de  Trois semaines plus tard, j’éprouve un shoot de joie indescriptible. Je sors de cours- je donne des cours enligne à présent- et un message clignote sur mon répondeur. La petite ME pyrénéenne veut mon livre. Que dire ? Mon cœur se gonfle, et j’ai envie de danser, je respire plus fort, je vais voir mon mari et je lui annonce la nouvelle, j’ai l’impression de lui dire que nous avons un nouvel enfant. Je croyais ne rien attendre, ne rien avoir à prouver et objectivement, le plaisir qui déferle affirme le contraire. Je rappelle l’éditeur, la voix tremblante, adolescente, le livre leur a bien plu, ils le trouvent très riche, alors si je suis d’accord… Si je suis d’accord ? Oh oui ! Je laisse un message halluciné à mes filles qui doivent se dire que leur mère est en crise de la presque-cinquantaine et je dors mal, honteuse de mes phrases stupides à l’éditeur au téléphone.

Le lendemain, il m’envoie un mail demandant le manuscrit en word pour le calibrer et voir si la taille rentre dans ce qu’ils font en collection. Puis m’annonce qu’il va le faire lire à d’autres lecteurs. Je mène mes petites recherches et découvre que l’homme est un vrai montagnard, alpiniste chevronné, je développe un grand respect et un petit frisson, moi qui ai écrit la montagne, voilà un jury exigeant. J’achète deux livres de la collection, je n’ai plus de craintes littéraires, mon niveau colle avec la ME mais je ne suis qu’une randonneuse contemplative et la plupart des auteurs sont des montagnards aguerris.

Dix jours passent encore, je n’ai rien signé, donc je laisse mon manuscrit en soumission ailleurs. Un matin, coup de fil de l'éditeur, les nouveaux lecteurs ont aimé mais…un de mes personnages se scarifie et j’ai décrit une scène assez hard- j’ai adoré écrire cette scène!!- et la fin déboussole certains. Il me demande si on ne peut pas supprimer le personnage. Certes il s’agit d’un personnage qui n’apparaît pas, on en parle seulement, mais il est lié à un traumatisme d’un autre personnage et j’en ai besoin. Je réfléchis une semaine et met par écrit les interrogations, j’en profite pour réfléchir aussi à ce que m’avait dit Rouergue. Effectivement, dans la ligne de cette ME axée montagne, mon personnage et surtout ma description trash n’ont aucun intérêt. Je garde le personnage, j’adoucis ma description et je change la fin pour amener de la cohérence. Je garde cette scène bien gore pour un autre roman où elle aura sa place, je ne jette pas ! J’en profite pour toiletter le texte encore une fois, et je renvoie.

Là, traversée du désert. C’est la saison des salons d’automne, plus de nouvelles. Je trompe la crainte en corrigeant sur scribay à tout va et je me lance dans l’écriture d’un troisième roman, sauf qu’il est mal préparé et c’est un peu le bordel. Un mail de la ME me dit tout de même qu’ils sont débordés mais ne m’oublient pas et que -on se contacte en décembre.

Un jour alors que je commence à m’inquiéter car les trois mois d’envoi aux autres ME arrivent et logiquement je devrais commencer à recevoir d’autres réponses positives ou négatives, mon éditeur me rappelle, pour me dire- ça vous va si on le sort au printemps ? Ben … Oui ! J’apprends qu’entre temps une correctrice s’y est attelée et oui je peux dire aux autres ME de le sortir du comité de lecture et on se rencontre en janvier parce que là, avec les fêtes, on est encore débordés, ça vous va ? On discute un peu et l’homme est sympathique à souhait, accessible et bienveillant. Je suis toujours impressionnée mais tellement ravie de faire mes premiers pas dans un milieu accueillant, proche géographiquement et bien implanté en librairies locales.

Maintenant que je suis sûre d’être éditée, je me dis que ce serait intéressant de partager mon parcours. Celui d’une publication sans grande prétention mais à compte d’éditeur. Je viendrais donc décrire ici les étapes pour dire que oui, c’est possible, voilà comment ça se passe dans une petite, mais bien implantée, ME de région. A suivre donc !