Chapitre 7
PDV Julie
D'un pas décidée, je rejoins le self du lycée pour y aller dîner avec l'ensemble des internes.
Ce soir, nous avons le droit à une soupe de légumes en entrée, des spaghettis bolognaise en plat principal, une portion de fromage et une île flottante en dessert. Pour une fois, ce soir, je dévore tout mon plateau. Le diner se passe dans la bonne humeur avec toute la bande.
Le dîner terminé, nous sortons dehors pour fumer notre dernière cigarette de la soirée. Nous rejoignons nos escaliers habituels. Je demeure silencieuse tout le long. Je pense à l'appel de ce soir avec Lumy. Clem et Rémis savent que quand je n'ai pas envie de parler, il ne faut pas me forcer.
Vingt heures, les surveillants de l'internat nous demandent de rentrer et de rejoindre nos chambres ce que l'on fait. Arrivée dans notre chambre, je prends mes affaires de toilette ainsi que mon pyjama et fonce sous la douche. J'ai besoin de me détendre, je ne sais pas pourquoi je suis dans cet état-là, triste et à la fois impatiente d'entendre sa voix. L'eau chaude me fait un bien fou, mais il ne faut pas que je tarde. Nous sommes 4 filles à être interne, Clem, Laure, Camille et moi et nous avons qu'une douche de disponible. Camille est une fille d'un autre lycée, mais qui n'a pas d'internat, du cou son lycée s'est arrangé pour qu'elle vienne dans notre pour dormir et prendre ses repas matin et soir. Nous ne la voyons pas beaucoup, elle a beaucoup de devoirs, elle est dans une section assez soutenue.
Ma douche terminée, je sors pour me mettre en pyjama. Je me regarde dans la glace qui est au-dessus du lavabo, j'ai vraiment une tête à faire peur, j'ai des cernes qui commencent à se former. En général, c'est le mercredi que je commence à être assez fatigué. Faire le voyage en train tous les jours aurait été tout autant plus fatiguant, à l'heure que je me lève ici, soit sept heures auraient du presque être l'heure à laquelle mon train arrivait en gare de Dijon. Je peux donc m'estimer heureuse de gagner deux bonnes heures de sommeil.
Je regarde l'heure sur mon téléphone vingt heures trente et je soupire, je sors de la salle de bain. Laure grogne, car je suis presque resté 20 minutes sous la douche. Je n'y prête pas attention, je rejoins ma chambre.
Dès que je rentre dans notre chambre, je me dépêche de ranger mon nécessaire de toilette et pends ma serviette à la porte de mon armoire afin qu'elle puisse sécher. Je prends mon sac de cours pour y mettre mes affaires de la journée de demain.
Clem m'observe m'activer avec un grand sourire sur les lèvres.
- Tic-tac, tic-tac. me dit- elle en tapotant sur sa montre.
- Ah ah, très drôle. dis-je en lui balançant mon oreiller.
Nous nous prenons un fou rire toutes les deux.
- Tu sais, je vais mettre un terme à tout ça entre nous. Il a une copine.
- "Entre-nous" dit-elle avec une mimique de ses doigts pour faire les guillemets.
Je n'ai pas le temps de lui répondre que mon téléphone se met à sonner, mon cœur se met à battre a toute vitesse quand je vois "Lumy" s'afficher sur mon écran. J'hésite à décrocher, mais Clem m'encourage.
*- Allô. Dis-je timidement.
*- Hey salut toi ! dit- il
À l'entendre de sa voix, mon cœur fait des loopings. Clem me fait la remarque à haute voix que je suis rouge comme une tomate. Je lui re-balance mon oreiller avant de sortir de la chambre. La honte ! Je pense qu'il a entendu, car je l'entends rigoler. Je pars me réfugier dans une chambre inoccupée.
*- Ça va ? Tu as passé une bonne journée ? enchaîne-t-il ?
*- Ca va des cours chiants, mais la journée a été pas trop mal. Et toi alors les cours ?
*- J'ai raté mon réveil et mon bus, du cou je n'ai pas été, j'ai joué une bonne partie de la journée à WOW.
*- Pas bien, tout ça.
Nous parlons insouciamment comme cela pendant une bonne trentaine de minutes. Il m'a fait presque oublier la raison de cet appel, bien trop facilement d'ailleurs. Nous rions aussi beaucoup comme d'habitude, il me fait du bien, comme s'il était mon second souffle, j'oublie tous mes problèmes avec lui. Comme on dit les bonnes choses ont une fin et il faut que j'y mette un terme.
*- Je crois qu'il faudrait qu'on passe aux choses sérieuses maintenant. dis-je le cœur serrer.
Deux anges passent... Puis d'un coup, il prend la parole.
*- Écoute, je n'ai pas été tout à fait honnête avec toi. Enfin, c'est compliqué. dit-il dans un murmure, mais assez fort pour que j'entende.
*- Je t'écoute. dis- je aussi dans un murmure.
*- Vraiment, je n'aurais pas du te le cacher. Je m'excuse.
*- De quoi ? dis-je sur un ton assez sec.
Il faut vraiment que je garde mon calme, la situation est quand même un peu stressante.
*- J'ai... Je... Je suis plus avec ma copine depuis 1 mois.
Pardon ? Quoi ? Je ne comprends pas.
*- Et je suis censé le prendre comment ? dis-je dans l'incompréhension la plus totale.
*- Et merde ! marmonne-t-il dans sa barbe. Tu me plais. Ne me demande pas pourquoi ni comment, car moi-même, je ne sais pas. Je sais qu'on ne se connaît pas, du moins physiquement parlant. Mais quand je te dis que tu me manques, tous ses sous-entendus ce n'est pas des paroles en l'air. C'est vrai. Et ne me dis pas que toi non plus tu ne ressens pas quelque chose.
Trop ! C'est vraiment trop d'un coup. J'ai envie de sauter partout, mes joues doivent être rouge pivoine. Mon cœur fait des loopings encore. Mais d'un autre côté je voulais mettre fin à tout ça. Je ne sais pas quoi lui répondre.
*- Dis-moi quelque chose s'il te plait. On a dit que ce soir, on allait se parler sérieusement.
*- Je n'étais pas du tout partie dans cette optique-là. Je ne sais pas quoi te dire. Je... je pensais mettre à terme à tout ça en fait, à cause de ta copine. dis-je timidement et en bafouillant.
*- Et maintenant ? Dit Lumy avec une voix assurer
*- Et bien maintenant... Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Et pourquoi pas avant ? Je... Je..., Tu... .
Complètement perdu, il me trouble beaucoup. Je ne trouve plus mes mots... J'inspire et expire en mettant posant le téléphone écran face au matelas du lit de la petite chambre vide que j'occupe le temps de cette appel pour qu'il n'entende pas ma reprise de contenance. Je n'ai pas pour habitude de dévoiler mes sentiments. Il ne m'a pas répondu à mes questions précédemment et en même temps je n'ai pas fini ma phrase. Il me prend vraiment aux dépourvues en quelque sorte. Être derrière un écran est une chose, entre ses sous-entendus et révélations de vive voix en est une autre, l'effet prend une tournure plus réelle.
*- Tu... ? Me dit-il.
* - Tu... Tu es en train de me dire... Enfin de sous-entendre qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous ? Ce n'est pas une blague ou une vengeance de ce qui s'est passé il y a quatre ans ?
En y repensant, il y a quatre ans, j'ai fait n'importe quoi. J'ai joué, j'étais dans mon monde immature, illogique. Mais quand il m'a restauré la mémoire, je l'ai tout de suite reconnue. C'est fou, car au fond de moi, je savais ce qui se passait quelque chose déjà et quand il est revenu me parler il y a quelques semaines. Et moi comme une bête je lui est avoué ce que j'avais fait. S'est sorties tout seul. Et c'est vrai, j'ai fait n'importe quoi, parce qu'on s'entendait bien et j'ai tout fait foirer avec mon immaturité. Ce qui m'a valu bien de gros ennuie quand j'avais seize ans, ce qui m'a bien calmé d'ailleurs, j'ai pris une sacrer leçon, j'ai appris la leçon de ma vie. En y repensant une larme roule sur ma joue que j'essuie immédiatement, je ne dois pas et je ne peux pas oublier, jamais ! Mais je dois avancer. Et si c'était avec lui ?
*- Non, non, ce n'est pas une vengeance. Je veux, enfin si toi, tu le veux aussi bien évidemment, qu'il se passe quelque chose entre nous. Qu'on essaie...
Ses derniers mots se percutent dans ma tête. Je ne réfléchis pourtant pas quand je lui donne ma réponse, je me lance a tête baissée. Je lui ai fait comprendre que oui, je veux bien essayer. Après tout, je n'ai rien à y perdre, enfin je crois, j'espère ! Pour une fois, je veux penser un peu à moi. Telle une égoïste surement. Je ne suis pas non plus sûr de moi. Je ne sais pas ce que ça implique. Une chose est sûre pourtant, là maintenant, je n'ai pas envie de jouer. On ne se promet rien, on essaie.
Nous sommes restés encore une petite demi-heure en appel. Nous avons évoqué la distance, mais nous avons, décider de mettre cette question en suspend pour le moment, histoire de voir si nous allons ou pas nous lasser l'un de l'autre. La barrière de la distance me fait assez peur quand même, j'ai peur de m'attacher et de me perdre. Non, je me suis déjà perdu, je me suis perdu dans ses paroles ; " Tu me plais ", " Tu me manques ". Moi aussi, si tu savais... J'ai déjà fui il y a quatre ans, ce n'était peut-être qu'un flirt, une amourette de jeunesse, je t'avais oublié dans un coin de ma tête, mais tu es revenue.
Une fois l'appel terminé, je rejoins Clem dans notre chambre, elle dort déjà, il est tard. J'essaie tant bien que mal d'arrêter de réfléchir pour sombrer dans un profond sommeil.
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09/07/2020
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