grattant son menton où il se faisait pousser une barbichette. Et Northy, je ne comprends toujours pas pourquoi elle elle n’a rien eu comme message.

- On ne comprend tous pas pourquoi Andrew, commenta Marty. Mais ce qui importe pour le moment c’est d’essayer de déchiffrer ces messages.

Il observa les trois phrases qu’il avait transcrit sur son morceau de papier et se mis à marmonner des mots que personne n’arrivait à entendre clairement.

- F… pour… ça, ça… ok, ensuite… E pour… non, pas ça… J pour… qu’est-ce que ça peut signifier…?

- Qu’est-ce que tu essaies de faire là? s’interrogea Andrew.

- J’essaie de trouver une potentiel signification à aux premières lettres de chaque premier mot, mais… rien ne semble concorder avec quoi que ce soit… comme des noms par exemple…

Marty ne put continuer à chercher longtemps, car la cloche sonna. Mais il continua ses recherches pendant les pauses et le diner. À la dernière pause, juste avant de quitter la cafétéria pour aller à notre dernier cours de la journée, Marty annonça qu’il ne trouvait absolument aucune logique à ces messages.

Le vendredi matin, Northemy n’eut toujours rien à raconter. Quant à Marty, il me rassura en disant qu’il continuait toujours ces recherches de son côté, mais qu’il n’y avait toujours rien de nouveau. Mais ce qui me donna un autre regain d’espoir c’est quand il m’annonça qu’il comptait aller à la bibliothèque le lendemain pour faire des recherches plus approfondies.

Sans aucune raison, je me réveillai de bonne heure le matin du samedi le 11 avril et fus incapable de refermer l’œil. J’étais en train de faire mon lit quand je remarquai la présence d’un chandail, que je ne reconnus pas toute suite, tombé derrière la tête de mon lit. J’étirai le bras, et quand j’arrivai enfin à le saisir, je le tirai de là. C’était la veste de mon grand-père que j’avais oublié sur mon lit le soir où j’avais enfermé le livre dans mon tiroir. Je ne sais pas pourquoi, mais en l’observant, j’eu une sorte d’intuition. Nous étions la journée où Marty devait aller à la bibliothèque et ce sentiment d’onde positive venait probablement de là. Je sentais qu’il allait trouver des réponses qui allait nous être utile. Après m’être vêtu avec mes vêtements du jour, je décidai d’enfilai la veste de mon grand-père. C’était en la prenant que j’avais eu une bonne intuition, alors je m’étais dit que je devais la porter pour porter chance à Marty. Ensuite, je descendis à l’étage principale. Tout le monde était déjà debout puisque je les entendais discuter dans la cuisine tous ensemble. Alors que je fis mon entrée dans la pièce, étant sur le point de poser une question à mon père, ma mère me dévisagea d’un air ébranlé.

- Bon matin, dis-je en ne lâchant pas ma mère des yeux. Quoi, ça va maman?

D’un même mouvement, mon père et Chris se tournèrent vers ma mère puis moi. À leur tour, tous les deux parurent estomaqué de me voir.

- Puis-je savoir ce qui se passe? leur demandai-je sérieusement.

- C’est la veste de… grand-père que tu portes chérie, me dit mon père en la pointant.

Je baissai les yeux pour la regarder puis je revins à mon père.

- Oui, pourquoi?

Mon père jeta un œil à ma mère.

- Tu es…, bafouilla-t-elle. Elle te va à merveille chérie!

Elle s’avança vers moi et passa sa main sur mon bras en admirant le morceau de vêtement que j’avais sur le dos.

- Désoler chérie, mais c’est que ça fait si longtemps que je n’avais pas vu ce manteau. Ton grand-père était un homme exceptionnel et ça me fait… drôle de revoir son manteau après autant de temps. Je suis sûr qu’il serait très fier de toi ma chérie.

Ma mère essayait de le cacher, mais ce fut plus fort qu’elle. Je vis une larme perler entre ces longs cils et glisser le long de sa joue. Alors qu’elle n’arrivait plus à parler sans retenir sa peine, mon père s’avança à son tour vers moi en me souriant.

- Elle a raison Rose, ton grand-père était une personne d’exception. Il a changé nos vies, à ta mère et moi, dit-il en accordant un regard à ma mère et à Chris. Tu lui ressembles tellement et tu peux en être fière.

Mes parents parlaient rarement de mon grand-père paternel, mais quand il le faisait, ma mère devenait toujours triste à son évocation et mon père témoignait toujours sa gratitude envers lui. Apparemment, il me ressemblait beaucoup question charactère et dans la façon d’agir. J’aurais aimé avoir la chance de connaître quelqu’un de ma famille qui me comprend. Peut-être que lui aurait su me dire pourquoi et qu’est-ce que mon père tenait tant à me cacher.

Sur ces mots, je demandai l’autorisait à mon père de sortir un moment sur la terrasse et celui-ci accepta. L’air frais de dehors me faisait un grand bien, car c’était bien rare que je sortais. Pour ma sécurité, selon mon père, j’étais destiné à rester enfermer entre quatre murs. Je passai ainsi une bonne partie de l’avant midi dehors à ne rien faire, jusqu’à ce que ma mère vienne me voir pour m’annoncer que le petit-déjeuner était prêt. Ensuite, je consacrai une autre partie de ma journée à avancer mes devoirs que j’avais à faire. Je les avais terminés tout juste à temps pour le dernier repas.

Cinq minutes avant celui-ci, j’avais ranger mes choses dans mon sac et je le rangeai derrière ma porte. J’ouvris mon téléphone et tentai moi aussi, pour la première fois, de faire des recherches sur les phénomènes paranormaux. Pendant que je faisais défiler les articles vers le haut, je reçu un SMS de Northemy.

Normy : Quand tu auras une chance, tu m’appelleras. C’est très important.

J’aurais bien voulu l’appelai directement en voyant ce message, mais je savais que je n’avais pas le temps de lui parler longtemps à cet instant. Je lui répondis donc que je l’appellerai aussitôt mon diner terminé.

Assise à table, face à mon père, ma mère entre nous deux, je me dépêchai d’avaler de grandes bouchées des pâtes en boucles aux fromages que m’avaient servis mes parents. Je secouais si brusquement ma jambe sous la table que ma mère le remarqua et posa sa main sur ma cuisse pour m’empêcher de continuer.

- Ça va ma chérie? dit-elle entre deux bouchées de pâtes.

- ‘uoi? répondis-je la bouche pleine. ‘ui, ‘ourquoi?

- Je ne sais pas, tu sembles nerveuse, ajouta-t-elle après avoir avaler sa bouchée.

Les pâtes à moitiés mastiqués que j’avais en bouche faillirent passer de travers. En laissant tomber ma fourchette avec un bruir métallique dans mon assiette, je toussai quelque coup en me massant le thorax.

- Oh ce n’est rien, repris-je après m’être remis de ce petit incident. Je… j’ai seulement un long devoir à faire et j’aimerais l’avoir fini pour aujourd’hui.

- Ah d’accord. Et bien, ne t’en fais pas avec ça ma chérie, dès que tu auras finis de manger tu pourras aller finir ça. Ton père et moi allons s’occuper de faire la vaisselle ce soir.

Comme ma mère me l’avais si gentiment proposée, je retournai dans ma chambre après avoir terminé de manger.

- Allo, me répondit Northemy à l’autre bout de la ligne.

- Normy! Et puis, qu’est-ce qui s’est passé!?

- J’ai eu mon tour Rose…, dit-elle la voix un peu tremblante.

- Ton tour… tu veux dire que tu as vu et entendu quelque chose?

- En fait… j’ai seulement vu… ça s’est passé juste avant que je t’envoie le SMS. Je suis aller dans la douche et, après chacune d’elle, j’ai l’habitude de passer ma main sur le miroir pour enlever la buée. Mais je n’ai même pas eu le temps de lever la main parce que j’ai vu que quelque chose d’étrange c’était passé. Quelqu’un à tracer des lettres dans le miroir…

- Des lettres… et puis, qu’est-ce que ça disait?

- « Il est temps de connaître la vérité ».

- De connaître la vérité, répétai-je. Mais enfin, qu’est-ce que ça veut dire?

- J’en sais rien, mais Rose… tu ne trouve pas que… je commence à avoir peur. Qu’est-ce qui nous arrive?

Je ne sus quoi répondre à sa question. En fait, je souhaitais exactement la même chose; que quelqu’un nous explique ce qui nous arrivait.

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